"Welcome" a été largement plébiscité par les députés européens lors du vote final. "C'est une bonne surprise", reconnaît Emmanuel Courcol. "Cela a une double avantage : le film a été largement vu au sein du Parlement, a été bien reçu, a touché les députés. Comme le film met en scène une forme d'absurdité du monde, un ordre injuste et absurde, on peut penser que cela aura un écho chez eux".
De fait, le prix LUX donne un coup de pouce qui aidera le film à gagner en notoriété en Europe. Le prix permet en effet le sous-titrage dans les 23 langues officielles de l'Union européenne et son adaptation pour les personnes atteintes d'un handicap visuel ou auditif.
Le débat sur l'assouplissement de la législation française relancé
"Welcome" raconte l'histoire d'un jeune réfugié kurde qui, bloqué à Calais, tente de traverser la Manche à la nage, aidé par un maître-nageur calaisien (joué par Vincent Lindon). Le film avait fait grand bruit à sa sortie en mars 2009, évoquant notamment l'interdiction pour les bénévoles d'aider les migrants en situation irrégulière, selon le principe qualifié de "délit de solidarité" par les associatifs.Le règlement Dublin II (mars 2003) organise le droit d'asile dans l'Union. L'examen d'une demande d'asile revient à un seul Etat membre, pour éviter les demandes multiples. La responsabilité de cet examen revient en priorité : à l'Etat membre où un membre de la famille du demandeur d'asile réside déjà en tant que réfugié; à l'Etat membre qui avait accordé un titre de séjour au demandeur; à l'Etat membre qui avait accordé un visa. Si au bout d'un an aucun Etat n'a pu être sélectionné, c'est l'Etat où le réfugié a séjourné le plus longtemps qui examine la demande d'asile.
Le ministre de l'Immigration Eric Besson récuse cette appellation, arguant qu'aucun bénévole n'a été condamné, mais uniquement des passeurs ou logeurs. Les bénévoles rétorquent en clamant que les intimidations et gardes à vue décrites par le film sont bien réelles.
L'article L622-1 prévoit que "toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d'un étranger en France sera punie d'un emprisonnement de cinq ans et d'une amende de 30 000 Euros."
Emmanuel Courcol espère une transposition complète en France de la directive européenne du 28 novembre 2002précisant que les poursuites vont "à l'encontre de quiconque aide sciemment, dans un but lucratif, une personne non ressortissante d'un État membre à séjourner sur le territoire d'un État membre". Il appartient aux Etats membres d'appliquer la directive en faisant référence au "but lucratif" ou pas. "Si on retranscrivait la directive européenne, il n'y aurait pas de poursuites contre les bénévoles. J'espère que cela va faire bouger les choses. Un film ne suffit pas pour cela, mais la remise de ce prix est un signe d'espoir."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire