Entre satisfaction et colère, le ministre vaudois de l’Intérieur Philippe Leuba a des mots durs pour le Parti socialiste. Il critique aussi le laxisme de certains cantons.
Vous vous êtes battu contre le texte de l’UDC en mettant en avant votre fermeté et en produisant les chiffres des renvois. Quel signal le double non vaudois donne-t-il à votre politique migratoire?
C’est incontestablement la démonstration que le peuple vaudois en est plutôt satisfait. S’il y avait eu du laxisme en la matière, il aurait plébiscité ces textes. Je suis satisfait de cette approbation indirecte d’une politique qui se veut à la fois ferme et humaine. Ce n’était pas acquis d’avance.
Le laxisme de certains cantons aurait donc fait le jeu de l’UDC?
Je ne suis pas le seul à le penser. Alain Berset, conseiller aux Etats socialiste, entre autres, tient le même langage. Nous ne serions pas ce soir dans une situation aussi extrême si les élus passés et actuels avaient fait preuve d’assez de détermination et de transparence. La perception de la politique migratoire change complètement quand on fait l’effort d’expliquer.
L’acceptation de l’initiative UDC est ressentie comme un vote anti-étrangers. Votre perception?
Ne faisons pas dire au peuple ce qu’il n’a pas dit. Nous sommes face à un vote anti-délinquants étrangers, ce n’est pas un rejet des étrangers.
L’initiative pose des problèmes d’application. Insurmontables?
La volonté populaire vient de s’exprimer clairement. Elle s’impose donc au parlement qui doit la traduire dans la loi. La difficulté est que le texte de l’initiative heurte des principes fondamentaux de l’ordre juridique suisse – le principe même de la proportionnalité – ainsi qu’un certain nombre d’accords internationaux. Je me demande où est la majorité du parlement qui va réussir à adopter une telle législation. Il serait inadmissible que la gauche, qui porte une lourde responsabilité dans cette affaire, tente de travestir la volonté populaire.
Pourquoi fustiger le double non des socialistes?
Si le Parti socialiste n’avait pas pratiqué la politique du pire, le résultat serait différent ce soir. C’est le contre-projet qui aurait été adopté. A chacun d’assumer ses responsabilités. Le peuple ne comprendrait pas que l’on foule aux pieds sa volonté et que l’on nie sa souveraineté.
Propos recueillis par Joëlle Fabre dans 24 Heures
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