La Commission européenne a demandé mardi aux pays de l'UE de s'engager clairement à mieux intégrer les Roms, notamment via la scolarisation des enfants, estimant que le conflit avec la France en 2010 avait permis de "réveiller" l'Europe sur le sujet.
"La situation en France à l'été dernier a été un appel nécessaire à se réveiller, car à ce moment-là, tout le monde en Europe a repris conscience du fait que les citoyens européens ont des droits et que ces droits doivent être appliqués", a souligné la commissaire à la Justice, Viviane Reding, en présentant des propositions sur une meilleure intégration des Roms.
A l'automne 2010, un conflit virulent avait opposé Mme Reding au gouvernement français au sujet des renvois chez eux de Roms roumains et bulgares venus en France, la commissaire allant jusqu'à faire une comparaison avec les persécutions nazies contre les juifs.
Paris avait au final accepté de modifier sa loi nationale, afin de mieux tenir compte de règles européennes encadrant les renvois chez eux de citoyens de l'UE, et avait échappé à une procédure pour discrimination. Dans son projet présenté mardi, l'exécutif européen demande aux gouvernements de l'UE de lui présenter "d'ici fin 2011" des stratégies nationales spécifiant comment ils comptent mieux intégrer leurs communautés roms, en matière d'éducation, de logement, de santé et d'emploi.
Un accent particulier est mis sur la scolarisation. Bruxelles souhaite que tous les enfants de la communauté rom "achèvent au moins l'école primaire", alors que 42% le font aujourd'hui, contre 97,5% en moyenne pour les autres enfants européens. Pour cela, les gouvernements sont appelés à retrousser les manches. Mais la Commission attend aussi des Roms qu'ils fassent un effort. "Il appartient aussi à la communauté rom de vouloir sortir de la pauvreté", a dit Mme Reding. Il est prévu de former un millier de "médiateurs" roms pour discuter avec les familles.
Un mécanisme de surveillance des progrès sera mis en place, avec l'implication de l'Agence européenne des droits fondamentaux et des rapports annuels de la Commission. Le commissaire aux Affaires sociales, Laszlo Andor, un Hongrois, s'est dit "préoccupé" par les violences racistes visant la communauté des Roms en Europe, notamment dans son propre pays qui assure jusqu'à fin juin la présidence semestrielle de l'Union européenne. "Nous recevons presque quotidiennement des informations parfois alarmantes de divers pays" sur des agressions, a-t-il dit. "L'augmentation de tendances xénophobes et parfois explicitement racistes ces dernières années, comme en Hongrie, est un très grand sujet de préoccupation", a-t-il reconnu. "Il ne peut y avoir de tolérance pour le racisme", a-t-il ajouté.
Un procès vient de débuter à Budapest contre quatre hommes accusés d'avoir tué six Roms, dont un enfant de 5 ans et son père, au cours d'une série d'attaques racistes. Ils sont soupçonnés d'avoir perpétré entre juillet 2008 et août 2009 neuf attaques à la grenade, au fusil et au cocktail Molotov, qui ont fait six morts. Parmi les meurtres commis il y a en particulier ceux d'un père et de son fils de cinq ans, ou celui d'une femme dans son sommeil. En Hongrie, la minorité rom, souvent appauvrie et marginalisée, représente près d'un dixième des 10 millions d'habitants du pays. Près de 70% des Roms sont au chômage.
AFP
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