mardi 15 décembre 2009

Le minaret qui fait le tour du monde


Le bricolage improvisé sur un immeuble de Bussigny à la suite de la votation fait parler de lui aux quatre coins de la planète

Muriel Jarp - le 14 décembre 2009, 21h27
Le Matin

47 commentaires

Un morceau de tuyau en PVC, un bout de bois et un peu de peinture dorée, et hop, c’est parti pour un tour du monde! Le minaret bricolé par Guillaume Morand et son équipe à la suite de la votation du 29 novembre et fiché sur la cheminée de son entrepôt de Bussigny fait parler de lui de Los Angeles à Istanbul. Son auteur n’en revient pas et ne sait plus où donner de la tête, entre les messages de soutien, les demandes d’interview et son portable qui ne cesse de sonner.

Jusqu’à New York
Hier, c’était même le très célèbre new-yorkais Wall Street Journal qui envoyait sa correspondante dans la zone industrielle à la rencontre de l’homme de 46 ans, outré par le oui contre les minarets. Rencontrée à proximité de l’Hôtel de Ville de Bussigny, la jeune femme avoue que c’est bien la première fois qu’elle met les pieds dans le village. «A New York, ma rédaction a trouvé ce geste drôle et sérieux à la fois», confie Deborah Ball. Pour cette journaliste, «Guillaume Morand semble faire un pied de nez à tout le monde. C’est une approche légère pour parler d’une question plus profonde. C’est moins théorique qu’un débat, le message passe ainsi plus clairement.»

Et d’ajouter en riant que Guillaume Morand incarne «l’image que le monde se fait du Suisse». «Car c’est vrai que nous avons tous été surpris par le résultat de la votation. A l’étranger, on a toujours l’idée d’une Suisse ouverte, tolérante.» D’ailleurs, la correspondante américaine n’a jamais reçu autant de réactions de lecteurs qu’à la suite d’articles sur la votation.

Guillaume tell des temps modernes
Guillaume Morand, lui, poursuit son marathon des médias. L’histoire a été reprise par les journaux online de toute la planète et il a été personnellement interviewé par la BBC, Jeune Afrique, Radio Montréal et on en passe. «Ça va, je ne me la pète pas trop», plaisante-t-il, expliquant qu’il est «heureux» de constater «qu’il n’y a pas seulement Oskar Freysinger qui défile sur les chaînes de télé étrangères».

Un Guillaume porte-parole des Suisses donc, ou du moins d’une partie d’entre eux, cela rappelle vaguement l’un de ses ancestraux homonymes. Un prolifique blogueur pakistanais l’a même surnommé «le bon Suisse qui défie l’interdiction».

Célébrité ignorée
Le monde entier a les yeux rivés sur Bussigny. La petite ville de 8000 habitants vit certainement son heure de gloire. Et pourtant de nombreux Bussignolais croisés hier ignorent encore tout de cette soudaine célébrité. «Un quoi? Un minaret? Où ça? Non, désolée, je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler», nous répondait la marchande de journaux.

Aucun commentaire: