Le centre d'accueil des demandeurs d'asile (Cada) aide les familles à se reconstruire. Un soutien capital, en attendant, peut-être, le droit d'asile.
Dans leur appartement du troisième au coeur du quartier Parco-Pointer, Herika accueille dans un sourire. Café sucré et petits gâteaux en prime. Cette mère de famille vient d'Arménie. Elle et son mari Khodeda, leurs trois jeunes enfants, Armen, 7 ans, Edik, 6 ans et la petite-dernière Mané, 3 ans, s'y sont installés en mars dernier après avoir passé quelque temps au Gumenen.
La famille est issue d'une toute petite communauté Yézide aux origines kurdes. Victimes de persécutions et de violences physiques, Herika et les siens ont fui leur pays. « On avait trop peur, avoue la jeune femme. Notre petite communauté est victime de discrimination. Il n'y a pas de place pour nous en Arménie. Nous ne sommes pas les seuls à avoir quitté nos racines. Tous les jeunes sont partis... » Les uns en Russie, d'autres en Allemagne. Au bon vouloir des passeurs qui décident de la plupart des destinations des familles dans le désarroi le plus total. Pour eux, ce sera la France. « Une chance, sourit Herika. Une grande chance », ajoute son mari. Surtout celle d'avoir rencontré le Cada.
Une nouvelle vie
Le centre d'accueil des demandeurs d'asile d'Auray aide ces familles en détresse, huit maxi, soit une trentaine de personnes. « Attention, prévient Brigitte Le Lu, assistante sociale, ce ne sont pas des réfugiés mais des personnes en situation administrative de demande d'asile. Le statut de réfugié ne peut être accordé que par l'office de protection des réfugiés apatrides (OFPRA) ».
Un long et périlleux parcours qui n'aboutit pas toujours à la reconnaissance (lire ci-contre). « Nous accueillons des familles qui doivent se préoccuper de leur avenir et de celui de leurs enfants. Elles sont logées en HLM au coeur du dispositif social de la ville. On leur rend les choses accessibles. C'est important pour ces familles en perte de repères, qui ne parlent pas le français. Elles ont laissé leur vie sociale, leur vie professionnelle. Ce ne sont pas forcément des gens pauvres. Nous avons aussi des ingénieurs, une hôtesse de l'air. Mais beaucoup intègrent le Cada après avoir vécu des périodes extrêmement précaires. »
Restent que les Cada de France sont toujours pleins. Auray ne déroge pas à la règle. Cette année, trois familles d'ethnies différentes viennent du Kosovo. Une autre du Daghestan, celle-là est Géorgienne après s'être un temps réfugiée en Russie. Et puis il y a la famille d'Herika. Après s'être heurtée à la barrière de la langue, elle suit désormais des cours de français quatre fois par semaines.
Les enfants sont scolarisés et suivent des cours de musique. Du piano pour Armen, de la guitare pour Edik. « Grâce au soutien du Cada on peut refaire bien des choses. Comme auparavant chez nous. Tout était si compliqué quand on a débarqué... » Le parcours chaotique des débuts, un passage par la Russie puis une série d'hébergements d'urgence a fait place à une nouvelle vie. « Nous participons à des activités associatives comme les cours de langue minute avec Athéna. Khodeda a aidé à la construction du géant », que l'on verra bientôt déambuler dans les rues dans le cadre du festival Méliscènes.
Reste l'attente. Insupportable. Celle de la convocation de la commission de recours à Paris. « Voilà 14 mois que nous attendons. On se sent oubliés... »
Pierre Wadoux dans Ouest-France
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