La nouvelle législation divise les étrangers en deux groupes: les Européens et les autres (Keystone)
La législation suisse sur les étrangers avait bien besoin d’être dépoussiérée. Sur ce point au moins, tout le monde est d’accord. L’actuelle Loi sur le séjour et l’établissement des étrangers (LSEE) date en effet de 1931. Une première révision totale avait été rejetée de justesse par le peuple en 1982.
Certes, cette loi-cadre a été régulièrement actualisée et précisée à coups d’ordonnances. Mais cela pose un problème de légitimité, puisque le Conseil fédéral édicte ces dernières sans avoir besoin de l’aval du Parlement. C’est pourquoi, alors que la loi sur l’asile (LAsi, lire ci-contre) ne subit qu’une révision partielle, la LSEE est totalement révisée. Par la même occasion, elle change de nom, pour s’appeler plus simplement Loi sur les étrangers (Letr).
Et les sans-papiers?
Cette nouvelle législation divise les étrangers en deux groupes: les Européens et les autres. La politique des deux cercles est ainsi ancrée dans la loi. C’est ce point qui est au coeur du débat. Alors que l’actuelle LSEE concerne tous les non Suisses, la Letr ne s’applique qu’aux ressortissants de pays extra-européens. Quant aux membres de l’Union Européenne (UE) et de l’AELE, leur sort est réglé par l’accord sur la libre circulation des personnes. Autre reproche fait au projet: il ne règle pas le problème des sans-papiers et de la maind’oeuvre peu qualifiée issue de pays hors UE/AELE déjà présente en Suisse.
Sept ans de travaux
La LEtr, mise en chantier en 1998, a été adoptée par le Parlement en décembre 2005. Plus de 200 amendements ont été apportés par le Conseil national. Les fronts sont en gros les mêmes que pour la LAsi. La droite est cependant moins divisée sur la LEtr. Ainsi, les radicaux genevois y sont favorables, alors qu’ils s’opposent à la LAsi. Dans le camp opposé, la décision des socialistes de ne pas lancer de référendum contre la LEtr en a surpris plus d’un.
ANTOINE GROSJEAN pour 24 Heures
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