Si les appels au boycott se multiplient, aucun acte violent contre les ambassades suisses ne s'est produit. [Reuters]
La votation sur les minarets continue de faire la Une des gazettes helvétiques. Quatre jours après le scrutin, aucun acte de représailles n'a frappé les ambassades suisses dans les pays arabes. A l'interne, tandis que certains enfoncent le clou en proposant de nouvelles mesures visant les musulmans, d'autres tentent de rattraper le coup en leur adressant des messages d'ouverture.
"L'après 29 novembre" La Suisse surveille les réactions à l'étranger après le vote sur les minarets. Premier constat: celui, rapporté par La Liberté , du directeur de Présence Suisse, cette unité du département des Affaires étrangères en charge de la communication internationale: "pour l'instant on ne note aucune menace. Il n'y a eu aucune manifestation devant nos ambassades et le drapeau suisse n'a pas été brûlé". Johannes Matyassy reste néanmoins attentif à la prière du vendredi. Est-ce le calme avant la tempête, demande La Liberté. Ces dernières années, répond le diplomate, nous avons tissé tout un réseau de contacts parmi les faiseurs d'opinion dans les pays musulmans. Ce réseau est aujourd'hui mis à profit pour calmer le jeu, expliquer le vote et rappeler que la Suisse n'est pas contre la pratique de l'Islam ni contre les mosquées. Néanmoins, poursuit Johannes Matyassy, le message n'est pas facile à faire passer car on voit que les initiants dans leurs déclarations vont plus loin que la seule question des minarets.
L'intégration en question Un de initiants de la campagne anti-minarets a les honneurs d'un quotidien français. Celui que Le Figaro appelle le barde à longs cheveux: Oscar Freysinger. L'UDC valaisan a eu tout loisir de raconter sa vie au journaliste ébahi qui découvre un homme ravi de rappeler qu'on l'a traité de Le Pen de pacotille, de sale Suisse. Celui que Le Figaro appelle le fer de lance de la campagne anti-minarets ne croit pas aux représailles. Les choses vont se calmer, jure Oscar Freysinger. D'ici trente ou quarante ans l'islam aura fait sa mue et il n'y aura plus de problème. Il faut que l'Islam ait son siècle des Lumières, conclut le Valaisan. Dans Le Matin , un autre Valaisan, qui veut lui faire interdire la burqa, s'explique longuement. Le PDC Christophe Darbellay réaffirme qu'il y a un problème d'intégration avec les musulmans. A la question de savoir si son combat est motivé par les valeurs chrétiennes qu'il défend, il répond: Le C de Chrétien, c'est la tolérance, la solidarité et le respect de l'autre. Le C ne veut pas dire que nous sommes la carpette du monde, que nous cautionnons la violence, le mariage forcé, le fondamentalisme ou les mutilations génitales.
Levrat en défenseur des musulmans Dans les gazettes alémaniques, deux messages sont adressés aux musulmans. Le premier, dans le Tages-Anzeiger, est celui du président du Parti socialiste Christian Levrat. Le Fribourgeois se profile en anti-Darbellay. Plutôt que de rebondir sur le vote de dimanche en prônant de nouvelles interdictions, le président du PS veut envoyer un signal positif à la communauté islamique. Accueillons maintenant quelques prisonniers de Guantanamo, lance-t-il. Le deuxième message, dans la Neue Zürcher Zeitung , est signé d'un prof d'histoire égyptien à l'Université de Munich. Hamed Abdel-Samad raconte cette religion islamique incapable de se réformer à travers les siècles. Chaque fois, les efforts de s'adapter à la modernité ont buté sur la toute puissance du Coran. La seule évolution possible, selon l'auteur, c'est une réconciliation entre l'islam et l'athéisme.
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