Il n’y aura pas de directive nationale sur le port de signes religieux pour les journalistes. Mais en Suisse romande, la RTS a dû trancher.
Un média de service public peut-il compter dans ses rangs une journaliste portant un foulard islamique? Confrontée à ce dilemme, la Radio Télévision Suisse (RTS) – Radio et Télévision suisse romande – doit désormais se débrouiller seule. Car à Berne, malgré ses promesses, la SSR renonce finalement à trancher dans ce délicat dossier qui suscite le débat. Origine du malaise: la postulation à la Radio suisse romande, en fin d’année dernière, d’une étudiante en journalisme qui porte le hijab ( 24 heures des 6-7 janvier ).
Dimanche dernier, Roger de Weck, le nouveau directeur général de la SSR, a ainsi annoncé à la NZZ am Sonntag qu’aucun règlement ne serait élaboré au niveau national: «Une directive est complètement inutile aussi longtemps que, sur 6100 employés, il y a un cas à résoudre toutes les années bissextiles. Tant que l’on a affaire à de rares cas isolés, c’est aux supérieurs qu’il appartient de décider, en s’appuyant sur le sens commun et en considérant les intérêts de l’entreprise et du service public.» Et Roger de Weck de conclure: «Il y a suffisamment de règles à la SSR, pour ne pas dire trop.»
Cette prise de position est aux antipodes des promesses faites par la SSR, en janvier, d’élaborer des «directives claires» sur le port de signes religieux dans les médias de service public du pays. Une prise de position était attendue d’ici au printemps, promettait-on.
La direction de la RTS n’a donc pas eu d’autre choix que de trancher par elle-même. Verdict? Les journalistes amenés à exercer leur métier sur le terrain, lors d’interviews, de conférences de presse ou d’apparition à l’écran, devront s’abstenir d’afficher des signes d’appartenance ostentatoire. Mais la religion n’est pas seule touchée: «Cela concerne aussi bien le port d’un foulard islamique que l’expression d’un symbole politique ostentatoire ou d’appartenance à une association», explique Manon Romerio, directrice de la communication à la RTS. Qui conclut: «Le ou la journaliste est tenu de présenter une apparence d’impartialité à son interlocuteur et au public.» Cette pratique, qui relevait jusqu’ici d’une règle non écrite dans la profession, sera désormais «précisée si besoin par les rédactions en chef concernées».
Quant à l’aspirante journaliste voilée, elle a pour l’heure reçu une réponse négative à l’une de ses deux postulations à la Radio suisse romande. «Elle ne correspondait pas aux critères de base» (en termes de formation), note la RTS. Pour la deuxième, la sélection est encore en cours.
Martine Clerc dans 24 Heures
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