Le nombre de migrants fuyant la Libye a baissé au cours des derniers jours et il est difficile de savoir s'ils sont délibérément retenus dans le pays ou s'ils craignent d'effectuer le trajet, ont indiqué mardi des responsables de l'aide humanitaire.
Moins d'un cinquième des travailleurs étrangers que l'on croit prêts à quitter la Libye sont arrivés à la frontière tunisienne ou en Egypte, soulignent-ils. "La situation évolue de façon très préoccupante en Libye et nous devons être prêts à un éventuel exode. Il est impossible de savoir exactement ce qui se passe de l'autre côté", a dit Antonio Guterres, chef du Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR), au point de passage tunisien de Ras Jdir.
Selon William Lacy, directeur général de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), seuls 15 à 20% des migrants présents en Libye ont quitté le pays jusqu'ici. "Le fait que les flux ont un peu ralenti ne signifie pas qu'il n'y en aura pas d'autres", a-t-il néanmoins noté. Plus de 215.000 migrants ont quitté la Libye depuis le début des combats, mais le mouvement a faibli à la fin de la semaine dernière, selon des représentants du HCR et de l'OIM à Genève.
Des réfugiés arrivant à Ras Jdir, principal point de passage en Tunisie quand on vient de Tripoli, ont accusé de brutalités des soldats loyalistes qui les ont dépouillés de la plupart de leurs effets. "Ils ont dit que nos biens appartenaient à la Libye, que nous les avions gagnés sur les richesses de la Libye et que nous devions les restituer", a dit un homme trop effrayé pour donner son nom. "Ils disaient que tout cela était pour le peuple de Libye, pas pour ceux qui s'en vont quand la Libye a besoin d'eux."
D'autres réfugiés ont dit que le calme régnait à Tripoli mais qu'il y avait de nombreux chars et barrages militaires sur la route conduisant à la frontière. "Ils ont fouillé nos sacs et ont pris ce qu'ils voulaient", a rapporté Saeïda Sassi, arrivée avec ses deux petites filles mais sans son ordinateur portable. Guterres a noté que les forces kadhafistes semblaient avoir pris le contrôle de la zone frontalière ces derniers jours, ce qui pourrait expliquer la baisse du nombre des arrivants.
Mariam Karouny, Philippe Bas-Rabérin pour le service français, Reuters, dans l'Express
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