samedi 31 mai 2008
Racisme à la Romaine
«La police va s'occuper d'eux»
Le Matin revient sur la mendicité à Genève, au travers d' une interview de Laurent Moutinot, qui annonce des mesures répressives.
Le SIFA: Cache sexe ouvertement raciste de l'UDC
Christian Levrat: «C'est le cache-sexe de l'UDC»
L'association Sifa fait campagne pour l'UDC«C'est le cache-sexe de l'UDC». En dix jours, la Sifa a dépensé plus de 100 000 fr. de pub pour soutenir l'initiative de l'UDC sur les naturalisations. Mais qui se cache derrière cette mystérieuse association ? Suite dans le Matin
Image © Sébastien Féval
Depuis plusieurs jours, la presse est inondée de publicités qui rappellent furieusement celles de l'UDC sur les naturalisations. Normal: on retrouve d'influents membres du parti dans l'association qui finance cette campagne.
Renvois facilités des Roumains et Bulgares en situation irrégulière
Les renvois vers la Roumanie et la Bulgarie seront facilités. Le Conseil fédéral a approuvé vendredi le renforcement des accords de réadmission passés avec ces deux pays, respectivement en 1996 et 1994. Les modifications apportées simplifieront les rapatriements de personnes séjournant clandestinement en Suisse, qu'il s'agisse de requérants d'asile déboutés ou d'étrangers en situation irrégulière. La conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf devrait signer le nouvel accord avec la Roumanie le 13 juin prochain. Pour la Bulgarie, la date n'est pas encore fixée.
La tension politique dégénère en dérive raciste en Bolivie
BOLIVIE. Des Indiens favorables au président Morales ont été frappés et humiliés par des opposants de l'élite blanche.
Par Vincent Taillefumier, Bogota dans le Temps
Ils sont une trentaine d'Indiens agenouillés, torse nu, impuissants devant leur drapeau et leurs habits traditionnels en flammes. Tout autour d'eux, sur la place principale de Sucre, capitale de la Bolivie, les opposants au président socialiste Evo Morales les insultent, certains masqués, d'autres armés de bâtons. Les chefs paysans, qui étaient venus pour recevoir des aides de «leur» président, auront finalement été reçus à coups de pierres par des manifestants, pour la plupart étudiants. «Les élus de Sucre étaient là, ils applaudissaient», affirmera une des victimes, Angel Vallejos...
Une mauvaise solution à un problème mal posé
Samedi 31 mai 2008
Dans la longue série des scrutins provoqués par l'UDC sur la question de notre relation à l'étranger et aux étrangers, l'initiative sur les «naturalisations démocratiques» sur laquelle les Suisses se prononcent dimanche tient une place à part. Les votations précédentes sur cette thématique ont toutes, peu ou prou, visé un résultat opérationnel: réduire le nombre d'étrangers en Suisse, durcir les conditions de leur présence, leur accès à la nationalité ou décourager leur immigration.
Que changerait l'initiative si elle était adoptée? Rien. Le peuple pourrait, dans certaines communes, récupérer le droit de désigner les candidats dignes de la nationalité suisse, mais rien ne dit qu'il naturaliserait de manière plus parcimonieuse ou pertinente que les autorités désignées pour le faire. Sans même entrer dans les considérations supérieures liées au risque d'arbitraire et de discrimination que provoquerait cette «démocratisation» sans voie de recours, le plus absurde dans l'affaire est bien de proposer une mauvaise solution à un problème mal posé. Car les chiffres le disent: on ne naturalise pas à tour de bras et sans discernement en Suisse. Et si des Suisses qui le sont fraîchement devenus commettent des délits, argument de dernière heure jeté dans la campagne, ce n'est pas la réponse populaire qui garantit le risque zéro.
D'où cette étrange campagne. Confondant buts et causes, assénant des slogans qui ne correspondent pas aux réalités de notre système de naturalisation, elle s'est constamment superposée aux scènes de ménage internes autour de l'expulsion d'Eveline Widmer-Schlumpf et de l'UDC grisonne. Or la nouvelle conseillère fédérale n'a cessé de présenter un profil de grande fermeté sur la politique des étrangers, privant son propre parti d'une réserve d'oxygène politique. D'où le sentiment d'un argumentaire mince comme une feuille de papier à cigarette et d'un parti emprunté. Cette joute UDC-UDC, la banalisation qu'entraîne la multiplication des votations sur de tels sujets et le trouble autour du nouveau rôle de Christoph Blocher au sein de sa formation ont pu faire oublier la gravité de l'enjeu. Or un «oui» aurait pour seule bénéficiaire l'UDC, confortée par cette victoire dans son rôle d'opposante solitaire. Par le signe de méfiance massif qu'il adresserait aux communautés étrangères installées en Suisse, par l'indignité qu'il risquerait d'infliger à leurs ressortissants, il aurait en revanche un coût difficilement mesurable. A une semaine de l'Euro, quel formidable message de bienvenue!
Les dérives de l'occupation
Benjamin Barthe, envoyé spécial à Tel-Aviv, Le Monde
Samedi 31 mai 2008
Alangui à la terrasse d'un café branché de Tel-Aviv, vêtu d'un tee-shirt à fleurs, d'un pantalon de toile et d'une paire de sandales, Doron Efrati, 23 ans, n'a pas véritablement l'allure du bidasse sans scrupule capable de tirer du lit une famille entière de Palestiniens à la pointe de son fusil. C'est pourtant ce qu'il a fait à l'occasion de son service militaire effectué entre 2003 et 2006 en Cisjordanie. «On débarque en douce dans un quartier, on jette des pierres ou une grenade assourdissante contre la porte d'une maison et on hurle: «C'est l'armée, ouvrez!» Ensuite, on fait sortir tout le monde dehors et on fouille de fond en comble l'intérieur. Une fois qu'on a fini, on passe à une autre maison et ainsi de suite pendant une bonne partie de la nuit. L'idée, c'est de saisir des armes ou du matériel de propagande, mais surtout de maintenir la population palestinienne dans un état de peur permanente.»
vendredi 30 mai 2008
Intégration: Demir ou les voies obscures de l'Office des migrations
Sylvie Arsever dans le Temps
Vendredi 30 mai 2008
Dix-huit ans en Suisse dont treize dans la même entreprise de travaux publics, d'abord comme clandestin, puis au bénéfice d'une admission provisoire, et enfin d'un permis à l'année. Marié depuis quatorze ans, trois enfants. Pas un jour à l'aide sociale, pas de poursuites, un casier judiciaire vierge, un statut de juge prud'homme à Genève depuis 2005: Demir*, 39 ans, détenteur d'un permis B depuis 2001, pensait pouvoir se dire intégré. Il a dû déchanter.
La France mobilise l'Europe pour limiter l'immigration
Selon Brice Hortefeux, l'Europe «n'a pas les moyens d'accueillir dignement tous ceux qui voient en elle un eldorado».
Brice Hortefeux a présenté à Bruxelles un «pacte européen» sur l'immigration, l'une des priorités de la présidence française de l'UE.
L'Europe «n'a pas les moyens d'accueillir dignement tous ceux qui voient en elle un eldorado». En une phrase, Brice Hortefeux résume l'état d'esprit dans lequel Paris aborde sa future présidence de l'UE, sur ce sujet prioritaire qu'est l'immigration. En homme pressé, le ministre en charge du dossier, proche de Nicolas Sarkozy, a déjà présenté à ses homologues des Vingt-Sept un document de travail étayant la fameuse proposition française visant à sceller, au sein de l'UE, un «pacte pour l'immigration»...
Lire aussi dans le Temps La France relance le débat européen sur l'immigration.
Par Richard Werly
Schengen se précise pour les aéroports suisses
Lu dans le Nouvel Obs
La voie est libre pour permettre l'application des accords de Schengen et de Dublin dès novembre prochain dans les aéroports suisses. Le Conseil national a approuvé jeudi les modifications nécessaires des lois sur les étrangers et l'asile. Le camp rose-vert a échoué dans ses tentatives d'assouplir le système.
La révision législative doit permettre au "code-frontières Schengen" d'entrer en vigueur le 1er novembre prochain et ainsi de mettre en oeuvre intégralement l'acquis de Schengen/Dublin. Kurt Fluri (Parti radical démocratique) a rappelé que le peuple avait accepté les accords de Schengen/Dublin en juin 2005. Une procédure commune entre tous les Etats membres permet de mieux combattre la criminalité internationale et l'immigration illégale, a-t-il avancé.
