Lu dans le Courrier
VOTATIONS - La publicité du comité Sécurité pour tous porte atteinte aux liens sociaux, dénonce André Castella.
En découvrant l'annonce du comité Sécurité pour tous (Sicherheit für alle, SIFA), le sang du délégué genevois à l'Intégration n'a fait qu'un tour. «Je me suis mis dans la peau d'un jeune étranger. C'est vraiment une incitation à la haine et à la vengeance», lâche André Castella. Intitulé «La violence des jeunes étrangers naturalisés», cet encart publicitaire paraît ces jours dans la presse romande pour appeler les Suisses à accepter l'initiative de l'UDC sur les «naturalisations démocratiques». Dans un communiqué au ton inhabituel diffusé hier, le Bureau de l'intégration des étrangers s'élève avec force contre des propos portant «gravement atteinte aux liens qui unissent les différentes composantes de notre société». Publiée sur une demi-page, l'annonce de SIFA évoque sept faits divers (meurtres, escroquerie à l'assurance-invalidité, etc.) attribués à des étrangers naturalisés. En guise d'illustration, la photo d'un jeune homme, capuche sur la tête et poings menaçants, qui fixe le lecteur d'un regard censé être inquiétant. «Conséquence des naturalisations en masse: de plus en plus d'étrangers criminels et violents deviennent suisses. Et quand ils ont le passeport suisse en poche, plus moyen de les expulser du pays», écrit le comité.
Ce dernier est en réalité une annexe de l'UDC. Notamment dirigé par l'ancien conseiller national zurichois Ulrich Schlüer et le Neuchâtelois Yvan Perrin, vice-président de la formation d'extrême droite, SIFA compte parmi ses faits d'armes le lancement de l'initiative pour l'interdiction des minarets en Suisse.
Risque de banalisation
Si le Bureau de l'intégration se défend de prendre position sur l'initiative pour des naturalisations démocratiques, il affirme en revanche avoir le «devoir d'attirer l'attention du public sur les dangers d'une telle publication». Par ses amalgames «aux relents populistes», SIFA livre «à la vindicte populaire l'ensemble des jeunes étrangers (...)», poursuit le communiqué du délégué à l'Intégration. Et de mettre en garde: «Ces propos poussent le jeune étranger au repli sur soi et au rejet d'une société d'accueil qu'il pourrait juger inhospitalière, raciste et xénophobe.»
«Après les moutons de l'UDC, une affiche que nous avions déjà dénoncée, ça commence à faire beaucoup. Là, nous sommes à la limite de la liberté d'expression», fulmine André Castella, qui déclare avoir reçu le soutien du conseiller d'Etat Laurent Moutinot, chef du Département des institutions. Le délégué à l'Intégration redoute ainsi une banalisation de ce genre de propagande. «A la longue, il y a le risque de ne plus être choqué.» Très en colère – «si j'avais trente ans de moins, ça me donnerait envie de jeter un pavé dans une vitrine» –, le haut fonctionnaire invite toutefois les «victimes à ne pas répondre violemment à cette provocation». Mais au contraire à «redoubler de solidarité» en guise de réponse à cette «indigne publication»
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