Tous les partis militent en faveur d’un débat urgent, qui aura lieu le 16 mars. Pour évoquer les craintes d’«immigration massive». Ou les modalités d’aide sur place.
Ils ne pouvaient pas ne pas en parler. Les mouvements de révolte dans les pays d’Afrique du Nord et leurs conséquences ont occupé les groupes parlementaires mardi après-midi. Tous réclament un débat urgent. Si, formellement, le Bureau du National doit rendre une décision jeudi, il ne fait aucun doute que le débat aura lieu. Et en l’occurrence le troisième mercredi de la session, soit le 16 mars.
Sans surprise, l’UDC se dit préoccupée par la vague de réfugiés qui pourrait atteindre la Suisse. Elle veut «empêcher les passages frontaliers illégaux par une surveillance des frontières nationales et appliquer rigoureusement l’Accord de Schengen». Le parti compte notamment demander au Conseil fédéral s’il est prêt, en cas d’augmentation de l’immigration illégale, de réintroduire immédiatement les contrôles aux frontières. Et s’il compte recourir à l’armée pour renforcer le Corps des gardes-frontière. Il se préoccupe aussi de l’application, par tous les Etats de l’UE, de l’Accord de Dublin, qui permet théoriquement de renvoyer un requérant vers le premier pays européen par lequel il est arrivé.
L’UDC parle également, dans son communiqué, «d’invasion en masse de réfugiés économiques». Pas un mot en revanche sur la chute des régimes autoritaires et le nouveau vent de liberté qui souffle dans ces pays. Idem en ce qui concerne le Parti libéral-radical. Le titre du communiqué du PLR en allemand (la version française a été adoucie) donne le ton: «La Suisse doit s’armer contre la vague menaçante de réfugiés.» Le parti qualifie la Tunisie et l’Egypte de «pays sûrs» et estime donc que ses migrants ne seraient que des réfugiés économiques, que la Suisse devrait renvoyer. Pour les Libyens, touchés par une guerre civile, la situation est différente. S’ils atteignent la Suisse, ils ne pourraient pas être renvoyés tout de suite, convient le PLR. Mais le parti prévient: en cas de venue massive de Libyens, la Suisse frôlerait «le chaos, la répartition des réfugiés entre les cantons ne fonctionnant pas». Il prône l’utilisation de bâtiments de l’armée. Dans ses questions, le PLR prend prétexte de l’actualité pour s’interroger de façon plus large sur les problèmes du système d’asile en Suisse.
Bons offices diplomatiques?
Le PDC? Il revendique aussi un débat urgent. Mais de façon plutôt discrète. Le PS salue, lui, les soulèvements et «le triomphe de l’aspiration à la liberté sur des structures étatiques autoritaires et corrompues dont l’objectif était de confisquer l’exercice du pouvoir et les ressources économiques au seul bénéfice de leurs proches et affidés». Il estime que la Suisse doit revoir la nature de ses relations économiques avec les régimes autoritaires. Et veut imposer les thèmes suivants: les mesures que la Suisse serait prête à prendre pour ne plus abriter d’argent illégalement soustrait, le gel des exportations d’armes en direction du Proche et du Moyen-Orient, ou encore la question de l’acheminement de l’aide humanitaire sur place.
Les revendications des Verts vont dans le même sens. La Suisse doit soutenir les revendications démocratiques dans ces pays «par des moyens civils», insistent-ils. Comme l’aide humanitaire, le soutien économique à la reconstruction et les bons offices diplomatiques.
Valérie de Graffenried dans le Temps
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