Le texte de l’UDC sur le renvoi des criminels étrangers passe sans encombre avec 53% de oui. Et le contre-projet qu’elle combattait se fait laminer. Aucun canton ne l’accepte.
Acceptée à 53% et avec une large majorité des cantons. L’initiative «Pour le renvoi des étrangers criminels» a offert hier à l’UDC une victoire marquante. D’autant plus que le parti de Christoph Blocher s’est lancé seul dans la bataille contre tous. Le Conseil fédéral et les partis du centre-droite (PLR et PDC), ainsi qu’une dissidence Suisse alémanique du PS lui opposaient un contre-projet qui a été balayé par 54% de non et le rejet de tous les cantons.
Une année, presque jour pour jour, après le vote antiminarets soutenu par l’UDC, une autre initiative UDC vient creuser le Röstigraben. En effet, à l’exception du Valais (51,8% de oui), tous les cantons de Suisse romande ont rejeté le texte qui exige le renvoi des étrangers coupables de certains crimes. Le canton de Vaud, avec 58,2% de non, est le plus opposé. Suivi du Jura (57,3%), de Neuchâtel (56%), de Genève (55,7%) et de Fribourg (51,4%). Bâle-Ville (56,6%) est le seul canton alémanique qui dit non au texte de l’UDC. Autre fossé marquant, celui qui sépare les villes des campagnes. Et cela même au pays du oui à l’UDC. En effet, les grandes villes d’outre-Sarine ont refusé le texte de l’UDC: Zurich (65%), Berne (70%) et Bâle (58%). Tout comme Saint-Gall et Winterthour.
Contrairement au résultat du vote antiminarets de l’année dernière, le scrutin d’hier n’a pris personne par surprise. Mieux: il était attendu. La forte participation (52,6%) témoigne de l’intensité d’une campagne qui dure depuis de très longs mois. Car cette initiative dite des «moutons noirs» – en référence aux affiches de l’UDC – a déjà beaucoup servi. La récolte des signatures en 2007 avait boosté la mobilisation des sympathisants des démocrates du centre. Et trois ans plus tard, le succès de ce scrutin donne du poids à l’UDC en vue des élections fédérales d’octobre 2011.
Cette analyse, les élus UDC semblaient la partager hier à Berne. Au stamm des démocrates du centre, l’ambiance était aux sourires et à la satisfaction. Une fois de plus, le peuple fait davantage confiance à l’UDC qu’à la classe politique pour résoudre les problèmes, affirmait-on en substance. Rien à voir avec les mines défaites du PS, réuni dans un restaurant du centre-ville, qui soulignait que ce oui à l’UDC ne changeait rien aux problèmes de la criminalité étrangère. Les membres du PLR et du PDC, clairsemés dans une salle de congrès d’un grand hôtel, affichaient une mine fataliste.
«Un jour noir pour les droits de l’homme en Suisse», s’est inquiété Amnesty International. Même tonalité soucieuse à Bruxelles, où l’Union européenne suit le dossier avec attention. Car, selon la manière dont le texte de l’UDC est concrétisé, la Suisse contreviendrait à l’accord sur la libre circulation des personnes. Ambassadeur de l’UE à Berne, Michael Reiterer a rendu attentif à ce clash programmé. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga sera déjà jeudi à Bruxelles à une réunion du comité mixte de Schengen.
Xavier Alonso Berne, dans 24 Heures
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