lundi 21 novembre 2005
Tract de la coordination asile et du collectif sans-papiers
Cliquer sur l'image pour la voir en pleine fenêtre.
Ce tract a été distribué ce matin à 1000 exemplaires à Lausanne.
En voici une partie des textes de témoignages
Asile
Le 4 avril 2005, M.R est incarcéré à Frambois alors qu'il n'a commis aucun délit. C'est une prison. Une vraie prison avec des murs, des barreaux. Une prison pour
l'attente. L'attente d'une expulsion. Une expulsion hors du territoire suisse. Ça s'appelle "mesures de contrainte".
Il est en Suisse depuis environ huit ans. Il y avait déposé une demande d'asile ayant dû fuir l'Algérie. Après des mois d'incarcération, le 5 septembre 2005, il
est emmené à l'aéroport de Genève. Les autorités suisses ont décidé de l'expulser de force de Suisse, vers l'Algérie. Il refuse. A l'aéroport, il demande à parler
au commandant de bord. Il lui dit calmement qu'il est expulsé, sous mesures de contrainte, et qu'il ne veut et ne peut pas rentrer en Algérie.
Le commandant de bord refuse alors de l'embarquer. Il est ramené vers le fourgon en vue de son retour à la prison de Frambois. Les personnes responsables du
transport entre la prison et l'aéroport (ou autre police ?)le passent à tabac. Fort. Très fort.
Il est très violemment frappé : il est battu sur l'entier de son corps, au fond de son être. Humilié Dégradé. Anéanti. Les marques sur son corps témoignent de ce
qu'est la politique d'asile dans ce pays. Quand M. R. est ramené à la prison de Frambois, le directeur fait appel à un médecin afin qu'il établisse un constat médical ainsi qu'à la Ligue des Droits de l'Homme. Un autre rapport est également parvenu à Amnesty International.
Le 23 septembre, M. R. est libéré de Frambois... Six mois de prison pour rien.
Le 1er octobre, M. R. est trouvé mort dans l'appartement d'une amie, près d'un mois après son tabassage. Huit ans après son arrivée en Suisse et autant d'années d'enfer en Algérie. Les années en Suisse n'ont été qu'attente, souffrance, détresse, incertitude. Des années à ne pas savoir, des années sans avenir, juste un passé qui empêche le présent et qui détruit l'avenir.
NEM
Une fois je marchais dans la rue. Je ne cherchais pas de problème. La police m’a arrêté. Ils m’ont fouillé. J’avais seulement 5 Fr en poche. Ils m’ont demandé d’où venait cet argent. Ils m’ont conduit au poste de police. Je leur ai demandé pourquoi, ce que j’avais fait de mal. Ils m’ont mis en prison pour trois semaines. Après, ils se sont excusés. Je dormais dans le sous-voie à côté du Centre Fareas des Casernes. Un policier m’a dit : "Tu dois partir ". J’ai marché dans la ville jusqu’à 7 h. Je me suis faufilé dans le Centre Fareas sans qu’on me voie. J’ai été vers mes compatriotes dans la cuisine. Ils m’ont donné à manger. J’ai pu prendre une douche. Le soir, à 17 h, quand le Sécuritas est venu pour contrôler les papiers, j’ai dû partir. J’ai
marché toute la nuit jusqu’au matin.
Un autre jour, j’ai vu une dame, avec un petit chien. Elle a acheté un morceau de viande à la boucherie. Elle a mis le morceau dans la bouche de son chien. Moi, je n’avais pas mangé depuis trois jours »
Une des 175 "Ethiopienne"
Notre horizon d'espace et de temps est bouché car nous avons dû quitter notre pays et de plus, maintenant, nous sommes privés d'avenir. Interdits de travail, sans
revenus, nous devons vivre au jour le jour sans pouvoir faire de projets…et on nous demande de nous intégrer !
Nos enfants le ressentent et en souffrent. Que vont-ils devenir ? Voilà ce qui nous angoisse le plus »
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