Trois courriers de lecteurs concernant l'initiative pour le renvoi des criminels étrangers, paru dans 24 Heures.
La revanche du peuple
Une initiative contraire au droit international, inapplicable, qui exposerait notre pays aux pires représailles? On a déjà essayé de le faire croire aux Suisses. Ceux-ci ont toutefois compris que par là, on essayait de les empêcher de parler vrai d’un vrai problème, en l’occurrence l’islam. A une majorité mémorable, ils ont donc plébiscité l’interdiction des minarets et montré au monde entier leur volonté de rester libres face aux pressions réelles ou imaginaires.
Mais manifestement, le message n’a pas passé. Ça recommence. Ainsi, notre ministre des Affaires étrangères, Mme Calmy-Rey, à l’étranger (c’est un comble), fait part de ses «doutes» sur une éventuelle application de l’initiative UDC sur le renvoi des étrangers criminels. Elle regrette l’absence d’une censure préalable des initiatives (car c’est bien de censure qu’il s’agirait), soutenant qu’on se «fiche» des Suisses en les laissant voter sur un tel texte.
Mais ceux qui se fichent des Suisses, ne sont-ce pas justement tous ces censeurs qui veulent les empêcher de dire ce qu’ils pensent sur les vrais problèmes, sur certaines réalités de l’immigration et sur la montée de la criminalité étrangère? Ne sont-ce pas ceux qui veulent nous faire croire que nous, Suisses, ne sommes plus libres de décider seuls de notre destin et en particulier du sort que méritent les criminels étrangers?
Le 28 novembre, le peuple dont on se moque ainsi a une nouvelle occasion de prendre sa revanche sur ceux qui veulent l’empêcher de parler.
Jean-Luc Addor, Savièse
Le dialogue est la force d’une vraie démocratie
Mme Ada Marra, conseillère nationale socialiste, considère que le parti UDC traite les étrangers d’animaux (24 heures du 29 octobre)! Comment peut-on en arriver là dans un débat qui va certainement être utile à notre démocratie (je considère que le dialogue sera toujours la force d’une vraie démocratie, même avec ceux qui ont le droit de ne pas penser comme nous). Et là, heureusement que la Suisse, par l’influence de l’UDC, a déjà pu dire aux Européens que l’on peut voir les choses différemment. Pour le sujet qui nous intéresse, je pense que l’occasion est bienvenue pour dire que: «Oui amen!» à ces gens de Bruxelles est une situation dépassée, que la sécurité de la population est une priorité pour notre démocratie, et que les droits de l’homme doivent s’accompagner de plusieurs devoirs, dont celui du respect d’autrui!
Gilbert Fiaux, Hermenches
Contraire aux droits de l’homme
Je souhaite vous parler de Julien S. C’est un garçon suisse comme sa maman. Il est très triste de voir partout en ville une vilaine photo de son papa Yvan S. Julien et sa maman continuent de l’aimer, même s’il a fait une grosse bêtise une fois. Ils lui rendent visite toutes les semaines en prison et ils attendent avec impatience son retour à la maison. Mais Julien a peur car sa maman devra sans doute choisir entre partir avec lui vers un pays étranger ou se séparer de son cher papa. L’initiative pour le renvoi systématique des étrangers est contraire à la Convention pour les droits de l’enfant.
Je désire aussi vous parler de Ricardo. Au moment du décès de son papa, sa maman a dû solliciter l’aide sociale et remplir divers formulaires compliqués. Elle ne sait pas lire le français alors c’est Ricardo qui l’a aidée, même s’il n’a que 10 ans. Ils ont fait des erreurs et ont reçu un peu d’argent en trop. Elle a été punie et s’efforce de tout rembourser. Mais ils ont peur car ils devront quitter la Suisse même s’ils n’ont rien fait de grave. L’initiative sur le renvoi systématique des étrangers ne connaît aucune proportionnalité entre la faute commise et la décision de renvoi. Elle est donc contraire à la Convention européenne des droits de l’homme.
Et je ne peux m’empêcher de penser à Aliouchka, qui souffre en même temps du cancer et du sida. Elle reconnaît qu’elle a commis des bêtises en vendant de la drogue et elle sera bientôt jugée. Mais ce dont elle a le plus peur, c’est de son renvoi car dans son pays, elle n’a aucune chance d’obtenir les médicaments dont elle a besoin. L’initiative sur le renvoi des étrangers criminels ne permet aucune exception pour motif humanitaire, même lorsque le renvoi signifie une mort à relativement court terme. Dans sa rigueur, elle est contraire aux droits de l’homme.
Hélène Campiche Chapatte, Lausanne
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