mardi 2 novembre 2010

"Quand on fait sa pub, comme l'UDC, on se moque de la vérité"

Fulvio Pelli refuse l’arbitraire de l’initiative UDC. Interview Xavier Alonso, Berne, pour 24 Heures.

Le président du PLR est déçu d’EconomieSuisse. Il ne le cache pas. Le contre-projet – soutenu par le Conseil fédéral, le PLR, le PDC et le PBD – manque d’argent pour faire campagne contre l’initiative sur l’expulsion des étrangers criminels. Fulvio Pelli estime que quelque 150 000 à 180 000 f rancs seulement ont été récoltés pour affronter la puissante machine UDC. Mais «même avec peu de moyens on peut faire une bonne campagne. Surtout quand on a raison», pense le Tessinois.

Le contre-projet est à la peine dans les sondages. Pourquoi?

La campagne UDC sur son initiative a commencé il y a longtemps. Celle sur notre contre-projet vient de démarrer. Je suis confiant. A la fin, les Suisses comprendront et préféreront les avantages du contre-projet.

Votre slogan est «Ferme, mais juste!». Que doit-on retenir, ferme ou juste?

Tout d’abord «ferme». Le problème des étrangers criminels existe. Les textes de loi qui en traitent ne sont pas très connus. Et le principe de l’expulsion existe comme possibilité, mais pas comme règle. Nous sommes convaincus que le principe de l’expulsion est approprié. Mais la justice pour s’appliquer correctement doit respecter certaines règles. Comme la proportionnalité, qui doit tenir compte de la gravité des jugements prononcés. Ça, c’est le «juste».

Ce contre-projet est-il un texte vraiment motivé pour le PLR ou une réaction à la votation sur les minarets l’automne dernier?

Notre texte est une tentative pour avoir une règle claire. Qui permettrait à la Suisse de ne pas être en contradiction avec plusieurs principes du droit national et international. Car, si l’initiative va dans la bonne direction, elle est manichéenne. Et inapplicable. Par rapport à l’initiative, le contre-projet est une opération parallèle – car ferme – mais contraire – car elle respecte la loi et les principes du droit national et international .

La campagne animée par l’UDC est émotionnelle. Vous répondez par des arguments juridiques. Est-ce suffisant?

No us le verrons le jour de la votation… Il y a effectivement une tendance à l’émotionnel qu’exploite l’UDC. Mais notre réponse – le contre-projet – est meilleure et correcte. C’est le devoir et la responsabilité du PLR de la proposer. Nous l’avons fait au parlement aussi, mais l’UDC et le PS l’ont refusée: le résultat, c’est deux ans de retard!

Les chiffres des expulsions d’étrangers criminels commencent seulement à être disponibles. Ils démontrent que la loi actuelle est suffisante lorsque les magistrats font leur travail. N’est-ce pas dommage?

Les informations sont données dans la mesure où elles sont demandées. L’UDC a lancé son initiative pour capter un climat bien davantage que pour répondre à un problème. Quand on fait sa pub, comme l’UDC, on se moque de la vérité. Nous pensons tout de même qu’il est dommage que la possibilité de l’expulsion soit cachée dans les textes. La Suisse a besoin de cohérence et de visibilité sur cette thématique sécuritaire.

Le PS reste sur sa position de deux fois non, mais fait savoir qu’entre les deux textes il faut choisir le moindre mal: le contre-projet. C’est bon pour vous?

Evidemment, le peuple pourrait dire deux fois oui: à l’initiative et au contre-projet! Et la troisième question, la subsidiaire, sera la plus importante. Je suis donc satisfait de constater que le PS donne une indication raisonnable à ses membres.

Mais, quoi qu’il arrive, l’UDC n’a-t-elle pas déjà gagné et imposé le thème?

L’UDC est spécialiste dans l’activité de poser des questions auxquelles on doit répondre par oui! Mais elle l’est beaucoup moins quand il faut apporter des réponses applicables. Nous essayons de transformer cette initiative en quelque chose de constructif.

Demain dans nos colonnes: Christoph Blocher défend l’initiative de l’UDC.

Xavier Alonso Berne

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