jeudi 3 décembre 2009

Christophe Darbellay: «On n'est pas la carpette du monde!»


Sandra Jean/Viviane Menétrey - le 03 décembre 2009, 10h30
Le Matin

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Après la burqa, vous vous attaquez aux cimetières musulmans et juifs. Qu'est-ce qui vous arrive? Vous dérapez?
Pas du tout. Je n'ai jamais dit que je voulais interdire les cimetières juifs. Tout ce que j'ai dit dimanche au sujet de l'islam figure dans des documents du PDC de 2006 et 2007. Je n'avais donc aucune raison de changer de discours, je dis la même chose depuis 3 ans. Quant aux cimetières, cela ne me pose aucun problème d'être enterré à côté d'une personne d'une autre religion. Mais je n'imagine pas que dans ce pays, pour chaque religion, chaque secte ou confession, on fasse un cimetière séparé dans chaque village. Cela ne serait plus gérable si nous faisions de nouvelles exceptions. Les communes sont responsables de ces décisions et le principe veut en général que l'on ne fasse pas de distinction d'origine ou de religion.

Mais vous êtes le seul à réagir aussi vivement au Parlement. Vous ajoutez de l'huile sur le feu!
Je n'ajoute pas une once d'huile sur le feu! Je répète simplement ce que j'ai toujours dit en répondant aux questions qu'on me pose. Ces revendications datent de 2006. J'ai toujours le même avis sur la question et je ne vais pas en changer!

Même l'UDC ne va pas aussi loin que vous. Vous sautez dans leur train?
C'est ridicule! Franchement, je ne comprends pas ce type de procès. Ce que je dis, je le dis depuis 2006! L'UDC a peur de sa victoire et du résultat car elle n'a jamais envisagé de gagner.

Franchement, ça fait un peu récupération politique. Pourquoi avoir été si discret durant la campagne antiminarets?
J'ai accepté toutes les invitations et les émissions. Et j'ai toujours commencé par dire: «Je reconnais que nous avons des problèmes à résoudre.» Ce ne sont pas les minarets, mais il y en a d'autres. Au moins, maintenant, les journalistes s'intéressent à ce que je dis depuis longtemps.

Mais la burqa ne pose pas problème aujourd'hui.
Ce n'est pas la seule question, mais c'est un symbole. Il y a toutes sortes de problèmes et laisser pourrir les choses est la pire des solutions. La burqa n'est pas compatible avec l'intégration souhaitée, ni avec l'égalité hommes-femmes.

Il y a donc vraiment un problème avec les musulmans de Suisse?

La plupart d'entre eux sont intégrés, mais une minorité refuse de respecter nos règles et rêve d'une charia à la place de la Constitution fédérale, et ça, c'est inacceptable! Nous sommes tous égaux devant la même loi.

Vous vous attaquez donc à une infime minorité. Est-ce que ça vaut vraiment le coup?
Peut-être mais vous ne pouvez pas ignorer une minorité. Quand on parle de la violence chez les jeunes, cela ne concerne qu'une petite partie d'entre eux. Vous ne pouvez pas faire comme si ce problème n'existait pas. Sinon, on ne s'occupe plus de drogue, ni de violence ou de fondamentalisme religieux. La population a peur des fanatiques et nous ne pouvons rester sourds.

Quels sont les problèmes avec les musulmans?
Nous avons en Suisse un problème d'intégration. Il n'est pas spécifique aux musulmans, mais il touche une partie de la dernière génération de migrants. Nous devons aussi résoudre les problèmes de violence, de criminalité, et nous attaquer aux questions de sécurité. Cela suppose une vraie politique d'intégration et aussi de la fermeté.

Mais quand vous parlez intégration, vous visez les musulmans en particulier?
Entre autres. Il y a un certain nombre de choses à faire passer dans cette communauté: l'égalité homme-femme, des chances, la question des mutilations génitales, des meurtres d'honneur ou des mariages forcés. Nous avons déjà beaucoup de dispositions légales. Il faut simplement les appliquer.

C'est-à-dire?
Si un imam ne parle pas une des langues nationales, est mal intégré, et qu'en plus, il prêche la haine envers le monde occidental, il n'a rien à faire chez nous. Jusqu'à aujourd'hui, un seul canton a décidé de renvoyer un imam radical: le Valais.

Vous êtes en train de nous dire que les cantons ne font pas leur travail?
Tous ne font pas leur devoir. Les cantons doivent mener une politique d'intégration humaniste et exigeante. C'est ce que je prône et je ne céderai pas sur ce point. Jusqu'ici, nous n'avons pas défini assez clairement les règles du jeu. Concernant la formation des imams, par exemple, il y a des choses à faire et chacun le sait.

Pourquoi vouloir rajouter des règles alors qu'il existe déjà des lois interdisant la discrimination?
Mais il faut les traduire dans la pratique! Des gens me disent que des directeurs d'écoles acceptent des dispenses de gym, de natation en raison de la religion. Quand on vit dans un pays, il faut s'adapter à ses règles, sinon, on n'a rien à y faire. Il n'y a pas de concessions à faire sur l'école. Ne pas appliquer cette égalité, c'est ce qui rend les gens fous, et qui explique en partie le vote de dimanche...

Concrètement que va faire le PDC?

Nous allons développer un certain nombre de positions, demandant différentes mesures: de l'intégration, de la formation, des sanctions, des interdictions. Ce sera peut-être un projet de loi ou des interventions parlementaires, c'est encore à voir.

Pourtant votre parti semble se distancier de vous. Hier, (ndlr: Mardi ), Urs Schwaller déclarait que les interdictions n'étaient pas une solution.
Nous n'avons jamais dit que nous nous limiterions à des interdictions. Mon parti est derrière moi, même si tout le monde n'est pas d'accord. La présidence savait exactement ce que j'allais dire dimanche après cette votation et personne ne s'y est opposé. Il est vrai que certains politiciens ont eu des amnésies et se sont offusqués, mais je leur ai rappelé ce qu'ils avaient signé en 2006.

Votre combat est-il motivé par les valeurs chrétiennes que vous défendez?
Le «C» c'est la tolérance, la solidarité, le respect de l'autre. Le «C» de chrétien ne veut pas dire que nous sommes la carpette du monde! Que nous cautionnons la violence, le mariage forcé, le fondamentalisme ou les mutilations génitales!

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