Les libéraux-radicaux lausannois ont lancé hier leur initiative communale pour interdire l’aumône par métier. L’UDC se frotte les mains.
«Cette initiative, c’est un trait de génie des libéraux-radicaux… en notre faveur!» Claude-Alain Voiblet, candidat UDC à la Municipalité, se frotte les mains. «Que les libéraux-radicaux récoltent les signatures, nous récolterons les voix», dit-il en substance.
Dès la semaine prochaine, la rivalité entre les deux partis gagnera la rue. Le PLR lancera lundi une campagne d’affichage, financée par le PLR Suisse. Deux jours plus tard, l’UDC mettra ses propres placards invitant à signer l’initiative. Les deux affiches sont quasi identiques (voir ci-contre ). Toutes deux disent «Stop (à la) mendicité». Celle de l’UDC parle de «qualité suisse», celle du PLR, «d’amour de la Suisse». Ces affiches proviennent pourtant de deux partis qui ont refusé de s’allier pour les élections communales. «Cette initiative va dans le bon sens, nous la soutenons, mais il sera difficile d’aboutir», estime toutefois Claude-Alain Voiblet. L’UDC aidera donc à la récolte des signatures. Mais elle refuse de siéger dans le comité. Elle revendiquera volontiers la paternité en cas de réussite, mais laissera, le cas échéant, le PLR assumer sa défaite.
8333 signatures à récolter d’ici au 3 mai
«C’est vrai que le thème de la mendicité était jusqu’à peu profilé UDC, reconnaît Mathieu Blanc, président du comité d’initiative et candidat à la Municipalité. Maintenant, nous avons repris le leadership sur le sujet. On peut appeler ça du suivisme, pour moi, cela fait partie du jeu politique.» L’UDC ne sera pas seule à soutenir l’initiative. Les Vert’libéraux devraient faire de même. Le PDC, par contre, ne suivra pas.
Les libéraux-radicaux devront récolter 8333 signatures pour faire aboutir leur initiative communale. La récolte de signatures a officiellement commencé hier. Elle durera jusqu’au 3 mai. Le parti ne veut plus que Lausanne soit «la dernière oasis de la mendicité», en faisant allusion aux interdictions qui existent dans les cantons de Neuchâtel, de Genève et de Fribourg, ou la région de la Riviera.
«Nous ne visons pas les personnes qui demandent de l’argent pour aller dormir à la Marmotte, mais bien ceux qui s’adonnent à la mendicité par métier», précise Mathieu Blanc. C’est-à-dire les personnes qui, «notamment par la fréquence, le temps consacré ou le caractère organisé de leur activité, visent à retirer un gain régulier de la mendicité.» Selon Mathieu Blanc, l’interdiction ne vise pas spécifiquement les Roms.
Pour Martine Fiora-Guttmann, conseillère communale membre du comité d’initiative, il ne se passe pas une semaine sans que les commerçants lausannois ne se plaignent des mendiants. «J’en ai un quasi tous les jours sur l’escalier de mon hôtel. Nous essayons de le chasser, mais il revient tous les jours. Les hôtes de nos villes sont étonnés. Ce n’est pas très bon pour le tourisme.»
Julien Magnollay dans 24 Heures
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