Programmés dans le cadre du Festival Cinéma Tous Ecrans, qui se tient à Genève du 1er au 7 novembre, les deux films «Der Albaner» et «Vespa» traitent de l’exclusion sociale au sein d’une Europe indifférente au sort des défavorisés.
Outre les nombreuses séries TV et productions web, le festival Cinéma Tous Ecrans (CTE), qui se tient à Genève du 1er au 7 novembre, met à son affiche 14 longs métrages. Lesquels sont programmés en «Compétition internationale», offrant une plongée fantasque ou risquée au cœur de l’humain et de l’Europe.
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Intégration
Deux longs métrages qui, sans être militants traitent de l’exclusion sociale au cœur d’une Europe que l’on croirait au-dessus de tout soupçon, alors qu’elle laisse courir l’injustice dans les rangs de sa population. Population marginalisée comme les Roms en Hongrie («Vespa»), ou démunie comme les travailleurs immigrés en Allemagne («Der Albaner»).
Heureux hasard dans le choix de ces deux sujets qui recoupent l’actualité. Car à ceux qui l’auraient oublié, on rappellera que 2010 est officiellement «Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale». Cela n’aura pas échappé à Claudia Durgnat, la nouvelle directrice du festival Cinéma Tous Ecrans, qui dans sa sélection «Longs métrages», accorde une place privilégiée à la question de l’intégration.
Question brûlante sur laquelle l’Europe achoppe. «Vespa» et «Der Albaner» montrent, chacun à sa manière, comment en l’absence d’une véritable politique européenne d’insertion, c’est le système D qui fonctionne. Un comble! La solidarité contre la précarité. Solidarité entre défavorisés à l’intérieur d’une même ville ou d’un même quartier, ou encore d’une frontière à l’autre de l’Europe.
Amour et exil
Europe de l’Est et Europe de l’Ouest. Les deux s’opposent comme le jour et la nuit. Pauvreté de l’Albanie et richesse de l’Allemagne où Arben, un jeune Albanais beau et plein de bonne volonté, va se rendre clandestinement pour gagner vite de l’argent.
Raison de cet exil clandestin? Une jeune paysanne qu’il aime, qui porte son enfant, et qu’il ne peut épouser que s’il fournit à sa famille la somme de 10.000 euros.
L’histoire d’amour, qui s’appuie sur un cliché éculé, est un prétexte qui permet au réalisateur Johannes Naber de faire avancer «Der Albaner» dans les bas-fonds de Berlin où la police fait de la représentation. Où la pègre asservit les travailleurs sans papiers. Où les sans papiers s’entraident au mépris de leur vie.
Remise en cause, l’intégration sociale d’Européens par d’autres Européens passe ici par Coca-Cola, Mac Donald, le téléphone portable et Internet. Produits de consommation qui sont les seuls à rapprocher les deux bords de l’Europe dans «Der Albaner».
Voyage initiatique
Dans «Vespa», on retrouve ces diables de produits, expédients pour une vie meilleure dont rêve le héros du film, Lali, un jeune Rom de 12 ans qui vit avec sa mère, non loin de Budapest, dans une banlieue qui ressemble à une décharge publique.
Ce qui le relie à la réalité, c’est le portable, la cigarette, le Coca… et ce bon gagnant pour une Vespa qu’il a trouvé dans une tablette de chocolat.
Pour obtenir son scooter, il lui faut se rendre dans la capitale. Commence alors un voyage initiatique au bout duquel le petit garçon perd ses forces et son innocence, et grâce auquel la cinéaste parcourt le quotidien des Roms. Une communauté à la lisière de la Hongrie, confrontée à l’indifférence de ses compatriotes nantis, et poussée dans ses derniers retranchements. Exactement comme Lali.
Pour lire l'intégralité de cet article de Ghania Adamo, swissinfo.ch, Genève
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