Le PLR lausannois a récolté hier les premières signatures pour son initiative populaire communale intitulée «Stop à la mendicité par métier!». D'ici au 3 mai, au moins 8333 signatures valables devront avoir été récoltées. Le PLR pourra compter sur l'appui des Vert'libéraux et – surtout – de l'UDC pour y arriver.
Comme il l'a annoncé mardi déjà, le parti blochérien diffusera sa propre affiche pour faire signer l'initiative rédigée par le PLR. Alors, hier devant la presse, c'est peut-être pour éviter qu'on les confonde encore un peu plus avec des élus UDC que les représentants du PLR ont évité d'employer spontanément le mot «Roms» dans leurs exposés. Et pour soutenir la récolte, ils ont présenté l'affiche financée par le PLR Suisse et disant «Stop à la mendicité. Par amour de la Suisse». Le texte de l'initiative interdit «à toute personne de s'adonner, d'organiser ou d'inciter à la mendicité par métier sur l'ensemble du territoire communal». Un mendiant «par métier», c'est «celui qui, notamment par la fréquence, le temps consacré ou le caractère organisé de son activité, vise à retirer un gain régulier de son activité», définit l'initiative. Un récidiviste «pourra être appréhendé et conduit au poste de police à des fins d'interrogatoire». Jusqu'au 3 mai, ils devront récolter au moins 8333 signatures valables. Le comité d'initiative est composé uniquement de membres du PLR, avec ses deux nouveaux candidats à la municipalité en vedettes: Mathieu Blanc en est le président et Marlène Bérard la vice-présidente. Les cantons de Fribourg, Neuchâtel, Genève et «la plupart» des alémaniques appliquent déjà une telle interdiction, ont dit les initiants devant les médias. Le droit pénal vaudois – effacé par le nouveau Code pénal suisse – interdisait la mendicité jusqu'en 2007. Puis le Grand Conseil refusa une interdiction, préférant laisser cette possibilité aux communes. Les communes de la Riviera viennent de le faire. Son application a un effet dissuasif, jugent les initiants. Les communes de l'Ouest lausannois en discutent aussi, même si le parlement communal de Renens, à majorité de gauche, s'y oppose. Les initiants disent craindre qu'à terme, Lausanne ne devienne une «oasis» de la mendicité.
«Nous ne nous en prenons pas aux personnes qui, de temps à autre, ont quelques fins de mois difficiles et demandent quelques francs pour aller à la Marmotte (gîte d'urgence dont l'entrée coûte 5 fr., ndlr), explique Mathieu Blanc. Ce qui irrite les Lausannois, ce sont vraiment ces bandes de gens qui arrivent le matin ensemble, qui sont placés à des endroits et vers lesquels passent ensuite les récolteurs pour chercher l'argent. Ils agacent les Lausannois, les commerçants et les touristes. Il s'agira d'éviter le débat de conscience et de séparer mendicité et pauvreté.» Selon les initiants, les mendiants sont «50 à 60 à Lausanne» et peuvent augmenter le sentiment d'insécurité: «Quand vous voyez des gens qui se traînent, ils peuvent effectivement faire peur, ils hèlent le passant», précise Martine Fiora-Gutmann. Autre élue PLR, Françoise Longchamp ajoute: «Ils sont souvent derrière nous quand nous sommes au bancomat. Et certains vous agressent verbalement si vous ne leur donnez rien.»
Jérôme Cachin dans le Courrier
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