La mendiante rom arrêtée jeudi matin à l’aube par les policiers dans les locaux de l’Armée du Salut du quartier de Saint-Jean a été libérée vendredi après-midi, selon l’avocate Dina Bazarbachi, présidente de l’association Mesemrom. «Nous avons déposé une requête et elle a pu sortir», commente-t-elle. Par ailleurs, ses trois enfants âgés de 9, 6 et 3 ans, qui dormaient avec elle et qui ont été placés en foyer, avaient été confiés quelques heures plus tôt à leur tante, information confirmée par le Service de protection des mineurs (SPMi). Un article de Christian Lecomte dans le Temps.
Pour rappel, la mère était recherchée pour délit de mendicité. «Ses amendes, qui s’élevaient à 2000 francs, avaient été converties en peine privative de liberté de 22 jours», précise l’avocate, qui a dénoncé une détention illicite. «Nous avons assisté à ce qui s’est déjà passé à maintes reprises, explique-t-elle: les contraventions ont été notifiées de manière indue dans la Feuille d’Avis Officielle. cette voie n’est en effet ouverte qu’à des personnes ne disposant pas de domicile et ce n’est pas le cas s’agissant des Roms de passage à Genève, dont ma cliente, qui, tous, disposent d’une adresse figurant sur leur carte d’identité roumaine.»
Pour l’exemple
Aucun commentaire de la police genevoise qui, hier, ne souhaitait pas communiquer sur le cas de cette femme. Pour la responsable de Mesemrom, il ne fait aucun doute que la «descente» de jeudi fait suite à la décision prise la veille par le Conseil d’Etat, autorisant les forces de l’ordre à appréhender tout mendiant accompagné d’enfants et à confier ces derniers aux services des mineurs en prononçant si nécessaire la clause péril. Celle-ci permet le retrait immédiat du droit de garde des parents sur l’enfant et son placement.
«On a voulu faire un exemple et terroriser la population rom, c’est le début des dérives», accuse Dina Bazarbachi. Les militants de Mesemrom ont par ailleurs tenté toute la journée de jeudi de savoir ce qu’il était advenu de la maman et de ses trois enfants, sans que ces interventions aient abouti. «Un policier du poste de la Servette m’a même dit avec cynisme: «Vous n’avez qu’à faire un signalement de disparition.» Et durant tout ce temps, le père, qui est souffrant et qui a dû rentrer à Annecy où la famille loge, était désespéré.»
L’avocate a d’autre part appris que le plus jeune des enfants avait été séparé des deux autres «faute de place dans le foyer d’accueil» et «placé pour la nuit dans le service de pédiatrie de l’hôpital cantonal». «La police dit qu’elle souhaite agir avec humanité, elle n’en prend pas le chemin, poursuit Dina Bazabachi. Elle s’indigne quand elle voit des enfants roms qui dorment parmi les rats et les poubelles, c’est oublier que ce sont ces mêmes policiers qui l’an dernier ont systématiquement détruit leurs campements.» L’avocate compte porter plainte pour «tort moral énorme» et demander de fortes indemnités.
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