En vertu du nouveau droit, le renvoi aux frontières extérieures de Schengen -soit pour la Suisse, dans les aéroports- de personnes en situation de séjour illégal sera notifié au moyen d'un formulaire standard précisant les voies de recours. La gauche a en vain tenté de préciser que la décision soit formulée dans une langue compréhensible par la personne concernée.
Le camp rose-vert n'a pas eu plus de succès pour obtenir la garantie d'une assistance juridique aux personnes refoulées. "A force de durcir les lois, on en arrive à alimenter les activités des passeurs", a regretté Ueli Leuenberger.
Le PS et les Verts n'ont par ailleurs pas réussi à empêcher la délégation à des tiers du traitement des données biométriques. Ces tiers sont le plus souvent des compagnies privées de sécurité, a précisé Antonio Hodgers (Verts). "Qui dit élargissement du cercle des utilisateurs dit augmentation du risque d'abus de l'utilisation de ces données extrêmement confidentielles et sensibles". La Confédération délègue déjà la prise d'empreintes digitales dans les centres d'accueil, a rétorqué Eveline Widmer-Schlumpf. En outre, le Préposé fédéral à la protection des données a donné son aval.Moudonnois au Palais fédéral
Suisses et étrangers, ils étaient plus de cent, hier, au départ de Moudon, pour découvrir les institutions politiques helvétiques, et rencontrer Micheline Calmy-Rey.
Devant le Palais fédéral, une foule colorée agite écharpes et maillots de foot. L’Euro aurait-il déjà commencé? Non, ce sont des Moudonnois, emmenés par le Groupe Suisses-étrangers. Ils sont venus à Berne, à Fribourg et à Avenches pour «découvrir les institutions politiques du pays». Cent personnes ont répondu présent pour cette leçon de civisme grandeur nature. «On a été un peu surpris de cet engouement, nous attendions un petit groupe», avouent les organisateurs.
Clou de la journée: la rencontre avec Micheline Calmy-Rey dans un salon du Palais fédéral. Les Moudonnois ont saisi l’occasion pour lui poser des questions, allant de «Pourquoi la Suisse a-t-elle accepté l’indépendance du Kosovo?» à «Comment voyez-vous le rôle de la Confédération sur le plan international»? Il faut dire qu’ils adorent «leur» présidente: venue à Moudon en mars 2007, elle avait à nouveau rencontré le Groupe Suisses-étrangers au Grütli, le 1er Août. «Calmy-Rey? C’est une grande vedette», affirme Souleymane avec sérieux. Beaucoup d’étrangers ont choisi d’être du voyage, et pas seulement pour rencontrer l’exprésidente. «Ma femme et moi sommes originaires du Yémen. Nous venons découvrir des paysages, une culture et la politique suisse», explique un participant. A quelques pas de là, un groupe d’élèves arbore le look tecktonik. Douze d’entre eux viennent de l’Etablissement scolaire de Moudon, et une vingtaine du Belvédère, à Lausanne, accompagnés de leur enseignant Fathi Othmani. «Nous avons étudié le système politique suisse en classe.» Gratuite pour tous, la manifestation a obtenu le soutien de la commune de Moudon et du canton.
SARAH BOURQUENOUD
Comment l'école vaudoise accueille les enfants qui ne parlent pas français
Les écoliers étrangers sont la cible de politiciens suisses. D’un côté, l’UDC veut leur faire suivre des cours de langue avant même d’être scolarisés. De l’autre, le conseiller national genevois Hugues Hiltpold (PRD) propose de fixer un quota maximal d’élèves non francophones par classe. Un article de Laure Pingoud dans 24 Heures.
Des idées qui font bondir la conseillère d’Etat vaudoise Anne- Catherine Lyon. «Ce sont des propositions extrêmement discriminatoires qui stigmatisent les étrangers. Une des valeurs de l’école publique est d’accueillir tous les enfants. Et en matière d’accueil des allophones (ndlr: personne de langue étrangère), Vaud possède des dispositifs importants pour lesquels il investit 12 à 15 millions de francs par année.»
Cours et classes d’accueil
Dans ce domaine, pas de règles, mais de grands principes: gérée par les établissements, la prise en charge varie selon les lieux et les besoins. Et les solutions diffèrent fortement entre un établissement de campagne et Lausanne, qui a mis en place un important dispositif pour recevoir les quelque 150 à 250 élèves non francophones qui arrivent par année, auxquels s’ajoutent les enfants d’ici qui ne parlent pas français.
En général, à l’école enfantine et en primaire, les enfants qui ne parlent pas français reçoivent des cours intensifs de langue en étant intégrés en classe régulière. Au secondaire, ils sont souvent regroupés entre allophones dans des classes d’accueil. «L’intégration à tout prix est contre-productive. Plus on avance dans le cursus, plus il est difficile de concilier les exigences du français et des autres branches. Ces classes permettent de tenir compte des compétences et pas que des connaissances linguistiques, en vue de la meilleure orientation en classe régulière», souligne Gérard Dyens, chef du Service des écoles lausannois. Présentes dans les villes, les classes d’accueil sont moins courantes à la campagne, où elles sont compensées par des cours.
Mais à quel moment les élèves inscrits en classes d’accueil rejoignent- ils leurs camarades francophones? Après six mois, le plus souvent une année. Exceptionnellement deux ans. Cette décision repose en grande partie sur le maître d’accueil, qui oriente l’écolier en fonction de ses progrès, de ses résultats et de sa future classe, de concert avec son futur enseignant et le conseil de direction. Il continuera de bénéficier de cours d’appui.
Des situations délicates
Ce système n’empêche toutefois pas des situations délicates. A Lausanne, certaines classes enfantines ou primaires peuvent ainsi compter plus de 50% d’élèves qui ne parlent pas français. «L’enseignement devient plus difficile, ce qui nuit à l’égalité des chances», estime en tout cas Hugues Hiltpold, qui justifie ainsi l’idée des quotas. Le député vaudois écolibéral Jacques-André Haury estime aussi que la question de la répartition des élèves peut se poser, même s’il trouve le dispositif actuel de qualité.
Risible et inapplicable, réagit Gérard Dyens. «Il faudrait multiplier les classes à Lausanne! Et comment définir un allophone? Sans compter qu’on ne peut pas repérer a priori les étrangers qui sont nés en Suisse, mais ne parlent pas français.» De son côté, le président de la Société pédagogique vaudoise, Jacques Daniélou, admet que certaines situations sont difficiles. «La question n’est pas taboue, mais la solution est ridicule. Les mesures vaudoises fonctionnent.» Un avis partagé par Pierre Tharin, président de l’Association vaudoise pour une école crédible, qui a lancé l’initiative Ecole 2010. Et Jacques Daniélou d’ajouter: «C’est aussi un problème d’urbanisme.»
Des efforts à faire
Mais des efforts restent à fournir. Pour Gérard Dyens, il faudrait davantage appuyer l’apprentissage du français chez les petits et soutenir les enseignants des classes hétérogènes. A quoi le Département de la formation rétorque qu’il ne refuse pas de fournir des ressources. «C’est vrai, admet Gérard Dyens. Mais il faudrait une volonté politique claire. On attend quelque chose de plus dynamique qu’une simple réponse aux demandes du terrain, souvent dépassé par l’ampleur de la tâche.» Anne-Catherine Lyon concède d’ailleurs que l’on peut toujours faire mieux. Mais elle défend le cadre actuel, qui laisse une grande latitude aux établissements. «Il faut avoir une approche pragmatique. Ce sont les enseignants qui connaissent le mieux la situation dans les classes. »
Un après-midi en classe d'accueil à Lausanne
«Eh, j’ai entendu qu’on parlait portugais par ici!» interpelle Dolma Buzzi. «Et comment Angelica va vous comprendre?» Penchée sur les cahiers d’un groupe d’élèves, l’enseignante lève le nez pour remettre à l’ordre Soraia et Filipa, assises plus loin avec leur camarade polonaise.
Cet après-midi, les onze adolescents de 13 à 15 ans de la classe d’accueil du collège lausannois de Villamont travaillent par équipes sur les conjugaisons, en fonction de leur niveau. «En fin d’année, il y a de grandes différences entre les élèves», explique Dolma Buzzi. Ils avaient pourtant un point commun à leur arrivée, l’été dernier: ils ne comprenaient pas le français. «La maîtresse nous parlait, mais on ne savait pas ce qu’elle voulait», se souvient Filipa. Depuis, ils suivent dix-sept périodes de français par semaine.
L’ambiance est détendue, mais studieuse. Haylen et Moises préparent un dialogue qui les exerce à l’usage du conditionnel.
Pendant ce temps, cinq élèves planchent sur un exercice plus basique. Dolma Buzzi les interroge un par un. «Mais parle-moi, dit-elle doucement à l’une d’entre eux. Si tu ne dis rien, je ne sais pas si c’est parce que tu ne m’as pas compris ou que tu ne connais pas la réponse. Je ne vais pas te manger, les autres non plus.» Les choses ne sont pas toujours aisées pour certains déracinés. «C’était difficile au début… et ça l’est toujours. Ici, c’est trop différent», note Joana, de Lisbonne.
De leur côté, Angelica, Soraia et Filipa se chamaillent, dans la bonne humeur, pour rédiger un conte. Histoire d’exercer le passé simple et l’imparfait. «Madame, ça veut dire quoi perdu de vue?
On dit comment lorsque quelqu’un se croit beau et fort?» questionnent les jeunes filles.
Pendant ce temps, Alicia, arrivée dans la classe il y a un mois, exerce les verbes être et avoir sur un programme informatique.
L’heure de la sonnerie approche. Moises et Haylen jouent leur saynète sous les applaudissements. Le trio de conteuses récite son histoire. Une faute pour les premiers, deux pour les secondes. «C’est vraiment bien pour un premier récit!» se félicite Dolma Buzzi.
L’année prochaine, les trois jeunes filles devraient d’ailleurs rejoindre une classe de voie baccalauréat, où elles viennent de faire un stage concluant.
Certains élèves iront dans une autre section, alors que d’autres feront encore un bout de parcours en classe d’accueil.
Les onze élèves de la classe d’accueil de Villamont doivent parler français s’ils ne veulent pas être remis à l’ordre par leur professeur. C’est la seule langue que tous ces enfants venus des quatre coins du monde ont en commun. LAUSANNE, LE 27 MAI 2008
PHOTOS CHRIS BLASER
»Comme Vaud, les autres cantons romands privilégient l’intégration en classe régulière
Dans les grandes lignes, le dispositif d’accueil proposé par les cantons romands aux élèves non francophones répond au même esprit. L’idée est de privilégier l’intégration en classe régulière, accompagnée de cours chez les plus petits, alors que les classes d’accueil sont plus fréquentes au niveau secondaire.
Mais il y a des différences.
COURS D’APPUI L’intensité des mesures d’accompagnement aux élèves diverge selon les lieux. Pour les élèves de la 1re à la 4e année intégrés dans les classes régulières, le canton de Berne propose ainsi une à deux périodes d’appui durant six mois, alors que Genève offre un enseignement à mi-temps en structure d’accueil.
CLASSES D’ACCUEIL Exceptionnelles en primaire, elles sont courantes pour les grands élèves, du moins dans les villes. Seul le Valais n’offre aucune classe d’accueil, «essentiellement pour des raisons démographiques», précise Michel Nicolet, collaborateur scientifique de la Conférence intercantonale de l’instruction publique de Suisse romande et du Tessin.
ENFANTINE Le canton de Vaud fait partie des rares cantons offrant des cours de français dès l’école enfantine. «Mais je pense que cela devrait bientôt se faire partout», note Michel Nicolet. Ces dernières années, l’école a en effet pris conscience qu’il était aussi important de donner des bases solides aux tout-petits, pour leur éviter d’apprendre un français approximatif.
Un article de Laure Pingoud pour 24 Heures
La mère d' un jeune acteur d'"Entre les murs" régularisée
La mère d'un des jeunes acteurs du film "Entre les murs", Palme d'or du 61e Festival de Cannes, a été régularisée, mercredi 28 mai, à Paris, ont annoncé le réalisateur Laurent Cantet et le Réseau éducation sans frontières (RESF).
Le retour des mendiants roms
La police craint un afflux de mendiants roms pendant l'Eurofoot, des mendiants que le Matin nous présente comme "toujours plus violents".
jeudi 29 mai 2008
Ricardo Lumengo, un Biennois bien ordinaire
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La CEDH autorise la condamnation à mort des séropositifs
La Cour Européenne des Droits de l'Homme autorise la condamnation à mort des
séropositifVEs étrangerEs
publié en ligne : 29 mai 2008
Le 27 mai 2008, la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) a estimé
qu'expulser une personne séropositive vers un pays où elle ne pourrait pas
avoir accès aux médicaments et aux soins n'était pas contraire aux droits
humains : il ne s'agirait pas, selon l'arrêt rendu
[<http://www.actupparis.org/article3368.html> ], d'un « traitement humiliant
ou dégradant » tel que le définit l'article 3 de la Convention Européenne
des Droits de l'Homme
Ainsi la Grande-Bretagne pourra expulser vers l'Ouganda Mme N., âgée de 34
ans, et séropositive, atteinte de deux maladies opportunistes liées au VIH
dont le syndrome de Kaposi. Pourtant selon le rapport de l'ONUSIDA paru en
2006, en Ouganda - où près de 10% de la population est infectée par le VIH -
les traitements antirétroviraux sont à la charge des malades. Les
médicaments à eux seuls coûtent au moins 42 dollars par mois dans un pays où
le revenu moyen est de 23 dollars, autant dire que seule une petite partie
de la population y a accès. La probabilité pour que Mme N. ait accès à des
soins adaptés en Ouganda est donc très faible. En leur absence, les
expertises médicales estiment son espérance de vie entre un et deux ans.
Ces faits, la Cour les reconnaît : oui, l'accès aux traitements sera «
aléatoire », oui, elle est promise à une mort certaine, mais non, il ne
s'agit pas de « circonstances exceptionnelles » qui pourraient justifier
l'opposition à son expulsion. Plus largement, la Cour considère que « la
réduction significative de l'espérance de vie n'est pas en soi suffisante
pour emporter violation de l'article 3 ». Comment une décision qui limite le
temps d'existence d'une personne ne peut-elle pas être considérée comme un
traitement humiliant et dégradant ?
Cette décision est d'autant plus grave qu'elle provient de la Grande
Chambre, l'instance la plus élevée de la CEDH. Ses décisions ne peuvent
faire l'objet d'appel et cet arrêté est désormais la jurisprudence la plus
haute en Europe pour tous les cas d'expulsion de malades. La condamnation à
mort par expulsion des malades est donc autorisée et cautionnée par la Cour
Européenne des Droits de l'Homme, censée être la garante des droits
fondamentaux. Il s'agit donc d'un recul historique pour les malades.
Les motivations de la Cour sont claires : il ne s'agit pas de préserver les
droits fondamentaux mais d'éviter de « faire peser une charge trop lourde
sur les Etats ». Derrière cette allégation, il y a le spectre d'une
immigration thérapeutique massive de migrantEs du Sud venant vers le Nord
pour bénéficier de soins « illimités et gratuits ». Derrière le cynisme de
l'argumentation, la réalité est tout autre.
En France, le droit au séjour pour raisons médicales existe depuis 10 ans [2
<http://www.actupparis.org/article3368.html> ], il protège de l'expulsion
les personnes atteintes de maladies graves et qui ne peuvent se soigner dans
leur pays d'origine et leur accorde un droit au séjour pour suivre un
traitement médical. Le nombre de demandes de titres de séjour pour soins est
resté stable d'année en année et toutes les études montrent que l'immense
majorité des personnes qui en bénéficient a découvert ou a contracté sa
pathologie sur le territoire français [3
<http://www.actupparis.org/article3368.html> ].
Fondé sur des faits erronés et des motivations contraires aux objectifs de
la Cour, ce jugement est inacceptable.
Association de malades du sida, nous rejetons ce jugement scandaleux.
Nous exigeons :
que la Grande-Bretagne suspende toute procédure d'expulsion à l'encontre
de Mme N. et lui délivre un titre de séjour pour raisons médicales,
que le gouvernement français prenne position contre cette expulsion et
demande l'extension du droit au séjour à l'ensemble de l'Europe,
que les parlementaires européenNEs se mobilisent pour faire rentrer dans
le droit européen les principes d'inexpulsabilité et de régularisation des
étrangerEs malades ne pouvant se soigner dans leur pays.
