Poignardé en plein centre EVAM (ex-Fareas) de Leysin pour 50 francs, un Gambien de 27 ans doit sa survie au sang-froid du surveillant du foyer et d’un jeune Somalien. Retour sur l’agression qui a eu lieu le 3 novembre dernier.
© PATRICK MARTIN | Mohammed Cabdi Cadaan a fait preuve de sang-froid. Témoin de l’agression, il s’est précipité pour venir en aide à son camarade blessé. «Le sang s’est mis à gicler contre les murs. Il y en avait énormément», se souvient le Somalien de 23 ans.
«J’ai énormément de chance d’être encore en vie. Je remercie les personnes qui m’ont sauvé. Mais j’ai aussi très peur. Je suis revenu ici parce que je n’ai nulle part où aller.» D’un ton hésitant, Yao* revient sur l’agression dont il a été victime le 3 novembre, au centre EVAM (Etablissement vaudois d’accueil des migrants, ex-Fareas) de Leysin.
Il est près de minuit. Dans la cuisine, située au premier étage du foyer Saint-Agnès, ce Gambien de 27 ans «se prend de bec» avec un Nigérian d’une vingtaine d’années. «Apparemment une querelle au sujet de 50 francs», relatent plusieurs témoins qui n’en savent pas davantage. Le ton monte. Bousculade.
«J’étais dans ma chambre. J’ai entendu des voix et une vitre se briser dans la cuisine, se souvient Mohammed Cabdi Cadaan, jeune Somalien de 23 ans, arrivé au centre en août 2008. Je suis sorti et j’ai vu l’agresseur sortir un couteau de 15 centimètres.»
Yao tente de repousser son assaillant. La lame vient se ficher dans le bras de la victime. «Elle l’a traversé de part en part, relate Mohammed, avec aplomb. Le sang s’est mis à gicler. Il y en avait énormément.»
L’artère est touchée. Yao ne doit sa survie qu’au sang-froid du surveillant en place et de Mohammed. Le premier se précipite pour protéger le blessé. Le second retire sa ceinture pour en faire un garrot. L’assaillant, lui, remonte dans sa chambre au 3e étage avant de s’enfuir.
«J’ai peur que ses amis s’en prennent à moi»
Yao est immédiatement conduit à l’Hôpital de Monthey, d’où il n’est sorti que mardi. Quant à son agresseur, interpellé à Lausanne par une patrouille de la police municipale au lendemain de la rixe, il a été inculpé de tentative de meurtre et placé en prison préventive.
Une semaine s’est écoulée depuis l’altercation. Quelques traces de sang sont encore visibles contre les murs du couloir. La crainte de Yao ne s’est pas dissipée non plus. «Pas de photos, s’il vous plaît!» lance-t-il à plusieurs reprises, inquiet. «La police a attrapé ce type, mais j’ai peur que ses amis viennent s’en prendre à moi.»
Les séquelles physiques semblent plus limitées. «Je peux bouger les doigts mais je ne sens rien quand je touche quelque chose. Le docteur dit que ça reviendra à la normale dans quinze jours.»
Dans le centre, le calme règne à nouveau. Plusieurs requérants évoquent l’homme au couteau. «Il était rarement là. On le voyait très peu.» Et la responsable EVAM pour le secteur Est, Christine Blatti Villalon, d’ajouter: «Il était arrivé chez nous en juillet et bénéficiait de l’aide d’urgence. Rien ne laissait penser qu’il était du genre à «jouer du couteau», observe la responsable qui salue l’excellente réaction du personnel et des requérants.
Rien ne présageait non plus d’une telle agression dans le centre leysenoud. «Il y a parfois quelques bagarres, des coups de poing. Mais rien de cette ampleur», assure Denis Rime, municipal de la Police dans la station. Un son de cloche corroboré par les responsables du foyer Saint-Agnès, où logent 64 requérants et bénéficiaires de l’aide d’urgence.
Occupé principalement par des familles durant plusieurs années, l’endroit abrite désormais une majorité d’hommes célibataires.
*Nom connu de la rédaction
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