Le foulard que portait Marlène Bérard, candidate à la Municipalité de Lausanne, lors d’une célébration à la mosquée, fait toujours jaser. Des religieux commentent.
U ne histoire de foulard – et non de voile comme il a été dit – met en émoi la classe politique lausannoise en pleine campagne électorale. Evoquée par La Liberté puis par Le Matin Dimanche , la tête couverte de Marlène Bérard, candidate à la Municipalité lausannoise sur la liste du PLR, lors d’une fête à la mosquée de Lausanne le 12 février, lui a valu des remarques courroucées de la part d’élus socialistes.
«Ce n’est pas une marque de respect que de singer les coutumes des autres», a fustigé Silvia Zamora. Contrairement à sa collègue de parti, la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey dont le sourire et le foulard arborés lors de sa visite au président iranien Ahmadinejad restent dans toutes les mémoires, la municipale socialiste lausannoise affirme n’avoir jamais porté de «voile».
Marlène Bérard, elle, a déclaré avoir pris un châle dans son sac lors de cet événement marquant la naissance de Mahomet, auquel près de 400 personnes avaient été conviées.
«Je l’ai pris au cas où. C’est un signe de respect dans un lieu de culte, comme le port de la kippa dans une synagogue ou de vêtements longs dans une église.» Un point de vue unanimement partagé par les représentants des communautés religieuses que nous avons interrogés et qui dénoncent une tempête dans un verre d’eau.
«C’est un signe d’égard pour l’autre, une manière de dire: «Je m’approche de vous en toute liberté», selon sa conscience, sans pression», estime Martin Hoegger, membre du comité de l’Arzillier, association pour le dialogue interreligieux. Le pasteur protestant cite les paroles de l’apôtre Paul. «Avec les Grecs, je suis Grec, avec les juifs, je suis juif, avec les faibles, je me sens faible.»
Même approche de la part de Marc Guedj. L’ancien grand rabbin de la communauté de Genève, aujourd’hui directeur de la Fondation Racines et Sources en faveur du dialogue interreligieux, regrette que ce genre d’événement soit monté en épingle. «Cela ne fait qu’alimenter les extrémismes», analyse Marc Guedj, qui insiste sur la prise en compte de la sensibilité de l’autre. «Il n’y a jamais aucune obligation. Les non-juifs ne doivent pas porter la kippa à la synagogue, mais nous apprécions qu’ils le fassent, tout comme il est d’usage de se découvrir lorsqu’on entre dans une église», affirme Marc Guedj, qui relève qu’une femme qui ne se couvre pas la tête dans une mosquée peut estimer qu’elle «détonne».
Imam de la mosquée de Lausanne, El Rifai confirme que les femmes se couvrent la tête dans le lieu de prières. «Cela nous touche qu’une non-musulmane le fasse aussi mais, dans le cas contraire, nous ne faisons pas de remarque», affirme l’imam, qui ajoute qu’il n’a jamais demandé aux étudiantes qui visitent la mosquée de porter un foulard.
Francine Brunschwig dans 24 Heures
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