Lu dans la Tdg
ASILE | Des dizaines de personnes sont logées à la protection civile de Châtelaine. Visite.CHLOÉ DETHURENS | 08.10.2009 | 00:00
Une entrée de parking souterrain puis un long couloir blanchâtre, s’enfonçant sous la terre. C’est par là que ceux que l’on nomme les «NEM» rejoignent chaque jour leur foyer d’accueil de Châtelaine. Ces étrangers frappés d’une décision de non-entrée en matière, voués à retourner dans leur pays, séjournent depuis avril dans les locaux de la protection civile du quartier, préparés par l’Hospice général.
Dix heures, vendredi matin. Une dizaine de jeunes gens arpentent les couloirs de l’abri, s’apprêtant à prendre une douche, à sortir. Certains dorment encore alors que d’autres se reposent dans un parc, à l’air libre. En moyenne, ils sont environ quatre-vingts. Mais leur nombre varie sans cesse, pour cause d’incarcérations ou de départs. La plupart déambulent avec le sourire malgré des conditions de vie difficiles: «Je suis là depuis trois mois, explique Comma. C’est très dur. Je n’arrive pas à rester à l’intérieur. Je dors trois heures par nuit. J’aimerais un endroit où je peux ouvrir les fenêtres.»
Volontaires en bonne santé
Sur les 483 «NEM» que recensait l’Hospice en août, aucun n’est obligé de séjourner à la PC. D’ailleurs, près de la moitié des inscrits n’y dorment même pas. «Nous avons simplement le mandat d’héberger tous ceux qui sont en règle et qui se présentent volontairement», explique François Barranco, responsable de l’Unité aide d’urgence. Cuisine, réfectoire, dortoirs, buanderie et même lieu de prière: fermée et plutôt austère, la PC offre néanmoins à ses résidents le minimum vital.
Les murs jaunes de l’abri de Châtelaine ont été ouverts ce printemps pour parer à l’augmentation de demandeurs d’asile survenue à l’automne 2008. Auparavant logés à Loëx, ces exclus d’office – uniquement des hommes célibataires et en bonne santé – ont déménagé à la PC il y a six mois. Si l’adaptation a été difficile, l’ambiance semble aujourd’hui maîtrisée. Notamment grâce à deux agents de sécurité présents 24h/24, postés à une table à l’entrée des locaux. Derrière leur écran d’ordinateur, les deux employés inscrivent toutes les entrées et les sorties. Un moyen d’éviter la venue de clandestins ou de squatters.
Evidemment, des rixes se produisent. Mais le local n’a connu aucune bagarre générale depuis son ouverture, assurent les responsables. Toutefois, afin d’éviter les frictions entre cultures, trois des quatre dortoirs de 26 places sont réservés aux ressortissants africains, plus nombreux. Le dernier accueille toutes les autres nationalités confondues. Quant aux descentes de police, elles ne sont pas rares. Contrôles de routine, recherches de stupéfiants et, parfois, un résident qu’on vient chercher, direction l’aéroport.
La PC ne ferme jamais: «Nous n’avons pas souhaité mettre en place des horaires de fermeture pour éviter que les gens ne se retrouvent au froid dans la nuit, ajoute François Barranco. Cela demande une plus grande implication de notre part, mais c’est important. Cela permet d’éviter d’éventuelles esclandres et des nuisances pour le voisinage.» Selon les responsables de l’abri, les relations avec ce dernier sont bonnes. Les agents de sécurité n’hésitent pas, notamment à l’heure de la fin des cours, à élargir leurs rondes près de l’Ecole de commerce Henri-Dunant, située juste à côté.
Pour l’Hospice général, l’ouverture de cet abri n’est «pas une bonne solution, explique Balthasar Staehelin, directeur de l’Aide aux requérants d’asile. L’objectif est de le fermer. Mais il est très dur avec la crise du logement que connaît Genève de trouver d’autres locaux pour loger ces personnes. Notre parc immobilier est saturé et a même tendance à rétrécir, puisque nous perdrons des immeubles entiers et un foyer en 2010.
Enfin, certaines personnes relevant de l’aide d’urgence, qui devraient théoriquement ne rester qu’une courte période à Genève, demeurent souvent plus longtemps dans notre dispositif.»
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire