jeudi 27 mai 2010

Islam et démocratie, le débat qui n’a pas eu lieu

Le conseiller national Andreas Gross publie une série d’études sur le vote anti-minarets. Un article d’Yves Petignat dans le Temps.

Six mois après l’acceptation de l’initiative anti-minarets, le débat autour de l’islam radical, de la burqa ou voile intégral, ou de la compatibilité du Coran avec la démocratie est encore bien plus intense qu’avant la votation. Mais il reste envahi par les émotions et les clichés; surmédiatisé, le Conseil central islamique de Nicolas Blancho fait déraper tous les raisonnements.

Dès lors, le petit ouvrage sorti des Editions Le Doubs, Von der Provokation zum Irrtum, sous la direction du conseiller national Andreas Gross, est une première contribution au rétablissement d’un débat basé sur les faits et la raison. L’ouvrage sera d’ailleurs traduit en français sous le titre Entre confusion et provocation. Il paraîtra dans quelques semaines avec les actes du colloque qui setiendra samedi 29 mai à Soleure, autour du résultat de l’initiative anti-minarets, du respect de la liberté religieuse et des droits de l’homme.

Comment est-on arrivé à un résultat où la démocratie directe s’oppose à un autre droit fondamental, celui des droits de l’homme et de la liberté religieuse, s’interrogent les auteurs de la quarantaine de contributions. Il y a la défaillance des politiques et des médias, incapables de prendre conscience du caractère particulier de cette initiative – sur fond de grave crise économique et identitaire en Suisse –, et de mener un vrai débat sur nos valeurs démocratiques. Les éditeurs notent d’ailleurs que ce fut la première initiative, sans doute, à susciter bien plus d’échanges et de controverses après qu’avant la votation.

On lira aussi avec beaucoup d’intérêt le texte d’un étudiant en pédagogie, Simon Landwehr, qui a décortiqué 183 lettres de lecteurs avant le vote. Les inquiétudes diffuses face à l’islam et à ses valeurs se traduisent par des expressions violentes, à la hauteur des émotions ressenties: «Guerre, combat, avancée de l’islam, échec de notre culture politique, démonstration de force.»

Mais on peut aussi apprendre d’une telle expérience douloureuse et passer d’une culture de la confrontation à celle de l’intégration, conclut ce petit ouvrage.

* Von der Provokation zum Irrtum, Editions Le Doubs, 170 pages. A paraître prochainement en français sous le titre «Débats sur les minarets, entre provocation et confusion».

Aucun commentaire: