jeudi 4 novembre 2010

"Le contre-projet est aussi indigne que l'initiative"

ueli leuenbergerUeli Leuenberger prône un double non le 28 novembre.

Non à l’initiative UDC «Pour le renvoi des étrangers criminels». Et non à son contre-projet. Pas question pour Ueli Leuenberger, chef de file des Verts suisses, d’accepter ces deux textes en votation le 28 novembre prochain.

Vous refusez l’initiative et son contre-projet. Soutenez-vous les criminels?

Certainement pas! Mais nous avons assez de lois en Suisse pour combattre la criminalité, aussi bien pour des gens qui ont le passeport suisse que les autres. Il faut que la majorité politique cesse de refuser d’accorder les moyens suffisants à la police, à la justice et à la prévention .

L’initiative UDC avait récolté 200 000 signatures. Vous préférez l’ignorer?

Non, il faut le prendre au sérieux. Mais si 200 000 Suisses éprouvent un sentiment d’insécurité, c’est leur mentir en faisant croire que l’initiative ou le contre-projet amèneront plus de sécurité. Cette initiative a servi à l’UDC à rassembler ses troupes dans la campagne pour les fédérales de 2007. Certains expriment ainsi leur amertume et revendiquent une vengeance envers ceux qui n’ont pas le passeport suisse car elle inflige une double peine.

Selon les sondages, l’initiative devrait passer la rampe, ainsi que le contre-projet. Le PS appelle donc à cocher «contre-projet» dans la question subsidiaire. Pourquoi pas vous?

Nous jugeons le contre-projet aussi néfaste que le texte de l’UDC et nous combattons les deux projets. L’initiative prévoit un automatisme dans les renvois des étrangers et est inapplicable sur de nombreux points. Le contre-projet corrige certaines erreurs: c’était incompréhensible pour beaucoup de citoyens de vouloir expulser un voleur de chaussettes et épargner l’escroc financier. Mais le contre-projet prévoit aussi l’expulsion automatique des étrangers extérieurs à l’Union européenne. Il veut imposer à Genève et Vaud la dureté des méthodes d’expulsion saint-galloises. Il y a là aussi des discriminations inacceptables.

N’est-ce pas responsable d’opter pour le contre-projet, comme un moindre mal?

Non ce qui est responsable c’est de dire à la population que l’initiative et le contre-projet sont de la poudre aux yeux. On prétend mieux combattre la criminalité avec ça. Cela revient à tromper les gens. Je ne veux pas de discriminations et de doubles peines. Que cela passe ou non, nous ne faisons pas partie des démagogues prêts à raconter n’importe quoi pour séduire des électeurs! Mais il n’est pas encore certain que la majorité de l’électorat Vert vote non au contre-projet dans la question subsidiaire. Chacun décidera s’il veut cautionner un projet que certains considèrent comme la peste face au choléra. Mais les deux solutions sont discriminatoires et indignes d’un pays comme le nôtre!

Le contre-projet prévoit un article sur l’intégration. Ce serait l’occasion de l’inscrire dans la Constitution!

Ce point sur l’intégration a été rajouté en dernière minute pour capter les voix des députés de gauche et décrocher une majorité au parlement. A notre avis, l’intégration des immigrés n’a pas sa place dans un article sur le droit pénal mais dans la loi sur les étrangers et doit enfin être prise au sérieux.

Patrick Chuard dans 24 Heures


appel des voisins

24 Heures

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