lundi 8 novembre 2010

Une bataille rangée fait onze blessés, dont deux graves

bagarre foyer lagnonUn foyer genevois pour demandeurs d’asile a été le théâtre d’une bagarre générale. Coup de couteau et défenestration.

Les cris sont partis du 2e étage du foyer du Lagnon, à Bernex (GE). Il est 10 h 30, hier matin, et un conflit vient de s’engager. Un groupe de Géorgiens d’un côté, un groupe d’Africains de l’autre. Dix contre dix. La tension monte, le différend verbal prend une tournure physique. La bagarre éclate dans le couloir, non loin de la cuisine. Des coups de poing d’abord, puis de couteau et de ciseaux; plus tard, à l’extérieur, de barre de fer. Un homme se défenestre pour échapper à ses poursuivants. Il se brisera les cervicales dans sa chute. D’autres dévalent l’escalier.

La bagarre de réfectoire se transforme en bataille rangée sur l’esplanade du foyer. C’est alors que la police intervient. Une patrouille n’y suffit pas. Huit autres viennent en renfort. Déploiement à la mesure de la réquisition (une vingtaine de gendarmes et d’inspecteurs de la PJ). L’urgence est triple: séparer les deux groupes, sécuriser les lieux et porter secours aux blessés. Deux le sont grièvement. Un homme gît dans son sang, il a reçu un coup de couteau dans le dos.

Hélicoptère dépêché

Les pompiers de la ville de Genève et de l’aéroport envoient leurs ambulances, les HUG leur hélicoptère. Il se pose peu avant midi sur le parking, repart avec son blessé. Un poste médical avancé est aussi installé dans la cour de l’Hôpital de Loëx. Trois heures après le déclenchement des opérations de secours, la police est toujours sur les dents. Elle a procédé à des interpellations.

A 13 h 30, le calme est revenu aux abords du foyer. A l’intérieur, on lave les sols maculés de sang et on compte les absents. Un ressortissant marocain a assisté aux événements. Il n’est pas surpris: «C’était prévisible depuis des mois», explique-t-il, d’une voix qui n’a rien de belliqueux, avant de décrire la scène qui est peut-être au départ de la bagarre: «Deux Géorgiens s’en sont pris à un Africain. Ils le tenaient par le cou, le menaçaient avec un couteau. Les choses ont alors dégénéré, jusqu’au moment où la police est arrivée.»

Trafic de drogue

Ce n’est pas la première fois que la police intervient à cette adresse. Elle y descend souvent au petit matin pour des affaires de drogue et de matériel volé. Du deal est organisé dans les murs du foyer entre certains ressortissants africains et géorgiens. L’objet du vol se transforme en objet de troc: un appareil électronique contre une dose. A en croire les requérants d’asile interrogés hier, ces contre-affaires peuvent à tout moment déboucher sur des désaccords qui se règlent dans le sang. Selon la police, les «causes de la bagarre ne sont pas encore connues».

Thierry Mertenat dans 24 Heures


Un fait rare et «très violent»

«Des conflits, parfois des bagarres, il y en a forcément de temps en temps. Mais là, c’était très violent. Il semble que deux groupes de dix personnes sont impliqués.» Balthazar Staehelin, directeur de l’Aide aux requérants d’asile à l’Hospice général, ne se rappelle pas lui-même avoir vécu une situation similaire.

Le foyer du Lagnon accueille une centaine de requérants d’asile (tous des hommes) dans des chambres de deux à quatre personnes. L’ensemble des résidents n’a pas été impliqué et le personnel n’a pas été agressé, souligne Balthazar Staehelin. «Le calme est revenu dans l’après-midi et le foyer fonctionne à nouveau.»

Si, la semaine en journée, ce sont des collaborateurs de l’Hospice qui travaillent au foyer, la nuit et le week-end, un agent de Protectas est sur place. «En cas de problème, il appelle immédiatement la patrouille volante de sa société et, si nécessaire, les forces de l’ordre, ajoute le directeur. C’est ce qui s’est passé dimanche matin. L’intervention a été rapide.»

Balthazar Staehelin reconnaît que la gestion des foyers est délicate. Tout est fait pour que des groupes entre lesquels il y a des tensions ne soient pas mélangés. Mais il est impossible qu’ils ne se croisent pas dans les locaux communs. «Nous cherchons à offrir des conditions de logement décentes, conclut-il. Sans pouvoir assurer qu’il n’y aura jamais de rixe.»

Eric Budry dans 24 Heures


Sur le même sujet, lire "Violente altercation entre requérants"  , un article de Loïc Delacour paru dans le Matin

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