Avec près de 30% des voix, les partis de Haider et de Strache font une importante percée. Un article d'Olivier Bot dans 24 Heures.
Le vote sanction à la grande coalition en Autriche s’est porté sur deux formations d’extrême droite. Analyse de Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques à Paris.
– Est-on dans le même scénario que celui de la victoire de Haider en 1999?
– C’est en tout cas la même scène politique, à l’offre toujours aussi réduite. Avec deux grands partis qui dominent, aujourd’hui en grande coalition. Les libéraux du Liberales forum par exemple, n’arrivent pas à percer. Les Verts non plus. Cela donne prise à une percée de l’extrême droite.
– Quels sont les électeurs qui se sont portés sur les partis de Haider et de Strache?
– Les premiers sondages de sortie des urnes montraient que 171 000 électeurs des sociauxdémocrates de 2006 ont voté pour le FPÖ de Strache et 75 000 pour le BZÖ d’Haider. 149 000 électeurs conservateurs de 2006 ont préféré le BZÖ et 86 000, le FPÖ. Le discours virulent et les thèmes sociaux mis en avant par Strache sont bien passés dans l’électorat populaire, tandis qu’il effraie les conservateurs catholiques qui se retrouvent mieux en un Haider qui s’est policé. Au plan national, les deux totalisent 29% des voix. Mais il reste encore 520 000 bulletins par correspondance qui ne seront dépouillés que le 6 octobre. On constate par ailleurs peu de transfert de voix d’un parti extrémiste à l’autre. En Carinthie, le fief de Haider, on arrive à un total hallucinant de 47%. Et l’inquiétant, c’est que pour les 16-18 ans – les citoyens qui se rendaient pour la première fois aux urnes – la première force politique est l’extrême droite avec 25%.
– Une alliance droite-extrême droite est-elle crédible? Et l’Europe peut-t-elle sanctionner l’Autriche comme en 2000?
– L’hypothèse d’une alliance droite-extrême droite semble se confirmer. Je ne crois pas en de nouvelles sanctions. La précédente a montré qu’elles avaient eu pour effet de renforcer un électorat prompt à la victimisation et au rejet de l’Europe.
– Comment expliquer cette nouvelle poussée d’extrême droite?
– La question de l’identité européenne est centrale. Comme celle de la redéfinition de la social-démocratie. Quand la gauche s’allie à sa droite, elle perd son électorat populaire et les élections. On constate aussi qu’avec la quasi-disparition des partis communistes, la fonction tribunitienne et protestataire est récupérée par l’extrême droite. OLIVIER BOT
mardi 30 septembre 2008
«L’extrême droite autrichienne arrive en tête chez les 16-18 ans!»
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