Notes
[1 <http://www.actupparis.org/article3368.html> ] L'arrêt est consultable
sur le site de la CEDH <http://www.echr.coe.int/echr>
[2 <http://www.actupparis.org/article3368.html> ] Depuis 1997, grâce à la
mobilisation des associations, dont Act Up-Paris, la loi garantit en France
qu'un malade ne peut légalement plus être expulsé vers un pays où il ne
pourra obtenir les traitements et le suivi médical que requiert son état de
santé.
[3 <http://www.actupparis.org/article3368.html> ] Cf. le rapport du Comité
Médical pour les Etrangers (COMEDE) 2007, le rapport de l'ODSE (Observatoire
du Droit à la Santé des Etrangers) qui fait le bilan des dix ans du droit au
séjour pour soins (parution le 3 juin 2008)
Source : http://www.actupparis.org/article3368.html
Appel du réseau TERRA à ouvrir un chantier national de recherche, débat et réflexion
sur les orgines des nationalismes, xénophobies et discriminations et les causes de leurs
exacerbations périodiques dans l’histoire de l’humanité
mercredi 28 mai 2008
Genève: Un encart xénophobe indigne le délégué à l'intégration
VOTATIONS - La publicité du comité Sécurité pour tous porte atteinte aux liens sociaux, dénonce André Castella.
En découvrant l'annonce du comité Sécurité pour tous (Sicherheit für alle, SIFA), le sang du délégué genevois à l'Intégration n'a fait qu'un tour. «Je me suis mis dans la peau d'un jeune étranger. C'est vraiment une incitation à la haine et à la vengeance», lâche André Castella. Intitulé «La violence des jeunes étrangers naturalisés», cet encart publicitaire paraît ces jours dans la presse romande pour appeler les Suisses à accepter l'initiative de l'UDC sur les «naturalisations démocratiques». Dans un communiqué au ton inhabituel diffusé hier, le Bureau de l'intégration des étrangers s'élève avec force contre des propos portant «gravement atteinte aux liens qui unissent les différentes composantes de notre société». Publiée sur une demi-page, l'annonce de SIFA évoque sept faits divers (meurtres, escroquerie à l'assurance-invalidité, etc.) attribués à des étrangers naturalisés. En guise d'illustration, la photo d'un jeune homme, capuche sur la tête et poings menaçants, qui fixe le lecteur d'un regard censé être inquiétant. «Conséquence des naturalisations en masse: de plus en plus d'étrangers criminels et violents deviennent suisses. Et quand ils ont le passeport suisse en poche, plus moyen de les expulser du pays», écrit le comité.
Ce dernier est en réalité une annexe de l'UDC. Notamment dirigé par l'ancien conseiller national zurichois Ulrich Schlüer et le Neuchâtelois Yvan Perrin, vice-président de la formation d'extrême droite, SIFA compte parmi ses faits d'armes le lancement de l'initiative pour l'interdiction des minarets en Suisse.
Risque de banalisation
Si le Bureau de l'intégration se défend de prendre position sur l'initiative pour des naturalisations démocratiques, il affirme en revanche avoir le «devoir d'attirer l'attention du public sur les dangers d'une telle publication». Par ses amalgames «aux relents populistes», SIFA livre «à la vindicte populaire l'ensemble des jeunes étrangers (...)», poursuit le communiqué du délégué à l'Intégration. Et de mettre en garde: «Ces propos poussent le jeune étranger au repli sur soi et au rejet d'une société d'accueil qu'il pourrait juger inhospitalière, raciste et xénophobe.»
«Après les moutons de l'UDC, une affiche que nous avions déjà dénoncée, ça commence à faire beaucoup. Là, nous sommes à la limite de la liberté d'expression», fulmine André Castella, qui déclare avoir reçu le soutien du conseiller d'Etat Laurent Moutinot, chef du Département des institutions. Le délégué à l'Intégration redoute ainsi une banalisation de ce genre de propagande. «A la longue, il y a le risque de ne plus être choqué.» Très en colère – «si j'avais trente ans de moins, ça me donnerait envie de jeter un pavé dans une vitrine» –, le haut fonctionnaire invite toutefois les «victimes à ne pas répondre violemment à cette provocation». Mais au contraire à «redoubler de solidarité» en guise de réponse à cette «indigne publication»
A Barcelone, l'Hospitalet rime avec modèle d'intégration réussi
Lire l'article de François Musseau, Barcelone, dans le Temps
Sans charme et anonyme, la cité-dortoir de l'Hospitalet se réjouit d'avoir été récemment estampillée «modèle d'intégration» pour ses nombreux immigrés. Coincée en banlieue sud de Barcelone, cette ville de 260000 habitants (la deuxième la plus peuplée de Catalogne) est citée en exemple. Le déclic, ce fut la nomination en avril du nouveau ministre de l'Immigration, Celestino Corbacho, maire socialiste de l'Hospitalet depuis quatorze ans. Il y a peu, le premier ministre José Luis Zapatero a été impressionné par la capacité municipale d'«encadrer et intégrer» sa forte immigration. Au point, donc, de nommer le maire à la tête de ce portefeuille ultra-sensible. Ministre tonitruant qui revendique le «parler-vrai», Celestino Corbacho déconcerte: il parle de «serrer la vis» face aux «sans-papiers» et se méfie du regroupement familial, tout en militant pour «une plus grande humanité» envers les immigrés - 10% de la population espagnole.
Amnesty épingle la Suisse et la Belgique
Amnesty International (AI) déplore l'absence de mesures gouvernementales «efficaces» contre la montée du racisme en Suisse. Dans son rapport annuel, l'organisation de défense des droits de l'homme pointe particulièrement du doigt la droite nationaliste.
AI se réfère aux conclusions du rapporteur de l'ONU sur le racisme Doudou Diène. Ce dernier concluait «que l'absence, au niveau national, de législation complète et de politique cohérente contre le racisme et la xénophobie constitue un obstacle majeur à l'efficacité du combat contre le racisme».
Amnesty pointe du doigt l'Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste) et la campagne que le parti a menée lors des élections fédérales de 2007. L'organisation revient sur les affiches sur lesquelles figuraient des moutons blancs dont un chassait d'une ruade un mouton noir hors du drapeau helvétique.
AI fait aussi état de «violations des droits humains» commises par la police et les forces de sécurité, sans citer toutefois d'exemples précis. Concernant les requérants d'asile, AI déplore que de nombreuses personnes se sont vu refuser la possibilité de déposer une demande d'asile au motif qu'elles n'avaient pas de papiers d'identité.
Enfin, l'organisation critique le recours à des pistolets paralysants (tasers) et à des chiens policiers dans le cadre des renvois forcés d'étrangers.Racisme: Amnesty critique le gouvernement suisse dans Le Matin
Amnesty International déplore l'absence de mesures gouvernementales "efficaces" contre la montée du racisme en Suisse. Son rapport annuel coïncide avec le 60e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme. Suite
Et la Belgique...
Amnesty dénonce la politique d'asile de la Belgique
28/05/2008 07:38
La nouvelle politique d'asile de la Belgique entrée en vigueur en juin 2007 est pointée du doigt par Amnesty International dans son rapport 2008.
Les recours en appel doivent par exemple être formés par écrit dans un délai de 15 jours, ce qui rend encore plus aigu le besoin d'assistance juridique spécialisés, pourtant difficile à obtenir en centre fermé. "La nouvelle législation a également élargi l'éventail de motifs justifiant le maintien en détention des demandeurs d'asile", pointe aussi ce rapport. Enfin, Amnesty dénonce le fait que des personnes souffrant de problèmes de santé mentale soient couramment placées dans des centres fermés, où les possibilités d'accès à des soins adaptés risquent d'être insuffisants. Parmi les avancées positives en Belgique, le rapport met en avant la condamnation de Hans Van Themsche pour assassinats avec -pour la première fois- la circonstance aggravante de racisme.
Aux Tattes, les conditions de vie des déboutés de l’asile se dégradent
INSALUBRITÉ | 00h05 Les ex-requérants sont désormais tous regroupés à Vernier. Visite des lieux.
© pascal FRAUTSCHI | Le centre des Tattes, à Vernier.
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ERIC BUDRY ET MARC GUÉNIAT | 28 Mai 2008 | 00h05
Comme ailleurs à Genève, le soleil brille ce matin-là au centre des Tattes de Vernier. Au milieu des onze immeubles, la cour semble plongée dans une torpeur très méridionale. Des Africaines en pagne vaquent à leurs occupations.
Malgré ce calme apparent, les Tattes sont en pleine mutation. Responsable de l’asile, l’Hospice général réorganise l’affectation de ses centres afin de s’adapter à la nouvelle Loi sur l’asile, approuvée en votation fédérale le 24 septembre 2006. Depuis le 1er janvier s’opère le transfert de tous les déboutés vers les Tattes, tandis que ceux qui conservent un espoir de rester en Suisse se dispersent dans le canton. Le processus de concentration arrive à son terme.
Cent quarante-neuf personnes sont arrivées sur les lieux, près de cent quatre-vingt les ont quittés. Déjà fort délabrée lors de notre première visite en août, une partie des immeubles frise l’insalubrité. Notamment parce que, censés nettoyer les lieux communs (cuisine et sanitaires), les déboutés, composés à 70% d’hommes seuls, délaissent ces tâches. C’est le cercle vicieux: face à des douches parfois moisies d’où ne sort que de l’eau bouillante et des cuisines repoussantes, les nouveaux arrivants aux Tattes se demandent pourquoi ils entretiendraient un tel endroit.
Travaux délaissés
Depuis que s’y concentrent les seuls déboutés, le défaitisme ambiant forge les esprits. Effet de la nouvelle loi, ils ne reçoivent plus que l’aide d’urgence: dix francs par jour. «Ils doivent pointer tous les quinze jours pour obtenir cette aide», explique François Barranco, responsable de l’unité des Tattes. Et participer aux tâches de nettoyage est encore moins lucratif qu’auparavant (lire ci-dessous). «Seuls quatre d’entre eux travaillent encore. C’est illusoire, mais je dois faire avec», poursuit le cadre de l’Hospice.
L’homme ne cache pas les problèmes qu’il rencontre et prie pour que les 460 places du centre ne soient pas toutes occupées. Surtout que son personnel a été réduit à sa plus simple expression. «La gestion est très complexe. Mon travail consiste à faire comprendre aux déboutés qu’ils n’ont plus aucune chance de résider en Suisse», relève François Barranco. Rares sont pourtant ceux qui usent de l’aide au départ, 4000 francs répartis entre le canton et l’Office des migrations. «Sachant que leur renvoi est imminent, la plupart préfèrent entrer dans la clandestinité», souligne François Barranco.
Selon lui, depuis le 1er janvier, un tiers des résidants a disparu des statistiques! Mais certains de ces nouveaux clandestins ne quittent pas définitivement les lieux. «De nombreux squatters, d’ici ou d’ailleurs, dorment ici», déplore le responsable. Ce phénomène engendre, selon un résidant, quatre à cinq interventions de la police par semaine.
Conscient de l’état alarmant des infrastructures, l’Hospice a sollicité l’Etat pour réparer stores et tuyauterie: «La réponse tarde à venir», reconnaît Jean-Luc Galetto, directeur de l’Aide aux requérants d’asile. Au Département des constructions, Laetitia Guinand affirme que la réfection des stores attendra «au moins» 2009. «Les travaux sont planifiés en fonction de l’urgence et il n’y pas le budget pour le moment», explique-t-elle. De plus, la convention déterminant qui paie quoi entre le DCTI, l’Hospice et son département de tutelle est échue.
Concernant les difficultés à entretenir les locaux communs, Jean-Luc Galetto admet être désemparé. «Nous songeons à supprimer l’aide en argent à ceux qui ne coopèrent pas, conclut-il. Ils ne recevraient plus alors que des plateaux-repas.»
«Que peut-on faire avec 10 fr.?»
L’homme qui nous reçoit a le désespoir souriant. Cet Africain explique sans détour, mais sans emphase, que sa situation a nettement empiré depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur l’asile. Logé aux Tattes depuis deux ans, il fait pourtant partie de la toute petite minorité des déboutés qui accepte encore de participer aux travaux de nettoyage. Pourquoi? «Pour ne pas devenir fou.»
Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis le regroupement des déboutés aux Tattes?
Tout a changé. Nous sommes dans une situation très pénible. L’ambiance est devenue plus lourde. Je constate même une certaine froideur entre les déboutés. Les gens sont tristes.
Qu’est-ce qui vous manque par exemple?
Il n’y a plus d’infirmiers et moins d’assistants sociaux. Maintenant, quand on est malade, on doit se rendre aux Charmilles le lundi ou le vendredi. Avant, ils étaient ici.
Et l’argent?
L’aide pour se nourrir est de 10 francs par jour. Que peut-on faire avec 10 francs? Je ne mange presque plus de viande. Avant, nous recevions 400 francs par mois, et nous pouvions gagner 300 francs de plus en travaillant.
Un petit supplément est toujours possible, non?
Oui, on nous offre 50 francs de plus par mois pour vingt heures de travail, soit le même nombre d’heures qu’auparavant. La plupart des gens renoncent à effectuer ces travaux pour une telle somme. Moi, je le fais quand même, pour m’occuper. Si on ne fait rien, on se détruit. Je travaille pour ne pas devenir fou.
Mais comme vous êtes très peu à effectuer les tâches collectives, la saleté s’installe.
C’est vrai, presque plus personne n’effectue les nettoyages. Pour 50 francs par mois, les gens ne le font plus. Même s’il y a une liste avec le nom des personnes qui en sont chargées. Avant, lorsque le travail n’était pas fait, quelque chose était retranché de l’aide. Aujourd’hui, que voulez-vous qu’ils enlèvent?
Cela ne vous donne-t-il pas envie de retourner au pays?
Pas au prix de ma vie. Un de mes compatriotes est rentré. Il a immédiatement disparu et personne ne l’a jamais revu. J’ai souvent expliqué tout cela, mais les autorités suisses ne veulent pas comprendre.
Que faites-vous pour vous occuper?
De temps en temps je vais en ville. J’essaie aussi de faire un peu de sport. Et puis, je parle avec les gens de l’Agora (ndlr: la permanence installée par les Eglises à côté du centre). On discute, on partage un repas. Ils sont vraiment devenus ma seconde famille.
Propos recueillis par E.By et M.Gt
L’aide d’urgence
Elle se résume à 10 francs par jour ou à des plateaux-repas; elle concerne les déboutés, regroupés aux Tattes, et les NEM (non-entrée en matière), logés au centre du Lagnon. L’asile à Genève
A mi-mai 2008, 3257 personnes relèvent du droit d’asile dans le canton. Parmi elles:
- 957 sont des requérants;
- 1787 sont en admission provisoire;
- 358 sont des déboutés;
- 155 sont en attente du réexamen de leur situation. En plus, 55 personnes se sont vues signifier une non-entrée en matière (NEM). Des gagnants
En 2007, Genève a demandé la régularisation de 233 requérants, déboutés pour la plupart. Berne n’en a refusé que deux.
mardi 27 mai 2008
Manifestation de Frambois: la police a-t-elle dérapé?
Paru le Mardi 27 Mai 2008
PROCÈS - En 2005, un rassemblement devant la prison pour étrangers avait été réprimé. Deux activistes sont accusés de violence. Des témoins contestent.
Que s'est-il vraiment passé, le 26 mai 2005 en début de soirée, devant la prison de Frambois? Hier matin, deux jeunes Suisses alémaniques de 28 et 29 ans ont comparu devant le Tribunal de police pour violence contre des gendarmes. Ils contestent vivement une ordonnance de condamnation à un mois de prison avec sursis. Les faits s'étaient déroulés à l'issue d'un rassemblement pacifique de soutien à un requérant d'asile en instance d'expulsion devant le centre de détention administrative. Une cinquantaine de personnes y avaient participé, suscitant une intervention musclée qui s'est soldée par trois arrestations. Selon la version des accusés, corroborée hier par une dizaine de témoins, les manifestants étaient sur le point de quitter les lieux à bicyclette, dans le calme, quand les premiers véhicules de police sont arrivés. «Nous étions sur la route de Satigny, les gendarmes sont sortis matraque à la main et ont commencé à frapper dans tous les sens. Des gens ont été poussés de leur vélo et sont tombés à terre, d'autres étaient tirés par les cheveux», a raconté un manifestant genevois. «C'était la confusion totale. Les policiers criaient des ordres contradictoires: 'couchez-vous!', 'dégagez!' ou encore 'reprenez vos vélos!'...» a affirmé un autre témoin.
