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L'employé communal aura quitté son emploi ce soir. Les habitants ne le laisseront pas tomber. Tous sont dans l'expectative.
Le compte à rebours est terminé aujourd'hui pour l'employé communal de Bassins, Adem Salihi. C'est son dernier jour officiel de travail.
Je vais me lever et aller au travail jusqu’à 17 heures, comme tous les jours, affirme-t-il. Après, je ferai un tour dans le village, j’irai trouver des amis, dit-il, songeur. Mais comment voulez-vous que je fasse? se reprend-il soudain. J’ai une voiture, un appartement, des meubles, des assurances, un compte en banque... Je ne peux pas tout résilier comme ça! Je refuse de croire que je vais partir. Je ne partirai pas, ce n’est pas possible. Ma vie est ici.
De leur côté, les membres du comité de soutien sont dans l’expectative. Nous avons remis notre pétition, nous attendons une réponse. Nous nous battrons jusqu’au bout. Mais dans l’immédiat, il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre, regrette Odile Hausser, membre du comité de soutien. Nous y croyons toujours. Nous agirons au fil des heures en fonction des nouvelles qui nous parviendront. Certains d’entre nous passeront la journée avec Adem, car nous sommes en souci pour lui. Ces événements l’ont terriblement secoué. Et quand il n’aura plus de travail, nous nous organiserons pour qu’il ne passe pas la journée seul à ne rien faire.
De son côté, le député radical Serge Melly a interpellé hier le Conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud à la sortie d’une conférence de presse. Il s’est heurté à un «No comment».
Le Conseil d’Etat refuse de transmettre ce dossier à Berne
Nous allons vers une période très difficile, estime le bouillonnant député radical. Je pense que le Conseil d’Etat veut nous avoir à l’usure. Mais nous ne lâcherons pas. Pourtant, la seule chose que nous demandons c’est que M. Mermoud transmette le dossier à Berne. Il en a la possibilité. Il ne peut tout de même pas faire l’impasse devant la mobilisation des habitants et des députés!
Même le pasteur du village s’est mobilisé; quand bien même Adem Salihi ne compte pas au nombre de ses ouailles. J’ai eu des contacts informels avec ma hiérarchie et les autorités. Tout le monde souhaite aider Adem Salihi. S’il devait entrer dans la clandestinité, je serais prêt à l’accueillir. Mais ma démarche n’a rien d’officiel, elle n’est qu’humaine.
C’est bien ce qu’il manque le plus dans la façon qu’a l’Etat de traiter ce dossier.
Et si Adem était resté clandestin?
En 2004, 33 clandestins avaient accepté de se présenter devant le Conseil d’Etat à visage découvert. Tous étaient dans la région de longue date. Adem Salihi était l’un d’entre eux. Leur but était d’obtenir un permis de travail. Mais le Conseil d’Etat a non seulement refusé en bloc de leur octroyer un permis, mais il leur a également envoyé des ordres d’expulsion. S’ils ne s’étaient pas dénoncés, ils ne seraient probablement pas expulsés aujourd’hui, estime Elisabeth Badertscher, membre de l’Association du collectif de soutien et de défense des Sans-Papiers de la Côte. Elle estime à un millier le nombre de clandestins travaillant dans la région de La Côte. Ces sans-papiers ont vraiment le sentiment d’avoir été trahis. Et ce, même si en acceptant de se montrer à découvert, ils savaient qu’ils prenaient un risque. Ils sont à la merci du premier contrôle de police.
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