samedi 11 juin 2005
Jean-François Bergier dénonce les renvois forcés
L'historien Jean-François Bergier s'oppose au renvoi du groupe dit des "523" requérants d'asile dans le canton de Vaud. Il n'admet pas que, dans un Etat de droit, l'on recoure à la contrainte pour expulser des gens qui n'ont commis aucun délit.
Selon lui, les renvois forcés présentent des analogies avec l'attitude de la Suisse lors de la Seconde Guerre mondiale. "Dans les deux époques, on a d'un côté des textes, des règlements comme la fameuse circulaire Metzler. Et de l'autre des individus", a expliqué le Vaudois dans un entretien accordé "24 Heures" et à la "Tribune de Genève".
Durant la guerre, "hormis quelques exceptions, les textes ont été appliqués aveuglément. Ne pas reconnaître aux Juifs ou aux Tziganes le statut de réfugié politique était une aberration. Ces gens étaient menacés de mort", a rappelé M. Bergier. Or, on fait aujourd'hui la même erreur: "on applique des textes à la lettre sans étudier la situation des gens".
Le contexte idéologique présente aussi des similitudes: "il y avait comme aujourd'hui
la peur de l'étranger, la peur des gens différents". Depuis le XVIe siècle, les villes suisses ont connu des vagues successives de réfugiés d'importance considérable et "il y a toujours eu une réaction de rejet ou d'accueil sélectif", a précisé l'historien.
Selon lui, la tradition humanitaire de la Suisse existe encore, mais "au niveau des autorités, c'est un humanisme sélectif, à la carte". Pour maintenir cette tradition et "garantir nos valeurs démocratiques et fédéralistes", Jean-François Bergier préconise un enseignement plus systématique de l'histoire, qui donne aux jeunes le sens de la continuité de l'histoire dans la longue durée.
Lire la dépêche ATS du Matin
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