Intervention brutale
Tous les témoignages font par ailleurs état d'une situation calme avant l'irruption de la police. La plupart des personnes présentes devant Frambois ont ensuite été molestées, certaines menottées, avant de subir un contrôle d'identité et d'être relâchées. Les forces de l'ordre auraient aussi proféré des insultes. Au moins deux blessés ont fini aux Urgences. Finalement, seuls trois activistes, dont les deux jeunes hommes entendus hier par le tribunal, avaient été embarqués. L'un est accusé d'avoir asséné un coup de pied à un fonctionnaire et d'avoir tenté de donner un coup de poing à un second gendarme. Tous deux nient fermement et affirment au contraire qu'ils ont essayé de calmer les policiers.
En face, l'évocation des faits est très différente. L'un des gendarmes ayant porté plainte (l'autre n'était pas présent à l'audience) a indiqué être intervenu dans un contexte de franche agressivité. «Un officier en civil était sur place. Se sentant menacé par des manifestants qui l'entouraient, il a réclamé des renforts par radio», a-t-il expliqué. Selon lui, c'est au moment où des personnes l'ont empêché de rejoindre son supérieur qu'il a été agressé – «j'ai reçu un coup d'emblée» – et a dû recourir à la force.
Contradictions policières
Un collègue appelé hier à la barre des témoins a toutefois livré une version légèrement discordante. «Il n'y avait pas de vraie violence directe mais c'était chaud. Ça risquait de partir en pugilat», a-t-il tempéré. Il a pu rejoindre l'officier de gendarmerie en civil, qui a ensuite désigné «trois meneurs» à interpeller. Quand celui dont il devait s'occuper s'est fermement débattu, des coups ont été portés de part et d'autre.
Avocat de l'un des accusés, Me Pierre Bayenet a pointé ces contradictions entre les différentes versions policières (déclarations divergentes entre elles et avec le rapport écrit d'intervention) pour plaider l'acquittement. «Il n'y a pas une vraie version. Les gendarmes ont tous menti», a-t-il lancé. Ils auraient réinterprété les faits a posteriori pour justifier une intervention qui s'est déroulée dans la précipitation et sur fond de panique, a ajouté, en substance, Me Bayenet. Et de rappeler que le troisième accusé, dont la cause, jointe à d'autres affaires, a déjà été jugée à La Chaux-de-Fonds, a été acquitté sur ce point par la justice neuchâteloise.
Le Tribunal de police rendra son verdict ultérieurement. I
La libre circulation à l'épreuve des Roms
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MIGRATION. Alors que la Suisse signe mardi le protocole d'extension de l'accord bilatéral, un afflux de clandestins est redouté sur la frontière sud. Richard Werly, Bruxelles Mardi 27 mai 2008 A Bucarest, certains ne se font pas d'illusions. «La discrimination anti-Roms affichée ces jours-ci par le gouvernement Berlusconi aura immanquablement des conséquences pour les pays voisins de l'Italie», juge un policier roumain proche de l'association Romani Criss, à la pointe de la défense des droits des Tziganes en Roumanie. «Si vous ajoutez à cela l'aimant constitué par l'Eurofoot à partir du 7 juin, avec ses hordes de supporters propices à la mendicité ou à la petite criminalité, la Suisse n'est pas à l'abri d'incidents. Des clandestins roms franchiront sans doute la frontière helvétique. Avec, comme toujours, des risques de réactions xénophobes à l'encontre de toute la communauté.» |
Pierre Henry : « La Vieille Europe renvoie ses réfugiés vers les pays périphériques »
Sans papiers, sit-in à la Bourse du travail à Paris (Photo, Neno/flickr)
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"L'initiative des naturalisations est un danger pour la stabilité du pays"
Pascal Broulis s’élève contre les amalgames de la campagne et l’atteinte au fédéralisme de l’initiative de l’UDC. Il répond aux questions de Laurent Busslinger dans 24 Heures.
INTROSPECTION Pascal Broulis: «Notre meilleur gage de stabilité est le maillage des populations. En votant, que chacun se demande combien d’étrangers il a dans sa famille. Même le chef de file de l’UDC a un aïeul naturalisé!» LAUSANNE, LE 26 MAI 2008 PATRICK MARTIN
Opposé à l’article constitutionnel sur la santé, le gouvernement vaudois l’a fait savoir. Parce que Jean-Claude Mermoud soutient le texte de son parti, il n’a en revanche pas combattu l’initiative de l’UDC qui veut remettre en vigueur les naturalisations par le peuple, et interdire les recours. Depuis le milieu de la semaine dernière, les magistrats radicaux et libéraux romands ont néanmoins signé un «appel» de rejet. Entretien avec le président du Conseil d’Etat, le radical Pascal Broulis.
– Avez-vous débattu d’une prise de position?
– Non. Nos règles sont claires, si le collège n’est pas unanime, il ne s’exprime pas en tant que tel, ses membres peuvent le faire individuellement. Or, c’est un thème qui divise, où la droite républicaine s’oppose à l’UDC.
– Vu le vote anticipé, est-il encore opportun de se manifester dix jours avant la fin de la campagne?
– Mieux vaut tard que jamais. On sait qu’un tiers des votants utilisent leurs droits civiques la dernière semaine. Nous pouvons encore convaincre que cette initiative est dangereuse pour la stabilité du pays.
– En quoi?
– Elle déstabiliserait une nouvelle fois le fédéralisme. En matière de naturalisations, le canton de Vaud a sa manière de faire, qui fonctionne très bien, et prévoit un recours inscrit dans la Constitution.
– Dans les petites communes, où chaque citoyen peut participer au Conseil général, il existe de facto une forme de naturalisation par le peuple. Quel problème poserait une acceptation?
– Le problème se poserait naturellement aux villes. Prenons le chiffre 2007 de 6000 naturalisations dans le canton (ndlr: lire ci-contre). Si Lausanne n’en octroie que le dixième, et doit consulter ses citoyens pour le faire, qu’a-t-on? Un catalogue de 600 noms à cocher une fois par an? Dix votations annuelles avec 60 postulants chaque fois? Comment se déterminer? Ce n’est pas crédible, cela ouvre la porte à l’arbitraire, cela met à mal nos institutions.
– Si l’initiative passait, pourriezvous défendre la Constitution vaudoise, et le droit au recours qu’elle prévoit?
– On verrait s’affronter deux droits différents. Tout ce que la Suisse ne veut pas! Je rappelle que le fédéralisme, c’est une délégation de compétences du canton vers la Confédération, pas l’inverse. Des difficultés d’applications sont programmées.
– Naturalise-t-on trop ici?
– Non. Le canton de Vaud a quelque 70 000 nouveaux habitants à accueillir ces douze prochaines années. Ce seront des Confédérés, et des étrangers. Notre meilleur gage de stabilité est le maillage des populations. En votant, que chacun se demande combien d’étrangers il a dans sa famille, quelles chances il a d’en avoir à travers les rencontres que feront ses enfants? Même le chef de file de l’UDC a un aïeul naturalisé! Alors qu’avec ses campagnes répétées, ce parti attise des sentiments xénophobes, qu’il faut sans cesse rappeler nos valeurs républicaines, redire qu’une affiche n’est pas chic parce qu’elle est choc, qu’on ne peut tout amalgamer comme dans ces annonces qui mélangent ces jours naturalisations et violence des jeunes.
– Christoph Blocher parle ce soir à Lausanne, justement sur les naturalisations. Qu’auriezvous à lui dire?
– En l’accueillant au Comptoir l’an dernier, j’ai rappelé Ramuz s’interrogeant, en 1937, sur l’identité suisse et répondant: «Nous ne sommes pas Suisses, mais Vaudois, Valaisans, Zurichois, c’est-à-dire des ressortissants de petits pays véritables.» Je lui dirais qu’à son poste précédant, il n’a rien fait pour mettre en vigueur l’initiative sur les délinquants dangereux, qui pose d’insolubles problèmes d’application. Pourquoi soutenir un autre texte qui se heurtera aux mêmes difficultés?
"Mon fils a gagné la Palme d' or, mais il est sans-papier!"
Arrivée «total délire grave » dans leur collège parisien des héros du film primé dimanche à Cannes.Témoignages sur le vif. Un article de Jean-Noël Cuénod, Paris, pour 24 Heures.
