La campagne suscite de nombreuses réactions. Le courrier des lecteurs du 24 Heures en proposent plusieurs aujourd'hui. Sélection.
- Voici celle de Monique et Michel Krayenbuhl de Lausanne:
"Une précarité accrue"
A propos de l’article intitulé «Dans l’impasse, les NEM végètent dans les couloirs du centre de Vennes» ( 24 heures du 11 août 2006):
On ne peut qu’être surpris par la dureté de la situation des personnes frappées d’une non-entrée en matière, dans l’oisiveté et proches de la misère. La seule préoccupation de l’autorité est celle de la sécurité.
Si la nouvelle loi sur l’asile est acceptée, un accueil semblable est prévu pour des personnes séjournant légalement en Suisse.Pratiquement sans argent, sans le droit de travailler, ni d’acquérir une formation, ni même de suivre des cours de français. Vie en hébergement collectif, ce qui signifie que, chaque soir, il peut y avoir d’autres personnes dans la chambre, parfois des enfants, souvent des pleurs et beaucoup d’angoisse partagée.Les conditions d’entrée en procédure deviendront tellement drastiques que beaucoup de cas seront écartés rapidement. Si, après quelques semaines, les requérants réussissent à réunir des éléments importants et déposent une demande de réexamen, il s’agira d’une procédure extraordinaire. Ils seront certes autorisés à rester en Suisse mais ne bénéficieront que de l’aide minimum dite d’urgence.
De tels recours extraordinaires sont souvent examinés très lentement et peuvent rester en attente durant des années. Les partisans de la nouvelle loi tentent de faire croire que l’aide d’urgence est réservée aux personnes qui refusent de partir et n’est donc accordée que sur de brèves durées. Mais ce n’est pas ce que dit la loi.
- Et celle de Jaqueline De Luca, présidente d’un conseil de paroisse, Lausanne:
"La solidarité pénalisée"
Les lois sur les étrangers et sur l’asile, au sujet desquelles nous voterons le 24 septembre, m’inquiètent. Je pense en particulier aux nouvelles sanctions pénales. Qu’on ait voulu renforcer la lutte contre les emplois au noir ou les maffias qui exploitent la misère de ceux qui fuient, j’y souscris pleinement.Mais je connais de nombreuses personnes qui agissent dans la tradition humanitaire suisse, souvent en raison de leur foi. Elles offrent des repas ou des habits, des cours élémentaires de français, des consultations, des démarches juridiques ou des soins médicaux. Elles offrent écoute et chaleur humaine.Des membres de ma paroisse ont oeuvré pour l’accueil de personnes qui cherchaient un refuge provisoire. Tous agissent non par bravade à l’encontre des autorités, mais par humanité, conscients que la dureté de certaines décisions ne résout rien et crée des situations dramatiques.Si les lois sont acceptées, chacun de ces amis pourra faire l’objet de poursuites pénales. Il ne pourra plus invoquer ses mobiles honorables qui actuellement le protègent de toute sanction.Tout au plus son cas sera-t-il considéré «de peu de gravité» s’il s’engage à ne plus recommencer. Les sanctions sont extrêmement sévères: un an de prison ou 20 000 francs d’amende pour celui qui agit seul; cinq ans et 500 000 fr.d’amende pour ceux qui agissent en groupe.Qu’est-ce qui me garantit que les dispositions visant les maffias ne seront pas appliquées à mes amis, qui agissent eux aussi en groupe, notamment dans le cadre des Eglises?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire