Des cheminots du sud-est de la France ont refusé mardi, selon un élu local et un syndicaliste, d'être réquisitionnés par la police pour ramener en Italie des clandestins afghans, une version contestée par les autorités locales qui démentent toute réquisition.
La préfecture des Alpes-Maritimes précise dans un communiqué que 21 Afghans sans papiers ont été interpelés à la gare de Cannes. L'un d'entre eux a été placé en garde à vue pour usage de faux documents, tandis que les 20 autres ont été renvoyés en Italie. Ces Afghans ont été ramenés en train par les policiers français jusqu'à Menton (avant la frontière italienne), selon la préfecture qui dément en revanche la réquisition de cheminots. Elle précise que les clandestins ont été ensuite conduits "dans les locaux" de la police aux frontières avant leur expulsion par voie terrestre. Un responsable du syndicat CGT et un élu du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur avaient affirmé auparavant que la police avait réquisitionné une rame du train pour expulser 39 clandestins afghans.
Les sans-papiers, dont des mineurs, étaient encadrés par sept policiers à bord d'un train express régional (TER), a indiqué à l'AFP Georges Piel, conseiller régional chargé des transports. Franck Boyer, responsable syndical CGT pour les cheminots de Nice et Cannes, a raconté qu'une fois arrivés à Menton, les policiers français avaient été obligés de descendre du train. Ils ont alors demandé au conducteur et au contrôleur du train d'emmener les clandestins jusqu'à la ville italienne de Vintimille, sans présence policière, ce que les employés ont refusé de faire, a-t-il ajouté.
"Laisser un conducteur et un contrôleur avec des clandestins, c'est pas sérieux. Ce n'est pas notre métier et on n'est pas en 42 !", a lancé Franck Boyer, en allusion à la déportation des Juifs de France pendant l'Occupation nazie. La compagnie ferroviaire française SNCF a récemment exprimé ses regrets pour avoir transporté environ 75.000 Juifs vers les camps de la mort. La CGT avait alors rappelé que les cheminots avaient à l'époque payé "un lourd tribut" à la liberté en résistant à l'occupant et que certains avaient aussi été déportés.
"Les reconduites à la frontière sont encadrées par la loi et, en aucune façon, elles ne peuvent se faire de manière sauvage", a commenté de son côté Georges Piel, précisant que le Conseil régional, chargé des transports au niveau local, n'avait jamais donné son autorisation à "ce genre d'expédition".
AFP
"Réquisition" d'un TER pour expulser des Afghans : démenti officiel
La préfecture des Alpes-Maritimes a démenti mardi des informations de source syndicale, relayées par un élu, selon lesquelles une rame de train express régional (TER) avait été réquisitionnée mardi matin pour ramener en Italie 39 clandestins afghans. Le communiqué de la préfecture précise que 21 Afghans en situation irrégulière (et non 39 comme indiqué par la CGT) ont été interpellés sur les quais de la gare de Cannes, dont l'un a été placé en garde à vue pour usage de faux documents.
"Les 20 autres personnes, indique la préfecture, ont été accompagnées par des personnels de la direction départementale de la police aux frontières (brigade des chemins de fer) par voie ferroviaire de Cannes à Menton, d?où elles ont été conduites vers les locaux de la police aux frontières de Menton en vue du traitement des procédures administratives de réadmission vers l?Italie".
Selon Franck Boyer, délégué CGT des agents de conduite de Nice et de Cannes, les policiers auraient demandé au conducteur et au contrôleur du TER d'emmener les clandestins jusqu'à la ville italienne de Vintimille sans présence policière, ce que les employés ferroviaires ont refusé de faire. "Un TER n'est pas un charter", avait réagi auprès de l'AFP Georges Piel, conseiller régional chargé des transports en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) et président du groupe Front de Gauche.
"Les reconduites à la frontière sont encadrées par la loi et, en aucune façon, elles ne peuvent se faire de manière sauvage. D?autre part, le Conseil régional Provence-Alpes-Côte d?Azur a la gestion des TER et jamais il n?a donné une quelconque autorisation à ce genre d?expédition", avait également souligné l'élu, alerté par des syndicats de cheminots. La préfecture a affirmé de son côté que les agents de la SNCF n'avaient pas été sollicités. "Les personnes ont été conduites à la frontière italienne par les agents de la police aux frontières pour être remis aux autorités italiennes ainsi qu'ils sont habilités à le faire", ajoute le communiqué.
Le président socialiste de la région Paca, Michel Vauzelle, a également fait part mardi soir de "sa profonde indignation". "Je suis profondément scandalisé devant de telles pratiques car elles sont, au-delà même de la violence morale qu'elles révèlent, inacceptables dans un Etat de droit", a déclaré Michel Vauzelle dans un communiqué. "Aucun ordre de réquisition écrit n'a été présenté au contrôleur de ce train et la direction régionale de la SNCF n'a pas été informée préalablement comme l'exigent les textes", a-t-il précisé. "Au nom de la Région, autorité organisatrice des transports, je ne peux me contenter de vagues explications officielles", a ajouté le président de la Région, craignant "malheureusement de voir dans cette affaire les relents d'un climat délétère, nourri à la veille d'élections importantes par l'instrumentalisation de faux débats sur l'identité nationale et sur la pression migratoire".
AFP
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