Un requérant d’asile guinéen dénonce la quasi-impunité dont bénéficie ce policier.
Dans le milieu des requérants d’asile guinéens de Genève, on le surnommait «Money Natel». Ce sous-brigadier de gendarmerie, maître d’un chien spécialisé dans la recherche de stupéfiants, serait, à en croire les résidents du foyer du Lagnon, un habitué de la saisie sauvage d’argent et de portables, un spécialiste de l’antidatage des reçus et un adepte de la petite commission personnelle. La justice enquête-t-elle trop mollement sur ces accusations? C’est la question posée à la Chambre pénale de recours.
Le policier a bien été inculpé de faux dans les titres le 4 juin 2010 pour avoir trafiqué le procès-verbal d’audition d’un requérant d’asile. C’est loin d’être suffisant, a plaidé jeudi Me Jean-Pierre Garbade, au nom d’un autre Guinéen qui soutient lui aussi avoir été dépouillé par ce gendarme. En substance, le plaignant reproche au policier de lui avoir pris de l’argent en vue de régler des contraventions passées mais aussi futures – et cela en l’absence de toute base légale –, d’avoir modifié les dates de ces saisies pour s’éviter des ennuis, et de s’être approprié une partie des sommes en question sans donner de quittance.
L’enquête diligentée en 2007 par l’Inspection générale des services (la police des polices), suite aux déclarations de plusieurs résidents de ce foyer, a souligné le peu d’orthodoxie de certaines méthodes employées par le gendarme tout en s’interrogeant sur des disparitions de drogue, d’argent et de Natel. «Il a peut-être voulu jouer au justicier et cela n’a rien d’extraordinaire. Ce qui serait vraiment scandaleux, c’est de fermer les yeux et de soustraire de tels abus au débat juridique», a conclu Me Garbade.
Grotesque et invraisemblable, a rétorqué Me Olivier Jornot. Pour le défenseur du gendarme, les arguments du plaignant relèvent d’un «gigantesque amalgame» et traduisent surtout l’inimitié qu’inspire aux trafiquants un policier qui fait son travail. Certes, ce travail a pu avoir quelques ratés et ce dernier s’en expliquera. «Il ne faut toutefois pas lui faire porter le chapeau d’une pratique répandue dans l’institution», a ajouté Me Jornot, en faisant référence aux sommes confisquées en vue du paiement de contraventions. Quant à des vols d’argent, aucun indice sérieux ne permettrait d’enclencher des poursuites.
La Chambre de recours dira si l’ancien juge d’instruction, et désormais procureur, Michel Graber doit se montrer un peu plus pugnace dans ce dossier. Un magistrat dont le plaignant n’attend plus grand-chose. Me Garbade a demandé sa récusation en soulignant «son silence assourdissant et son manque d’ardeur».
Fati Mansour dans le Temps
1 commentaire:
....les Juges d'instruction.....
A vouloir étouffer la revolution des opprimés on favorise la revolution violente de la police.
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