mardi 15 décembre 2009

L'Eglise protestante convie des jeunes musulmans au culte de l'Escalade

RACHAD ARMANIOS

ReligionsGENÈVE - Ce samedi, l'Eglise invite à une «communion de coeur» avec les musulmans. Dimanche, le prédicateur plaidera pour une «alliance symbolique».
Après s'être clairement positionnée contre l'initiative anti-minarets, l'Eglise protestante de Genève (EPG) cherche à guérir les plaies que le oui a creusées en favorisant la rencontre et le dialogue entre les différentes communautés. Tandis que le culte de l'Escalade, ce samedi soir, accueillera des jeunes musulmans, la prédication, dimanche à la cathédrale, sera consacrée au vote sur les minarets (lire ci-contre). Depuis près de dix ans, l'EPG convie des représentants d'autres religions et confessions lors du culte de l'Escalade, explique le modérateur de la Compagnie des pasteurs Philippe Reymond. «C'est une fête populaire, l'Eglise doit donc s'ouvrir à la diversité genevoise.» Mais cette année, après le plébiscite pour l'interdiction des minarets, le culte de l'Escalade – ce samedi dès 18h30 à la cathédrale Saint-Pierre – prend un accent particulier. Dès le lendemain du vote, le «pasteur des pasteurs» a décidé d'y inviter les fidèles à une «communion de coeur» avec tous les croyants, mais en particulier avec les musulmans. Plusieurs groupes de jeunes de différentes confessions – protestants, catholiques romains et chrétiens, musulmans et juifs – participeront à la cérémonie.
«Après la votation, j'ai pris conscience de combien douloureux cela pouvait être pour des jeunes de se sentir stigmatisés, en butte aux soupçons, aux peurs, à l'hostilité. C'est pourquoi j'ai voulu donner la parole aux jeunes.»
Par paire (un garçon, une fille), ils présenteront un voeu pour le monde dans lequel ils vivent, au nom de leur communauté. Tandis qu'un jeune homme revisitera l'histoire de l'Escalade en l'actualisant au contexte moderne. Parmi les personnalités, sont notamment invités à la cérémonie le musulman Hafid Ouardiri et le rabbin François Garaï. Philippe Reymond a-t-il noté des réactions hostiles à sa démarche? «Non. Il faut à tout prix éviter de succomber à la tentation de dresser les partisans de l'interdiction des minarets et ses opposants les uns contre les autres.» Dans la dernière édition du Matin dimanche, un sceptique s'est tout de même exprimé. Il s'agit de l'abbé Alain René Arbez, curé de la paroisse catholique de La Seymaz (Thônex et Cologny), qui a voté pour l'initiative.
Il «salue l'idée d'inviter des musulmans à des kermesses paroissiales», a-t-il dit au journal dominical. Mais «inviter des représentants d'autres religions à nos cérémonies, c'est confondre l'oecuménisme et l'interreligieux», déplorait-il au sujet du culte que doit présider aujourd'hui Philippe Reymond.

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