Les jeunes protagonistes de Entre les murs rentrent en héros dans leur établissement. Le Collège FrançoiseDolto est placé en zone d’éducation prioritaire, ou ZEP, un sigle souvent associé à la pauvreté et à l’échec scolaire. PARIS, LE 26 MAI 2008 AFP
Scènes d’hystérie collective devant un établissement scolaire désormais célèbre: le Collège Françoise-Dolto, sis dans le XXe arrondissement, quartier populaire, vivant et cosmopolite de Paris.
Des centaines d’ados entre 13 et 17 ans guettent l’arrivée de leurs 24 copains, héros de En-être les murs, le film de Laurent Cantet qui a reçu dimanche soir la Palme d’or au Festival de Cannes.
«Wahoou! Wahoou! Les v’là, les v là. » A 14 h 10 hier, les collégiens se ruent vers le car qui transporte leurs potes. Le véhicule parvient à se frayer un chemin dans cette rue des Pyrénées qui s’est instantané-ment couverte de jeunes qui hurlent, dansent, bousculent les porteurs de caméras complètement Les héros du jour parviennent tout juste à s’extraire du car. Ces ados de toutes couleurs de peaux et de cheveux, de tous milieux, font l’expérience de l’adulation. Parvenues enfin dans la cour intérieure du collège, ces vedettes sorties d'un coup de l'anonymat répondent aux questions des journalistes. Comme des «vrais »!
La revanche des ZEP!
Inspiré par le livre d’un an-cien prof de ce collège, François Bégaudeau — qui joue son propre rôle —, ce film a pour acteurs une cinquantaine d’élèves qui ont suivi des ateliers d’improvisation dans leur établissement, dont vingt quatre se sont montrés particulièrement actifs.
Le Collège Françoise Dolto est placé en zone d’éducation prioritaire, ces ZeP mal perçues par le public, qui les associe à la pauvreté et à l’échec scolaire. Pour cette professeure d’espagnol et mère de l’une des collégiennes qui a participé à Entre les murs, cette récompense tombe à pic: «Enfin, on va parler des ZeP de façon positive! Dans nos collèges, aucun élève n’est laissé de côté. On avance avec tous les jeunes, ensemble. Et, vous savez, ils savent maintenant reconnaître un Murillo d’un Vélasquez! »
«Ça va l’aider? »
Cela dit, être propulsé dans la sphère des stars n’a rien d’anodin. «Nous allons les accompagner afin qu’ils maîtrisent cette pression », précise un inspecteur d’académie.
Soucieuse de ne pas donner son nom à ceux qui l’interviewent, cette mère de famille – sept enfants! – originaire du Congo Kinshasa est partagée entre la fierté et l’inquiétude: «Mon fils fait partie de ceux qui ont tourné le film. Et cette Palme, je ne pouvais même pas y rêver. Mais voilà, est-ce que ça ne va pas attirer l’attention sur lui? C’est que, voyez-vous, il a gagné la Palme avec ses copains… mais il est sans-papiers! Je dispose, pour ma part, d’un permis que je dois renouveler chaque année. Mais pour le moment, je n’ai aucun document pour mon fils. Nous voulions faire les démarches la semaine prochaine pour ses 18 ans. Vous croyez que le film va l’aider? »
Jeunes étrangers violents: une réalité à nuancer
L’UDC l’assène avec force publicités: de plus en plus de jeunes étrangers violents obtiennent le passeport suisse. Qu’en pensent les juges et les policiers? Un article de Laurent Aubert dans 24 Heures.
GROUPES La plupart des «bandes» de jeunes ne posent aucun problème, comme c’est le cas ici. Mais il arrive, estime le président de la Chambre pénale des mineurs de Fribourg, que ceux qui parlent mal la langue se regroupent et «fassent des choses qu’ils ne feraient pas seuls».
«La violence des jeunes étrangers naturalisés. » A quelques jours de la votation sur les naturalisations par le peuple, l’UDC et l’association SIFA (Sécurité pour tous) sortent la grosse artillerie: difficile de manquer les annonces publiées hier dans la presse quotidienne. Dans leur argumentaire, les initiants relèvent que 50 000 étrangers sont naturalisés chaque année, que de plus en plus de délinquants violents deviennent suisses et ne peuvent donc plus être expulsés. Et de citer plusieurs faits divers dans lesquels des naturalisés ont été impliqués.
«Les titulaires d’un passeport suisse sont des Suisses pour la police et la justice.» Porte-parole de la police vaudoise, Jean-Christophe Sauterel rappelle les principes en vigueur dans le canton. Dans ses communiqués, la maréchaussée mentionne l’âge, la nationalité et la région de domicile des délinquants. Des éléments que l’on retrouve dans la statistique Cripol publiée sur son site. En revanche, Jean-Christophe Sauterel refuse de se laisser entraîner dans le débat: «Nous n’entrons pas en matière sur l’origine.» D’ailleurs, aucune base de données ne recueille ce critère.
Surreprésentation
Pour 2007, Cripol recense 2444 auteurs étrangers (dont 296 requérants et NEM) et 1938 Suisses, tous âges confondus. Soit près de 56% d’étrangers, alors qu’ils représentent 28% de la population vaudoise. Mais attention aux conclusions hâtives, avertit Alain Meister, président du Tribunal des mineurs de Lausanne: «Ces étrangers ne sont pas tous domiciliés en Suisse.» Pour les mineurs, la proportion est inverse: 42% d’étrangers. Pour les seuls auteurs domiciliés en Suisse, la proportion tombe à 40%.
«Il y a une certaine surreprésentation des jeunes étrangers parmi les délinquants du même âge, c’est sûr.» Alain Meister et son collègue fribourgeois Michel Lachat s’accordent sur ce point. Et avancent comme chats sur braises lorsqu’il s’agit d’expliquer le phénomène. «Les causes sont multiples», lance le Vaudois. L’intégration, certes, «mais pas forcément comme on l’entend: ces jeunes peuvent avoir des parents nickel, mais des difficultés scolaires les amènent à quitter plus vite le circuit et les handicapent dans leur insertion professionnelle. » Alain Meister cite aussi des facteurs d’ordre culturel: «Ils parlent bien notre langue, connaissent le système, mais cette intégration peut les éloigner de leurs parents, qui en perdent le contrôle.» «Lorsque ces derniers sont en difficulté, la surveillance se relâche », avance Michel Lachat. Qui souligne aussi le phénomène des bandes: «Ceux qui parlent mal la langue ont tendance à se grouper, et à faire des choses qu’ils ne feraient pas seuls.»
Provocations
«Les jeunes étrangers sont aussi davantage provoqués», constate le Fribourgeois, qui relève également une tendance accrue à porter plainte. «Si, en plus, une catégorie est stigmatisée à longueur d’année par un parti, les gens ne tolèrent plus grand-chose.» Les deux juges insistent sur le caractère subjectif de leur analyse: «Il faudrait une étude scientifique. » Mais pour les jeunes naturalisés, la réponse d’Alain Meister est plus nette: «J’ai l’impression qu’ils ne posent pas plus de problèmes que les Suisses de souche. En général, ils sont là depuis longtemps, leurs parents aussi.» £
Statistique Cripol de la police vaudoise: www.police.vd.ch Voir notre dossier sur les votations fédérales www.24heures.ch .
Les centres d'urgence pour requérants sont «indignes»
«Spartiate», «rudimentaire», «à la limite de l'insalubrité». C'est ce qu'ont déclaré des députés (de tous partis, sauf l'UDC) à la sortie de leur visite mardi dernier des centres lausannois pour requérants déboutés. Leur inspection aura des conséquences politiques puisqu'une interpellation sera déposée au Grand Conseil avant l'été.
lundi 26 mai 2008
Belgique : permis à points pour les sans-papiers?
http://www.levif.be/actualite/belgique/72-56-17325/la-belgique-veut-trier-ses-sans-papiers.html
21/05/2008 07:54
La ministre de la Politique de migration et d'asile, Annemie Turtelboom
(Open Vld) veut objectiver le critère de régularisation des sans-papiers
d'"ancrage local durable". Elle a imaginé une sorte de permis à points,
écrit mercredi La Libre Belgique.
L'accord de gouvernement prévoit trois catégories de clandestins qui
pourront prétendre, individuellement, à une régularisation de leur
séjour: les étrangers qui ont introduit une demande d'asile dont le
traitement a pris trop de temps; les illégaux qui séjournent en Belgique
depuis le 31 mars 2007 et qui ont une offre de travail ferme ou un
statut de travailleur indépendant; et les clandestins qui peuvent
justifier d'un "ancrage local durable".
10 points par enfant scolarisé.
Pour cette dernière catégorie, la ministre tente, selon La Libre
Belgique, d'objectiver ce critère en envisageant un système de points.
Ainsi, avoir du travail vaudrait 40 points, suivre ou avoir suivi une
formation en vaudrait 10, tout comme avoir des enfants scolarisés.
Dans le projet de circulaire de la ministre Turtelboom, un sans-papiers
qui introduira une demande de régularisation pour motif humanitaire
urgent sur la base de l'"ancrage local durable" obtiendrait son titre de
séjour s'il totalise 70 points.
Le texte fait l'objet d'âpres discussions ces derniers jours entre
cabinets. Le sujet est en effet sensible et nécessite des arbitrages au
sein de la majorité, plus singulièrement entre libéraux flamands d'une
part, socialistes et humanistes francophones, d'autre part.
Levif.be avec Belga
Le village ou on cherche asile à la gare
VALLORBE - Début mars, on annonçait une série de mesures pour améliorer la cohabitation entre demandeurs d'asile et villageois. Le dialogue est rétabli mais l'atmosphère toujours aussi tendue. Reportage.
Il y a décidément deux mondes dans la cité du fer et du cheval. D'un côté, perchée en haut du village, sa gare internationale, fréquentée par ses voyageurs et ses réfugiés. Avec, tout près, entouré de barbelés et gardé en permanence par des agents de sécurité, son centre de requérants et son directeur vallorbier. Aussi son association et son service d'aide juridique. De l'autre, en bas de la localité, ses habitants et ses commerces. Une cinquantaine de nationalités, hommes, jeunes, célibataires en majorité, en attente d'une décision relative à leur demande d'asile, font face à 3100 habitants depuis huit ans. Deux univers qui ont toujours de la peine à se comprendre, lorsqu'ils ne se regardent pas en véritables chiens de faïence. La tension atteint même son paroxysme lorsque le Conseil communal, tant à gauche qu'à droite, demande en début d'année l'interdiction pure et simple du périmètre de la gare aux requérants. La motion est alors balayée par l'exécutif vaudois, jugée anticonstitutionnelle. Depuis, Philippe Leuba, le conseiller d'Etat libéral, a promis des mesures aux Vallorbiers, censées améliorer la cohabitation. La baisse du nombre de requérants est l'une des premières appliquée. Au nombre de 220 il y a un mois, les réfugiés ne sont plus que 170 aujourd'hui. Mais à Vallorbe, la tension subsiste.
Présence dérangeante
Dans le hall de la gare, le constat est le même. Des réfugiés désoeuvrés y traînent, fument, discutent, souvent une bière à la main. «Ici, tout ce que l'on a le droit de faire, c'est rien. Je ne buvais pas quand j'étais en Afrique», témoigne ce Guinéen, assis sur un des bancs devant l'entrée. Il est arrivé à Vallorbe il y a cinq jours. Des camarades l'entourent et certains se joignent même à la conversation, alors que d'autres n'y portent même pas attention. Son regard est vide, ses phrases entrecoupées. Il se plaint du manque de communication avec le personnel du centre. Entassés parfois seize par chambres, les sorties sont interdites dès 17 h 30. Huit heures par jour, il s'ennuie dehors.
«On se croit plus sur le marché de Tombouctou que dans une gare. Les Noirs ne sont pas méchants, mais bruyants. D'autres ont toujours des problèmes d'alcool», affirme Jacques Favre, conseiller communal socialiste, qui dit comprendre le comportement des étrangers abandonnés à leur sort. Il regrette la situation. «On n'aurait pas dû attaquer l'association qui leur vient en aide. Elle fait un travail formidable». Un réfugié la pointe justement du doigt. «C'est Mama Africa»: un petit local dans le bâtiment de la gare. Il appartient à l'ARAVOH, une association qui accueille les requérants, le temps d'un thé ou d'un puzzle.
«Aujourd'hui, je crois que Vallorbe a besoin de retrouver son calme. Cela ne sert à rien de savoir qui a tort ou qui a raison», explique Nicole Rochat, une bénévole, coupée par un habitant qui fait entendre son mécontentement. Une septantaine de requérants s'y rendent chaque semaine. Un sourire et un café: c'est une des seules activités qui leur est offerte pour le moment. Si le local est exigu, l'atmosphère est chaleureuse. «La commune nous a promis un déménagement pour cet été. C'est une bonne chose. On faisait cavalier seul depuis huit ans», glisse, confiante, Christiane Mathys, présidente de l'association. Un projet de Portakabin est à l'étude et devrait ainsi diminuer l'affluence dans le périmètre de la gare.
En attendant, les requérants sont quasi absents des commerces et des bistrots. Certains se rendent parfois à l'église le dimanche matin. «Ou ils viennent pour voler de l'alcool. Ils mettent tout dans leur poche», déplore la responsable d'un centre commercial de la localité. Plus qu'ailleurs dans le village, l'atmosphère est tendue au centre. «De toute façon, tous les commerçants sont racistes», lâche-t-on dans ce kiosque. On ne mâche pas ses mots. Les requérants sont rapidement traités de voleurs, de fainéants, voire d'agresseurs. Personne n'est pourtant au courant que leur nombre a baissé, et l'on ignore que des requérants ont remis personnellement des oeufs de Pâques décorés à l'EMS local ou que le centre ouvre ses portes au public le 14 juin prochain.
Pas un Club Med
«Dix à quinze pour cent ont ponctuellement des problèmes d'alcool, c'est vrai. Mais seule une minorité pose un problème», affirme Philippe Hengy, le chef du centre. Le directeur subit de plein fouet les effets de la nouvelle loi sur les étrangers, rentrée en vigueur le 1er janvier 2008: augmentation du temps de séjour – jusqu'à 60 jours – et du nombre de demandes d'asile. Son centre, il le gère plutôt bien, même s'il ne le considère pas comme un Club Med. Depuis novembre 2000, date de la transformation de l'ancienne caserne en centre, 45 000 personnes sont passées dans ses murs. La population est renouvelée en moyenne tous les 32 jours. Difficile donc d'influencer sur les comportements individuels. «Ce n'est que le reflet d'une société. Il est important d'aller vers l'autre. Nous devons tous tirer à la même corde», conclut-il, d'un ton sincère.
Corriger le tir
En effet, depuis plusieurs semaines, commune, canton et Confédération travaillent ensemble pour corriger le tir. Des visites de lieux touristiques, la création d'un poste et demi de travail et l'organisation de travaux d'intérêts publics seront mis progressivement en place. Des nettoyages en forêt avaient d'ailleurs été organisés l'an dernier sur la base du volontariat des pensionnaires. «Un jour par semaine était prévu. Depuis janvier, il n'y en a pas eu plus de quatre. C'est dommage, car les requérants travaillent très bien», regrette Dominique Favre, employé communal, surtout que ces activités rencontrent un réel succès.
«Je crois que la pression est retombée. Mais je parlerai de détente quand j'aurai vu les résultats des deux prochaines réunions ces six prochaines semaines», explique Laurent Francfort, le syndic du village. Peu nombreux sont ceux qui croient à l'efficacité des mesures financées par la Confédération. «C'est la politique du n'importe quoi. Toutes ces mesures ne changeront rien. Cet été, on aura une forêt de gens devant la piscine», développe quant à lui Bernard Haldemann, conseiller communal radical.
Un point met néanmoins tout le monde d'accord: le pavé dans la mare lancé par le Conseil communal en décembre dernier. Depuis, les partenaires sont assis sur le même banc. «La motion? Sur les termes, c'était une erreur», ajoute Christophe Schwerzamm, son collègue de parti. Contacté par téléphone, c'est la seule concession qu'il fera. Quoi qu'il en soit, le problème de fond reste le même. Cent septante requérants face à dix-huit fois plus d'habitants, contre 330 fois plus à Bâle, un des quatre autres centres d'enregistrement et de procédure en Suisse. Et pourtant à Vallorbe, l'insécurité semble plus subjective que réelle, malgré le manque notoire d'encadrement.
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