"L'initiative" soutenue par la droite populiste a été approuvée par 52,9 % des électeurs. Rien de surprenant.
L'affiche de l'Union démocratique du centre (UDC), montrant un visage barbu à la mine patibulaire, avec pour slogan "Ivan S., violeur et bientôt suisse ?" a touché sa cible ©Thierry Gachon/ Maxppp
L'affiche de l'Union démocratique du centre (UDC), formation le plus à droite de l'échiquier politique helvétique, montrant un visage barbu à la mine patibulaire, avec pour slogan "Ivan S., violeur et bientôt suisse ?" a touché sa cible. Une majorité de Suisses (52,9 %) ont approuvé dimanche l'initiative réclamant l'expulsion systématique de tous les étrangers condamnés pour meurtre, viol, brigandage, traite d'êtres humains, trafic de drogue.
Mais aussi pour ceux qui "ont perçu abusivement des prestations des assurances sociales ou de l'aide sociale". Voilà ce que l'UDC prévoit d'inscrire dans la Constitution. Le couperet tombera même sur un étranger né en Suisse, qui y a toujours vécu et qui ne connaît ni le pays ni la langue de ses ancêtres.
Série de victoires pour l'UDC
Seul contre toutes les autres organisations politiques, le parti du leader populiste Christoph Blocher, un homme d'affaires milliardaire, enregistre sa sixième victoire en sept ans. Fin 2009, les Suisses approuvaient à 57 % l'interdiction de la construction de nouveaux minarets. Avant cela, l'UDC s'était opposée à la naturalisation facilitée de la deuxième génération d'étrangers et avait fait approuver l'internement à vie des délinquants dangereux.
Dimanche, les Suisses devaient également se prononcer sur un contre-projet présenté par le Parlement, allant dans le même sens que l'UDC, mais plus modéré afin de ne pas fâcher l'Union européenne. Ils l'ont balayé par 54,2 % des suffrages. En effet, l'expulsion systématique de Français, d'Allemands ou d'Italiens pourrait provoquer le courroux de Bruxelles et remettre en cause les accords bilatéraux entre la Confédération et l'Union européenne, notamment sur la libre circulation des personnes.
Renvois multipliés par cinq
Une fois encore, ce vote a provoqué la coupure en deux du pays, les Alémaniques se montrant très favorables à l'initiative de l'UDC (à l'exception de Bâle-Ville) tandis que les francophones la rejetaient (à l'exception du canton du Valais).
Persuadés que l'UDC, principal parti de la Confédération avec près de 30 % des suffrages, allait une nouvelle fois gagner cette élection, les autres formations politiques, les socialistes, libéraux-radicaux et démocrates-chrétiens, ne se sont guère engagées, à l'exception de quelques initiatives locales.
Concrètement, que ce vote va-t-il changer ? En 2009, le nombre d'expulsions était compris entre 650 et 700 personnes. L'initiative de l'UDC devrait multiplier ce chiffre par cinq.
Jean Lalande, correspondant du Point à Genève
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire