vendredi 26 février 2010

Une affiche du FN crée le scandale en Provence-Alpes-Côtes d’Azur

Des organisations françaises de défense des droits de l'homme exigent le retrait d'une affiche électorale ressemblant à celles utilisées en Suisse lors du référendum sur l'interdiction de la construction de nouveaux minarets.

L'affiche, placardée par le mouvement de jeunesse du Front national en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, proclame "non à l'islamisme". Elle représente une femme portant une burqa devant une carte de France recouverte d'un drapeau algérien et d'une demi-douzaine de minarets, à la manière de celles qui plaidaient pour le "oui" au référendum suisse de novembre dernier.

Dans un communiqué, la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) explique avoir fait délivrer une sommation à Jean-Marie Le Pen, tête de liste du Front national dans la région Paca, pour retirer le poster "xénophobe". Elle constitue aux yeux de l'organisation "une incitation à la haine raciale et un trouble manifestement illicite".

"A quelques jours du premier tour des régionales, le Front national s'illustre comme à son habitude dans son fonds de commerce favori: alimenter et instrumentaliser les peurs afin de générer des tensions entre nos concitoyens et inciter au repli identitaire", dénonce la Licra.

"RAPPORTER UN ÉLECTORAT"

L'organisation précise que, si les affiches, sur lesquelles on trouve l'adresse internet de la campagne régionale du FN, ne sont pas retirées lundi, elle lancera une procédure de justice contre Jean-Marie Le Pen, qui mène en Paca sa dernière bataille électorale. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a également demandé "en urgence, le retrait de l'affiche, l'interdiction de la coller ainsi que la condamnation de ses auteurs". Le poster a été mis au point par le Front national jeunesse régional, qui nie tout plagiat des affiches suisses.

Dans le quotidien La Provence, le responsable du FNJ-Paca a expliqué jeudi que les partis de droite helvétiques "n'ont pas le monopole de ces idées-là". "Un beau dessin vaut mieux qu'un long discours", estime Alain Chamberlin qui précise avoir informé la tête de liste du FN dans les Bouches-du-Rhône, Stéphane Ravier, de son initiative. "On s'est dit que ça pouvait nous rapporter un électorat", souligne-t-il.

Selon un sondage Ifop pour Paris Match paru mardi, le Front national est en mesure de se maintenir pour le deuxième tour des régionales mais son score final serait en baisse sensible par rapport à 2004. En cas de triangulaire, le PS conserverait la présidence du conseil régional avec 49% des voix contre 36% à l'UMP et 15% au Front national. Lors des dernières régionales, le candidat socialiste l'avait emporté avec 45% des suffrages contre 33 à la droite et 21% pour le FN.

Jean-François Rosnoblet et Laure Bretton dans l’Express

jeudi 25 février 2010

Et burqa pas ?

«Je ne cherche pas à prouver, mais à éprouver.» Voici la phrase qui définit sans doute le mieux la démarche de Bérengère Lefranc. Cette «performeuse» s’est mise à l’épreuve, perdue sous une burqa à sa manière, un linceul de femme fantôme en lin violet, sa «couleur préférée».

1er juin 2009. Elle édicte les règles d’un jeu personnel qu’elle imagine moins connecté à l’actualité qu’il ne va le devenir. Elle se voile des pieds à la tête, gants compris. Et disparaît au regard de tous. Seul complice épargné, son amoureux, artiste également, lui sert d’interlocuteur, de testeur, de protecteur. Au quotidien, en manière de validation, elle réalise une photo en situation et livre une page de son journal de bord.

Vers le site de Bérengère Lefranc, où l’on a la possibilité de feuilleté le livre consacré à sa performance.

imageCapture du livre “Le voile, un certain moi de juin”

L’affiche anti minarets récupérée par Le Pen

Photo DR A l'occasion des élections régionales françaises du 14 mars, le Front national utilise le graphisme de l'affiche suisse contre les minarets. «C'est du vol!», s'étrangle le directeur de l'agence de pub de l'UDC, qui promet d'engager une action en justice contre le parti de Le Pen. Un article de Sid Ahmed Hammouche et Pierre-André Sieber, dans la Liberté.


L'affiche antiminarets fait des émules en France. A l'occasion des élections régionales, dans les Alpes-Maritimes, le Front national placarde des encarts représentant une femme en burqa devant une représentation de la France aux couleurs du drapeau algérien, transpercée par des minarets en forme de missiles.On s'en souvient: la version suisse de cette affiche, imaginée par le comité d'Egerkingen et réalisée par l'agence de communication Goal à Dübendorf, avait suscité un tollé, certaines villes interdisant sa diffusion. Avec son slogan «Stop, oui à l'initiative antiminarets», ce matériel de propagande avait participé à l'aboutissement de l'introduction dans la Constitution suisse d'un article interdisant la construction de nouveaux minarets.

Des similitudes

Ce succès a-t-il inspiré les stratèges de Jean-Marie Le Pen, chef de file du Front national? Toujours est-il que l'affiche suisse et celle du FN présentent des similitudes incontestables, le slogan étant bien sûr différent: «Non à l'islamisme, la jeunesse avec Le Pen».Dirigée par Alexander Segert, l'agence Goal ignorait tout de l'existence de cette copie conforme du matériel de propagande qui avait servi à la campagne antiminarets du 29 novembre 2009. Pour le responsable de l'agence de publicité, qui réalise les affiches de l'UDC depuis trente ans, le parti français d'extrême droite a volé son concept: «Nous n'avons pas cédé nos droits pour la reproduction de notre graphisme par le Front national. Nous allons mener cette affaire devant la justice» (lire ci-dessous).

Promiscuité dérangeante

Sur le plan politique, cette récupération par le FN des idées du comité d'Egerkingen et de l'UDC gêne-t-elle les milieux blochériens? «Ce n'est pas la première fois que nos affiches sont reprises», explique Yvan Perrin, conseiller national et vice-président de l'UDC suisse. «Souvenez-vous de celle représentant des moutons noirs diffusée en Autriche.»Le vice-président neuchâtelois de l'UDC suisse prend ses distances par rapport au parti de Jean-Marie Le Pen. «Dans la mesure où les moyens de s'opposer à ce plagiat sont nuls, on doit s'en accommoder», poursuit-il. «Mais on se passerait aisément de cette promiscuité avec le FN dont je ne partage pas les valeurs, notamment par rapport à l'antisémitisme. L'UDC est avant tout un parti patriotique qui a un programme politique cohérent, alors que le FN fait avec l'immigration dans le monothématique.»Quant à Ulrich Schlüer, conseiller national UDC et membre du comité d'Egerkingen, qui apprend également par «La Liberté» la récupération de l'affiche antiminarets en France, il qualifie le procédé de vol. «C'est de la copie et je précise que nous n'avons eu aucun contact avec le FN», déclare l'élu UDC. «Nous avons fait la campagne antiminarets en Suisse pour résoudre des problèmes suisses. Nous n'avons pas l'habitude de nous immiscer dans les problèmes de nos voisins.»

Au FN, on aime Blocher

De l'autre côté de la frontière, Jean-Louis Faudi, tête de liste du Front national dans les Hautes-Alpes, confie que le savoir-faire suisse en matière de propagande a inspiré son parti. «Blocher est très apprécié pour ses idées», confie le candidat. «Il défend la Suisse et l'affiche que vous avez utilisée contre les minarets et qui se retrouve aujourd'hui adaptée en France pour la campagne des régionales, marche très fort. Nous avons les mêmes thèmes que l'UDC par rapport à l'islam qui n'est pas soluble en Europe.»Pour la question des droits d'auteur, Jean-Louis Faudi se demande tout de même si son parti n'aurait pas dû demander l'autorisation d'utiliser le graphisme de l'affiche. En tout cas, pour le Front national qui entend réaliser un score de 10% le 14 mars prochain lors des élections régionales en France, tous les moyens sont bons. Y compris le recyclage d'idées nées dans les officines de l'UDC zurichoise.Les élections régionales françaises, dont le premier tour se déroulera le 14 mars, apparaissent comme un grand test pour le Front national. Lequel espère récolter plus de 10% des voix, alors que le parti frôlait la barre des 15% en 2004. Pour Lydia Schenardi, numéro deux de la liste FN dans les Alpes-Maritimes, «notre nouvelle campagne choc inspirée de celle de nos amis de l'UDC marche très bien».

Le Front National reprend l’affiche controversée de la campagne anti-minarets

image Le parti d’extrême-droite français a repris l’image très critiquée des minarets en forme de missiles pour sa campagne électorale en Provence-Côte d’Azur. L’agence de communication suisse qui a créé l’affiche veut le poursuivre en justice.

L’affiche de la campagne anti-minarets fait des petits. Le Front national (FN) ayant repris le symbole des minarets en forme de missiles pour une campagne régionale en France, l’agence de communication helvétique qui l’a conçue veut poursuivre le parti de Jean-Marie Le Pen.

«C’est un vol! On va engager une action en justice contre ça. Nous allons lancer une procédure», indique Alexander Segert, directeur de l’agence Goal, dans une interview jeudi au quotidien «La Liberté», qui révèle l’affaire.

«Notre agence va lutter avec tous les moyens contre ceux qui pillent nos idées. Nous ne voulons pas que nos affiches soient instrumentalisées, voire détournées, par d’autres partis politiques ou groupements», déclare celui qui a conçu de nombreuses campagnes pour l’UDC. Et de préciser: «Nous n’avons jamais travaillé pour le FN français. Et nous ne le ferons jamais.»

Intitulée «Non à l’islamisme», l’affiche émane du mouvement jeune du Front national (FNJ) de Provence-Alpes-Côtes-d’Azur. Ceux-ci font campagne aux côtés de Jean-Marie Le Pen pour les élections régionales des 14 et 21 mars, indique le site internet du parti.

Ce n’est pas la première fois qu’une affiche conçue par l’agence d’Alexandre Segert pour l’UDC inspire un parti d’extrême-droite en Europe. En 2007, le NPD allemand avait copié l’affiche des moutons blancs expulsant un mouton noir pour sa campagne dans le Land de Hesse.

ats

Lausanne maintient son cap, mais va tenter le pari… de la légalité

Le Grand Conseil a soutenu indirectement, mardi, la proposition d’Oscar Tosato d’engager des apprentis sans-papiers. A Lausanne, on planche déjà sur des solutions afin de réaliser le projet municipal dans le cadre légal. Un article de Gérald Cordonier dans 24 Heures.

image

Il y a une semaine, la ville de Lausanne claironnait vouloir engager des apprentis sans-papiers. Bravant ainsi les lois fédérales qui interdisent l’accès au travail à toute personne en situation irrégulière. Aujourd’hui, le «pari de l’illégalité» proposé par le municipal socialiste de l’Enfance et de la Formation Oscar Tosato se ramollit. Le tollé politique et médiatique provoqué par sa proposition contraindra, certainement, l’élu à revoir, en partie, sa copie. Et à brandir sa bravoure dans un cadre beaucoup plus légal qu’il ne l’imaginait. C’est du moins ce qu’ont souhaité les députés du Grand Conseil, mardi après-midi (24 heures d’hier). Et ce sur quoi planchent certains élus lausannois de tout bord, afin de faire avancer la cause des sans-papiers.

Quelles pistes exploiter pour permettre à des jeunes clandestins de suivre la formation professionnelle qui leur est aujourd’hui interdite, sans autorisation de séjour, ni permis de travail? Et contourner, justement, ces composantes de «travail» et de «salaire», liées légalement à l’apprentissage? Du côté des socialistes, on réfléchit à la création possible de «chèques de formation» pour les apprentis en entreprise. Ce système – à l’étude actuellement à Genève – permettrait de contourner le rapport salarié, tout en régularisant les prestations sociales.

Une autre piste suggérée dans la révision actuelle de la loi cantonale sur la formation laisse, pour sa part, imaginer que le «contrat d’apprentissage» – assimilé à un contrat de travail – puisse devenir un «contrat de formation». «Par ce biais, observe Oscar Tosato, le canton de Genève autorise, depuis 1993, qu’un jeune sans statut légal ait accès aux filières post-obligatoires à plein-temps et reçoive, à la fin, un CFC en bonne et due forme.»

A droite de l’échiquier politique, c’est la création d’«entreprises de formation» qui inspire le conseiller communal libéral-radical Guy-Pascal Gaudard: «Certaines PME pourraient être autorisées à parrainer des jeunes à travers un contrat d’accompagnement.» Une proposition que compte exploiter le directeur socialiste de la Formation: «Concrètement, plusieurs entreprises se mettent ensemble et deviennent une sorte d’école, pour former un apprenti.»

A ce jour, le débat autour de l’apprentissage des sans-papiers à Lausanne est loin de son épilogue. L’UDC et le PLR comptent d’ailleurs demander des éclaircissements sur la démarche municipale, mardi prochain en séance de Conseil communal. Dans le clan socialiste, on sert toutefois les coudes derrière le directeur de la Jeunesse. «Oscar Tosato voulait lancer le débat et il a réellement réussi, assure la présidente des socialistes lausannois, Rebecca Ruiz. Le sort des jeunes clandestins a eu des échos non seulement ici mais aussi en Suisse alémanique ou encore à l’étranger: notre municipal a été interviewé sur les ondes de France Inter.»

---------------------------------------------------------------

Contre-productif?

La fin d’un tabou. Pour améliorer le sort des clandestins, Lausanne a décidé de mettre fin à la politique du «faites-le, mais n’en dites rien!» Au risque de braquer les projecteurs sur des acquis en marge de la loi, qui permettent déjà à des sans-papiers de suivre des formations professionnelles ou de profiter de prestations sociales. Depuis une semaine, les réactions sont mitigées dans les milieux proches des clandestins. Tous saluent le courage des autorités lausannoises. Mais certains craignent qu’un débat trop tendu devienne contre-productif. Et ne réveille, au sein de la droite dure, des velléités de lutter contre certains acquis jusqu’à présent tolérés. Depuis l’annonce lausannoise, l’UDC a réitéré sa volonté de connaître le nombre de jeunes scolarisés dans les écoles, dans les gymnases ou à l’université, ainsi que les coûts induits par ces étudiants. Le parti souhaite savoir combien de sans-papiers connus des forces de l’ordre ne sont pas expulsés.

---------------------------------------------------------------

Interview express d’Oscar Tosato, municipal lausannois de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Education.

«La ville ne se laissera intimider par aucune menace»

– Comment réagissez-vous au tollé provoqué par votre proposition d’engager des apprentis sans-papiers?

– Je vois surtout que la question de la formation professionnelle refusée aux sans-papiers touche vraiment la population. Mais je suis très étonné de la virulence de la réaction de Philippe Leuba, qui plus est par rapport à un préavis qui annonce, avant tout, «une intention de trouver des solutions». Le conseiller d’Etat s’est totalement focalisé sur la forme et pas du tout sur le fond! Quoi qu’il en soit, la Municipalité lausannoise pense clairement qu’elle a atteint son but: faire prendre conscience de la réalité des enfants de sans-papiers, à Lausanne et ailleurs, qui ont leur avenir complètement bouché au terme de leur scolarité obligatoire.

– Votre coup politique risque tout de même de crisper le débat autour des clandestins.

– Dans une ville comme Lausanne, avec une majorité rose-rouge-verte et une vraie tradition humanitaire, il est clair que lancer un acte politique avec une telle portée nationale apparaît, aujourd’hui, comme un coup politique. Mais croyez-vous vraiment que tout n’a pas été avant tout réfléchi pour que la cause des sans-papiers puisse avancer? Cela fait de nombreux mois que le préavis était prêt. Et une chose est claire: la ville continuera son combat et ne se laissera intimider par aucune menace.

– Vous allez tout de même devoir plancher sur des solutions inscrites dans un cadre légal…

– Evidemment que notre volonté est de privilégier toutes les solutions possibles dans le respect de la loi. Mais nous resterons dans le cadre légal… tant que cela sera possible.

Les Kosovars ne veulent pas se voir privés de leurs rentes

Visar Qusaj, président de l'Association culturelle albanaise de Nyon (à dr.), lance la charge contre la décision du Conseil fédéral. Photo  24 Heures. La nouvelle est passée presque inaperçue: à fin janvier, Berne annonçait que la Suisse ne renouvelait pas la convention de sécurité sociale la liant depuis 1962 aux pays de l’ex-Yougoslavie. Ainsi, dès le 1er avril, les Kosovars ne recevront de nouvelles rentes AVS ou AI que s’ils sont domiciliés en Suisse. Plus question de les «exporter» dans leur pays d’origine. L’ensemble des cotisations accumulées pourra être récupéré par les retraités sur le départ, sous forme de capital.

Discrète, cette annonce commence néanmoins à faire des remous. Et la communauté kosovare prépare sa réplique. Hier, l’Association culturelle albanaise de Nyon et environs (ACANE) a officiellement lancé une pétition pour tenter de faire annuler cette rupture de convention. Cette pétition vise trois interlocuteurs: le Conseil fédéral, afin qu’il reconduise cet accord international, l’ambassade du Kosovo, afin qu’elle informe sa communauté sur les conséquences concrètes de ce changement de régime, et le gouvernement de Pristina, afin qu’il assure, au-delà du 1er avril, la couverture sociale de ses ressortissants ayant travaillé en Suisse.

Les Albanais du Kosovo de la région nyonnaise déplorent l’aspect discriminatoire de cette mesure. «Le fait que notre pays soit le seul à en pâtir suscite une grande incompréhension», commente Visar Qusaj, président de l’ACANE, qui ne peut cacher une certaine déception de voir le gouvernement du jeune Etat du Kosovo rester inactif. «Nous avons contribué à la création de richesse ici. Même si tous les nôtres ne rêvent pas de passer leur retraite sur leur terre d’origine, cette restriction nous prive de cette liberté à laquelle on a droit.» Il se donne jusqu’à mi-mars pour récolter un maximum de paraphes. Pour cela, il compte sur le renfort des autres associations locales ou estudiantines de Kosovars. «Car, pour l’heure, nous ne disposons pas d’un organisme faîtier pour nous aider dans notre lobbying, constate le Nyonnais. Cette regrettable décision pourrait contribuer à nous fédérer à l’avenir.»

24 Heures

L’exil, entre espoir et déchirement

imageC’est un tout petit musée. Petit par la taille, minuscule par les moyens et le budget. Mais immense par les horizons qu’il ouvre aux visiteurs.

Lire la suite de cet article, consacré par 24 Heures au Musée de l’immigration, en cliquant sur l’image.

Un centre de requérants d’asile en feu près de Lyss

Un incendie s'est déclaré à l'aube dans un centre pour requérants d'asile à Kappelen bei Lyss, dans le Seeland. Plusieurs personnes sont blessées, a indiqué la police cantonale.

Les requérants de ce centre ont vu leur demande d'asile frappées d'une décision de non entrée en matière. Sur place, les ambulances bénéficient du renfort d'un hélicoptère de la Rega. De nombreux pompiers de toute la région, des membres de la protection civile et des policiers appuient également les secouristes.

Pour l'heure, les autorités ne sont pas en mesure de préciser les causes du sinistre. Elles ignorent également le nombre de blessés.

(ats)

Après Rosarno / Remèdes anti-chômage

En Italie, après les chasses à l’Homme de Rosarno, de nombreux immigrés ont cherché refuge ailleurs en Calabre. Et notamment à Crotone, un port qui est un point de passage pour beaucoup de migrants clandestins tentant de gagner l’Europe. Avec le Centre d’accueil de Sant’Anna, dans la périphérie de la ville, Crotone fait même figure de « Sangatte italien ».

Lire ce reportage de Jean Arnaud Derens sur RFI.

mercredi 24 février 2010

Lutte contre le racisme: une commission fédérale demande une législation plus stricte

La législation suisse ne suffit pas pour lutter efficacement contre les discriminations raciales. Rapport à l'appui, la Commission fédérale contre le racisme demande un tour de vis. Le droit pénal permet certes de s'en prendre aux actes des extrémistes de droite, mais des lacunes existent dans les droits privé et administratif. Résultat: chaque jour, des personnes sont discriminées lors de la recherche d'un emploi ou d'un appartement ou pour l'accès à certains biens et services. La commission n'exige rien de nouveau mais seulement l'application des principes constitutionnels au quotidien. (SWISS TXT)

Lire le communiqué de presse de la CFR (commission fédérale contre le racisme)

Belgique: des dizaines de familles demandeuses d’asile à la rue

Photo belgaLa Plate-forme Mineurs en exil et plusieurs organisations et institutions de défense des droits de l'enfant déplorent mardi l'incapacité de Fedasil, l'agence fédérale pour l'accueil des demandeurs d'exil, de fournir un accueil aux familles demandeuses d'asile. Celles-ci sont alors parfois renvoyées vers la gare du Nord pour trouver refuge.
Selon les signataires du communiqué, depuis le 15 février, "on constate une croissance spectaculaire du nombre de demandeurs d'asile, essentiellement des personnes en provenance d'Europe de l'Est".
"Ces personnes, qui introduisent une première demande d'asile, se voient refuser l'accueil en raison de la saturation du réseau. Depuis une semaine, pas moins de 170 personnes (des familles) n'ont pas bénéficié d'un accueil. Le 22 février, on totalise déjà 378 demandeurs d'asile, dont 260 d'entre eux (à nouveau des familles) se voient refuser tout accueil", dénoncent-ils.
Les services de première ligne sont déjà saturés par leur propre public cible et ne sont pas en mesure d'accueillir les demandeurs d'asile. "Ils conseillent donc aux familles d'aller trouver refuge à la gare du Nord", ajoute le communiqué.
Cette crise de l'accueil a poussé le CPAS de Bruxelles à assigner le gouvernement fédéral en référés car il reçoit tous les demandeurs d'asile qui sont fictivement domiciliés par défaut à l'Office des étrangers ou au Commissariat général aux réfugiés et apatrides.
La Plate-forme Mineurs en exil et les organisations qui la soutiennent réclament une solution immédiate pour l'ensemble des bénéficiaires du droit à l'accueil et "envisagent de porter les décisions de refus d'accueil devant la justice".

Une information de l’agence belga/chds sur le site 7sur7

Roms: manifestation anti-raciste à Bucarest

Plus de 200 représentants d'ONG de la minorité Rom ont demandé mercredi la démission du ministre roumain des Affaires étrangères Teodor Baconschi, l'accusant de "racisme", lors d'une manifestation devant le siège du gouvernement, a constaté un photographe de l'AFP. "Nous ne pouvons pas accepter le racisme à un si haut niveau et en même temps attendre que les autorités locales, le directeur d'école, le policier ou le maire regardent les Roms comme des citoyens ayant des droits égaux et essaient de faire quelque chose pour eux", a déclaré David Marc, le directeur de l'Alliance civique des Roms, à la chaîne Antena 3. Dans une déclaration à la presse, le ministre avait notamment dit: "Nous avons des problèmes physiologiques, naturels, de délinquance au sein de certaines communautés roumaines et notamment des communautés de ressortissants roumains d'origine rom".

Info trouvée sur le site d’Europe 1

Le 1er mars, "Journée sans immigrés"

Le collectif "la journée sans immigrés, 24 heures sans nous" invite les travailleurs immigrés ou ceux qui se sentent sensibles à leur reconnaissance à ne pas travailler le 1er mars prochain pour montrer leur importance économique, a rappelé un communiqué commun de la CFDT, FSU, Solidaires, Unsa et du Syndicat de la magistrature. Les organisations "estiment qu’il faut mettre fin à l’instrumentalisation des politiques d’immigration, d’intégration et d’accès à la nationalité et ouvrir un débat serein, responsable et garant des droits fondamentaux dans l’égalité, la justice et la solidarité".

Une info trouvée sur le site d’Europe 1

Mieux combattre l’immigration clandestine en Europe

Une politique de lutte contre l’immigration clandestine irréprochable en matière de droits de l’homme, c’est à quoi doivent s’atteler les pays de l’Union sans quoi ils pourraient écoper de sanctions financières. L’avertissement est venu de la nouvelle Commissaire européenne en charge du dossier. Pour elle, l’action de Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières doit être renforcée.

“Il doit être très clair dans toutes les opérations où Frontex est impliquée que la teneur de la mission doit être déterminée à l’avance” a t-elle précisé. Et quand on lui demande si le “non renvoie” immédiat des clandestin sera désormais le principe de base en haute mer la réponse est claire: “oui”.

Cette éventuelle pénalité financière n’en est encore qu’au stade de la proposition. Selon un analyste, cette dernière “ne résoudra pas le problème de la protection des demandeurs d’asile et des réfugiés potentiels en haute-mer et dans les territoires africains tiers mais pourrait renforcer les capacités de Frontex et idéalement celles des Etats membres du sud de la méditerrannée”.

En 2008, l’Union européenne a intercepté plus de 170 000 immigrés clandestins.

L’immigration clandestine en Europe sera au coeur d’une réunion spéciale qui se tiendra ce jeudi à Bruxelles. Face à ses homologues européens, le ministre français de l’Immigration, Eric Besson, y défendra 29 mesures destinées notamment à combattre l’immigration illégale.

Copyright © 2010 euronews

Cuba rapatrie 194 boat people haïtiens

Un retour volontaire que les réfugiés économiques avaient exigé en raison de la misère effroyable sévissant dans les prisons cubaines où ils étaient détenus depuis novembre.

Les autorités cubaines ont rapatrié mardi au Cap-Haïtien (274 km au nord de Port-au-Prince) 194 boat people au terme d’un séjour en prison d’environ quatre mois, a constaté le correspondant local de Radio Kiskeya.

Les clandestins affirment avoir demandé eux-mêmes d’être ramenés au pays parce qu’ils ne pouvaient plus "continuer à accepter les conditions carcérales extrêmement misérables" qui leur étaient imposées dans l’île communiste.

L’embarcation qui transportait ces voyageurs avait échoué dans les eaux territoriales de Cuba en novembre dernier au moment où ils tentaient de fuir le pays et l’insécurité économique au quotidien.

Leurs familles étaient restées depuis sans nouvelles et croyaient qu’ils avaient péri durant la traversée.

A leur arrivée à l’aéroport international du Cap-Haïtien, les boat people ont été accueillis par des représentants de l’office national de la migration (ONM).

Pour sa part, l’organisation internationale de la migration (OIM) a remis un viatique de 10 dollars américains à chacun des rapatriés.

En attendant de pouvoir regagner les localités d’où ils sont originaires, ils se retrouvent parmi les sinistrés du séisme du 12 janvier installés au gymnasium de la deuxième ville du pays qui s’est transformé en camp de réfugiés.

Une tendance à la reprise des voyages clandestins d’Haïti vers les pays voisins est constatée depuis quelques semaines. spp/Radio Kiskeya

Les sans-papiers veulent être régularisés, le patron déménage

Les locaux de l'agence d'intérim Multipro, occupés par les employés sans-papiers (Marie Kostrz/Rue89)

Depuis le 23 octobre 2009, 32 employés sans-papiers occupent les locaux de l'agence d'intérim Multipro, à Paris, afin d'obtenir une promesse d'embauche qui leur permettrait d'être régularisés. Le patron a préféré déserter les lieux et ouvrir une nouvelle agence à quelques rues de là.

Lire la suite de cet article de Marie Kostrz sur Rue89

Apprentis sans papiers: «Genève doit suivre Lausanne»

La députée PDC Anne Marie von Arx-Vernon souhaite que la Ville de Genève, à majorité de gauche, s'engage pour la formation des jeunes sans-papiers. Propos recueillis par Rachad Armanios pour le Courrier.
Face à l'interdiction d'engager des apprentis sans-papiers, les collectivités publiques progressistes sur cette question, comme la Ville de Genève, devraient se solidariser avec l'exécutif de la municipalité lausannoise, qui a créé la polémique en annonçant son projet d'engager quatre apprentis sans-papiers (lire également en page 5). C'est l'avis d'Anne Marie von Arx-Vernon, députée PDC et auteure d'une motion en faveur d'un «chèque apprentissage» pour jeunes clandestins ayant effectué leur scolarité à Genève que le Grand Conseil devrait en toute logique refuser les 18-19 mars prochains. Suivant ainsi la commission de l'économie qui a voté contre l'entrée en matière. Cette motion est relayée au Conseil national par le PDC genevois Luc Barthassat. Elle vise à offrir aux jeunes sans-papiers des places d'apprentissage en entreprise.
Est-il légitime, comme le projette l'exécutif de Lausanne, de transgresser la loi en engageant des apprentis sans-papiers?
Anne Marie von Arx-Vernon: Oui, dès lors que l'on place l'humain au centre des préoccupations et en se fondant sur la prépondérance de la Convention des droits de l'enfant. Contrairement à des entreprises, des collectivités publiques peuvent et doivent prendre ce risque politique pour montrer l'exemple. Patrice Mugny, lorsqu'il était maire de Genève, avait dit son intention que la Ville donne l'exemple. On attend toujours. Par solidarité avec Lausanne et pour mettre un maximum de pression sur Berne, Genève et d'autres municipalités seraient inspirées d'emboîter le pas à Lausanne.
Que propose votre motion?
Elle demande de mettre en oeuvre un mode d'accès à l'apprentissage dual, pour les jeunes sans-papiers ayant suivi leur scolarité à Genève et qui y sont donc intégrés, en se fondant sur le principe du chèque service. Créé il y a dix ans, il permet d'engager du personnel de maison dont certains sans statut légal, tout en déclarant les charges sociales. Ces travailleurs au noir passent dans une zone «grise», ce qui met fin à une certaine hypocrisie tout en protégeant ces gens en situation très précaire. Malheureusement, la commission de l'économie n'est pas entrée en matière – à une voix près.
La commission ne voulait pas placer les patrons en situation d'illégalité...
On sait bien que ce chèque frise le code. Si le «chèque service» concerne des particuliers, là, l'employeur est une entreprise dont la responsabilité est plus grande. Le chèque apprentissage n'est plus pertinent s'il met les PME en difficultés, car le but est de les aider à engager des apprentis qu'elles sont prêtes à employer. C'est pourquoi il faut changer de stratégie, en continuant à faire pression pour que la loi change au niveau fédéral – c'est le but de la motion de Luc Barthassat – et en renforçant l'apprentissage pour les écoliers sans-papiers en écoles professionnelles. Multiplier les places et les filières dans ces écoles est d'ailleurs, selon mes informations, la voie étudiée par le Département de l'instruction publique qui n'a toujours pas rendu son rapport sur la question, attendu pour février 2009.
Vous renoncez au chèque apprentissage à Genève?
Nous comprenons les réticences des entreprises, mais nous regrettons que la commission ait refusé l'entrée en matière qui aurait permis d'explorer d'autres pistes. C'est d'autant plus regrettable que certains, dont des libéraux «humanistes», sont d'accord sur le fond. Seulement, ils n'ont pas voulu exposer ces jeunes à la vindicte populiste de l'UDC et du MCG. Ils craignent aussi que la solution soit pire que le remède au cas où exposer ces familles déboucherait sur leur expulsion.
Ce n'est pas votre avis?
Pour ne pas «réveiller le chat qui dort», jusqu'à quand doit-on se taire en laissant ces jeunes livrés à eux-mêmes? Alors qu'ils sont parfaitement intégrés, on les laisse à la rue, à la merci des tentations de la délinquance et du travail au noir. Et pourquoi se priver du travail de ces jeunes que nous scolarisons alors même que nous devrons ensuite faire appel à de la main-d'oeuvre étrangère? Cyniquement dit, il s'agit d'un retour sur investissement: un écolier coûte 14 000 francs par an. Mais avant tout, sur le plan humain, ces jeunes sont doublement discriminés face à l'apprentissage: en tant que sans-papiers et parce qu'ils ne suivent pas le cursus universitaire où là, ils n'auraient pas de problème.

lundi 22 février 2010

«On bosse ici! On vit ici! On reste ici!»

C’est un film de trois minutes et trente secondes, diffusé depuis lundi soir sur les sites communautaires et bientôt dans les salles Art et Essais. A l’écran, des gens debout devant un chantier, une tour cossue de la Défense, dans le froid d’un piquet de grève. Ils racontent l’injustice quotidienne d’une citoyenneté de seconde classe. Ce sont des «sans papiers» qui travaillent pour des sociétés connues de tous ou des institutions de la République.

Ce court métrage s’intitule «On bosse ici! On vit ici! On reste ici !» Il est signé du Collectif des cinéastes pour les sans-papiers, regroupant plus de deux cents professionnels du cinéma qui apportent leur soutien aux milliers de personnes dans cette situation. Parmi les signataires, Laurent Cantet, cinéaste et palme d’or à Cannes avec Entre les murs. Dans les jours qui viennent, le collectif tentera de convaincre les grandes salles de diffuser le film avant les élections régionales.

A regarder sur «Libération.fr», le court métrage du Collectif des cinéastes pour les sans-papiers...

... ou sur Dailymotin

Lire aussi, sur Libération, "Sans-papiers: les cinéastes français voient rouge"

Pas de familles au centre de requérants

La demande de la commune aux autorités valaisannes est restée lettre morte. Le foyer pour demandeurs d’asile continuera de n’abriter que des célibataires. Mais un meilleur suivi sera assuré. Un article de 24 Heures.

image Le centre de Collombey-le-Grand n’abrite que des hommes seuls. Des programmes d’occupation seront mis sur pied pour eux. Photo Gérald Bosshard.

La rencontre, organisée il y a un peu plus d’une semaine, entre les autorités communales et la conseillère d’Etat Esther Waeber-Kalbermatten, cheffe du Département de la sécurité et de l’intégration, n’y changera rien: le foyer pour requérants d’asile de Collombey-le-Grand continuera de n’abriter que des hommes célibataires. Après l’interpellation de plusieurs d’entre eux pour trafic de drogue (24 heures du 22 janvier), la commune avait demandé à ce que le centre accueille également des familles.

Malgré ce désaveu, la présidente de Collombey-Muraz, Josiane Granger, se dit satisfaite: «L’échange avec le canton a été positif. On nous a expliqué que l’accueil de familles aurait nécessité la mise en place de mesures liées aux transports ou à la scolarité. Celles-ci se seraient avérées très lourdes pour notre petite commune.»

Programmes d’occupation

Un avis partagé par l’UDC, qui avait pourtant interpellé les édiles au sujet du centre: «Faire venir des familles aurait simplement déplacé le problème, note Mikael Vieux, président de la section locale du parti. Nous voulions avant tout rendre la Municipalité attentive à ce problème afin qu’il y ait un meilleur suivi.»

Mission accomplie, semble-t-il: «Nous allons organiser des séances mensuelles avec les responsables du foyer, promet Josiane Granger. Et nous planchons sur le lancement de programmes d’occupation, afin que les résidents se sentent plus utiles.» Une solution qui a déjà donné des résultats encourageants, à Bex, notamment.

Comment Lausanne fera travailler les sans-papiers

La Ville veut engager des apprentis clandestins pour dénoncer le veto qui interdit à ces jeunes de se  former. Reportage de Marco Danesi dans le Temps.

Le Collectif de soutein aux sans-papiers, présent samedis sur la place Saint-Laurent à Lausanne. La ville compterait 4 à 6'000 clandestins. Photo Bertrand Cottet / STRATES

Samedi, jour de marché. Le Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers réclame une formation pour les enfants clandestins. L’école obligatoire, voire le gymnase, sinon les universités, dans les cas les plus heureux, sont à leur portée, même au prix de quelques péripéties. En revanche l’apprentissage reste une chimère, tout comme les écoles professionnelles, à l’exception de Genève.

Erick distribue des tracts aux chalands. Il avoue 21 ans. Il est arrivé en Suisse à 14 ans depuis le Chili. Après une année et demie dans une classe d’accueil où il apprend le français, il passe en huitième, puis neuvième, avant une ronde supplémentaire à l’OPTI (Organisme pour le perfectionnement scolaire, la transition et l’insertion professionnelle). Sorti du giron de l’école obligatoire, Erick brigue une place d’apprentissage comme dessinateur en bâtiment. Sans résultats depuis quatre ans. Une formation de paysagiste s’évapore à défaut de papiers. Erick vit à Renens avec sa mère et deux sœurs plus jeunes. L’aînée espère rallier le gymnase. Lui a dû y renoncer, faute d’un niveau scolaire suffisant: en deux ans, difficile de maîtriser le b.a.-ba de l’allemand. Des petits boulots de temps en temps, un déménagement ou des ménages, rompent la routine, entre attente et espoirs.

Défiant le droit fédéral qui exige une autorisation de séjour pour tout contrat de travail, la Municipalité de Lausanne – nonobstant l’avis contraire du radical Olivier Français, le seul représentant de la droite à l’exécutif – a annoncé la semaine passée qu’elle engagera des apprentis sans-papiers. Avec ce geste, la ville accuse l’absence de débouchés professionnels pour Erick et les autres enfants clandestins. Entre 200 et 300 écoliers en situation irrégulière, estime Oscar Tosato, fréquenteraient les classes lausannoises. Selon le municipal socialiste porte-voix de l’initiative, une moitié des 20 à 30 élèves en fin de scolarité pourrait aspirer à un apprentissage, 4 à 5 continueront des études au gymnase. Quant aux autres, ils rentreront au pays ou commenceront à travailler.

Il faut dire que la question devient lancinante. Parlements citadins (Zurich) et cantonaux (Vaud, Bâle) ont voté des initiatives en faveur du droit à une formation professionnelle pour les jeunes sans statut légal. Genève discute d’un «chèque apprentissage». Le Conseil national va débattre de trois motions qui vont dans le même sens. Bref, de toute part on reconnaît la nécessité de garantir une formation à la progéniture des anonymes invisibles. En revanche, les mesures concrètes tardent à s’imposer. Le Conseil fédéral rejette d’ailleurs toute ouverture.

La proposition lausannoise a immédiatement déclenché la polémique. L’UDC promet un référendum si le préavis municipal devait passer la rampe du Conseil communal (législatif). Le canton, et son ministre de l’Intérieur, le libéral Philippe Leuba, exige un avis de droit et menace de sanctions. La population, à son tour, si l’on en croit les réactions des courriers de lecteurs, semble divisée. En temps de crise économique, de chômage et de pénurie de places d’apprentissage, la nouvelle fait jaser. D’autre part, on reproche à la capitale vaudoise de faire cavalier seul, au risque de tuer dans l’œuf une bonne idée. Et même ses partisans auraient préféré que l’on revendique l’accès aux écoles professionnelles pour tout le monde en toute légalité plutôt que de remuer ciel et terre à l’avantage d’une poignée d’élus. L’administration compte en effet accueillir tout au plus quatre apprentis par an.

Sur la place Saint-Laurent, le soleil glisse d’un toit à l’autre. Les mères du collectif jonglent avec biscuits et pétitions. La proposition de la ville les réjouit. Puis elles racontent les histoires ordinaires de la précarité administrative. L’une explique comment sa fille, malgré le peu d’empressement ambiant, a réussi à décrocher un apprentissage. A coup de lettres, de dossiers, après plusieurs stages, la mère finit par convaincre un hôtelier. Une autre évoque les études universitaires de son enfant. Dribblant les obstacles, la mère a pu obtenir l’accès rêvé à l’Alma Mater. Une troisième bataille pour son fil VSO tenté par le métier d’électricien. A les entendre, on se dit que les parents jouent un rôle primordial. Tout autant que la débrouille et les chemins de traverse pour trouver malgré tout une solution.

Or, dans l’agglomération lausannoise, où vivraient environs 10 000 clandestins – dont quatre à six mille en ville –, la moitié provient d’Amérique latine et notamment d’Equateur. Ces derniers composent le gros des militants actifs au sein du collectif. Organisés, avec des familles soudées, ils accompagnent sans faille leurs enfants, avec des taux de scolarisations très élevés par rapport à d’autres groupes nationaux. C’est dire à quel point ils sont prêts à se battre pour leurs enfants. Du coup, le contrôle social est fort, et le risque de dérapages mineur. Tout écart, ils le savent, pourrait aboutir à l’expulsion. Byron Allouca, fer de lance désormais régularisé de la communauté, exclut les dérives dont on pourrait accuser des jeunes sans-papiers désœuvrés. Délinquance et trafic de drogue, croit-il, ne les concernent pas. En revanche, insiste le militant, il est temps d’assurer une formation à des adolescents qui ne quitteront certainement jamais la Suisse. Une formation utile de toute façon et indispensable le jour où ils obtiendront un permis de séjour. A défaut, ces jeunes iront grossir les rangs du chômage ou de l’assistance sociale.

Finalement, Byron Allouca plaide pour la régularisation de tous ces travailleurs de l’ombre qui ne volent pas les places aux indigènes. En outre, explique Anne Papilloud, députée popiste au Grand conseil, travail au noir ne rime pas avec clandestins. La plupart du temps, ces milliers de bras de l’emploi non qualifiés – avec des salaires qui dépassent rarement 2000 francs mensuels – sont déclarés en dépit de leur statut.

Daniel roule sur les dalles luisantes de la place Saint-Laurent, un bolide sur patin à roulettes. Il voudrait devenir médecin. Pour l’heure il est en sixième, il a 12 ans. Il en avait deux et demi quand il a quitté l’Equateur. En deux mots, il résume sa situation: «Je suis comme un Suisse mais sans-papiers.» Les procédures de régularisation, amorcées par ses parents, ont échoué. Il n’y pense pas tous les jours, mais parfois l’inquiétude le gagne. Dans dix ans, les choses auront changé, veut espérer son père. Dans le cas contraire, soupire-t-il un rien fataliste, on comptera un clandestin de plus condamné à une vie bricolée.

samedi 20 février 2010

Jeunes illégaux: de l’audace

A Genève, il y a près de vingt ans que le canton garantit aux sans-papiers l'accès à l'école. Cet élémentaire respect du droit à l'éducation avait été permis après le geste hautement symbolique de l'ancien conseiller d'Etat Dominique Föllmi (PDC); il avait amené en classe une fillette clandestine sous l'oeil des caméras. Le magistrat avait bravé l'interdit de façon pionnière en Suisse, au nom du droit supérieur. L'officialisation de cette pratique avait été précédée en 1986 par la création par des associations de la «Petite Ecole», clandestine, qui donnait des cours aux enfants des étrangers sans permis. Genève a ouvert la voie dans le pays. Aujourd'hui, l'accès à l'école pour ces enfants semble communément admis, même s'il n'est toujours pas égal selon les cantons. Un éditorial de Rachad Armanios dans le Courrier.


Il est utile de rappeler ce volontarisme en examinant la proposition provocante de la municipalité de Lausanne, mercredi, d'embaucher des apprentis sans-papiers. Car si la Suisse a ratifié la Convention des droits de l'enfant, elle viole l'article qui garantit le droit à la formation. Les adolescents illégalement établis et n'ayant pas les notes pour accéder aux écoles post-obligatoires ne peuvent prétendre à un apprentissage. Celui-ci est en efet conditionné à la possession d'un permis de travail ou de séjour. Ces mineurs sans papiers rejoignent alors la voie sans issue dans laquelle vivotent leurs parents. Les Chambres fédérales sont saisies de plusieurs motions, issues de la gauche et de la droite, qui attaquent les chaînes de la loi au nom du droit international supérieur. Un débat aux Chambres est prévu le 3 mars, mais le rapport de force politique n'autorise pas l'optimisme. Dans ce contexte, l'initiative du municipal socialiste Oscar Tosato est bienvenue. Juste avant une échéance importante, le Lausannois met la pression sur le parlement fédéral et rompt le silence. Amateurisme contre-productif? De l'eau au moulin de l'UDC? Au contraire: c'est à force de se taire qu'on fait le jeu des forces conservatrices. Surtout, Lausanne n'a pas mis en pratique son projet. En ruant dans les brancards, la Ville place fermement ses pions pour négocier avec le canton et la Confédération. Les conseillers d'Etat vaudois de droite dégainent la loi et leurs inspecteurs du travail plus vite que leur ombre et qualifient la Ville de hors-la-loi. L'expérience montre pourtant que ne pas suivre la loi à la lettre permet parfois de la faire légitimement progresser. C'est même un devoir quand celle-ci prétérite l'avenir de centaines d'enfants. Une collectivité publique qui projette une désobéissance civile, ce n'est pas banal. Mais Lausanne n'en est pas à son coup d'essai. A l'époque, dans l'affaire des «523», la municipale radicale en charge de la police avait refusé de prêter ses troupes pour expulser les sans-papiers. Et Genève? La formation y est mieux garantie que partout en Suisse, puisque que le canton ouvre ses écoles professionnelles aux jeunes sans permis. Mais l'apprentissage dual leur est interdit. A l'abri des regards, les autorités n'en finissent plus de chercher des solutions. Se trouvera-t-il au bout du lac un magistrat à la hauteur de Dominique Föllmi?

Les enfants de l’exil ressuscités

Carlos Iglesias a tourné dans les Franches-Montagnes un film sur un pan méconnu de l’histoire d’Espagne. Un article du Temps signé Yelmarc Roulet.

On tourne à Tramelan, dans le Jura bernois. Une modeste maison locative, vouée à la démolition, a été mise à disposition. Papiers peints défraîchis, boiseries crasseuses, linoléum, le décor parfait pour une scène qui se passe dans un appartement communautaire du Moscou soviétique.

Ces scènes d’intérieur sont les dernières à réaliser en Suisse, où l’équipe aura séjourné sept semaines. Les paysages enneigés des Franches-Montagnes, avec leurs fermes, sont paraît-il très semblables à ceux du pied de l’Oural, où se situe également l’action.

«Silencio, motor!», crie-t-on dans le vieil appartement de Tramelan. Cette histoire russe se tourne en espagnol. Elle parle des «enfants de la guerre». Autrement dit, des petits Espagnols qui, à partir de 1937, ont été évacués par dizaines de milliers des zones républicaines sur le point de tomber aux mains des Franquistes. Trois mille d’entre eux seront conduits en URSS.

Lire la suite de cet article

vendredi 19 février 2010

Lausanne fait un pas vers l’illégalité pour “montrer que la législation ne joue pas”

En projetant d'engager des apprentis sans statut légal, la ville veut briser l'immobilisme des autorités fédérales, explique le municipal socialiste Oscar Tosato.  Une interview de Michaël Rodriguez dans le Courrier.

«Maintenant, ça suffit! La situation devient grave. Nous franchissons le pas.» Municipal lausannois de l'enfance, de la jeunesse et de l'éducation, le socialiste Oscar Tosato ne craint pas de défier les autorités fédérales en prévoyant d'engager des apprentis sans papiers en dépit des obstacles légaux. L'exécutif de la ville a dévoilé ce projet mercredi (notre édition d'hier), en réponse à une motion popiste déposée en 2002. Interview.
Qu'est-ce qui vous a poussé à lancer ce pavé dans la mare?
Oscar Tosato: C'est dramatique d'imaginer que l'on bloque à 16 ans des jeunes qui, pour quelques-uns, sont nés en Suisse, et qui y ont fait toute leur scolarité. On ne peut décemment pas penser que la solution soit le retour dans leur pays d'origine: pour eux, il n'y a plus de pays d'origine. De par ma fonction, je dois faire respecter l'égalité des chances entre tous les enfants qui sont à Lausanne. Ce qui signifie, selon la Convention internationale des droits de l'enfant: tous les jeunes de moins de 18 ans. Aujourd'hui, les autorités cantonales acceptent les jeunes sans papiers au gymnase. Il n'y a pas de raison que seuls ceux qui ont le plus de capacités scolaires puissent se former.
La ville de Lausanne ne se mettrait-elle pas dans l'illégalité?
Oui, mais quand on le fait en termes politiques, on veut montrer qu'il y a dans la législation quelque chose qui ne joue pas. Si, en politique, on ne peut pas faire des propositions pour faire avancer les choses, je ne vois pas où cela serait possible.
Avez-vous averti les autorités fédérales de cette démarche?
Non. Nous n'avons demandé l'aval à personne.
Si les autorités fédérales vous lancent un avertissement, vous laisserez-vous impressionner?
Je me laisserai impressionner par des solutions. Pas par des avertissements.
Pourquoi ne répondre que huit ans plus tard à la motion popiste?
Pour plusieurs raisons. La ville voulait attendre le résultat d'une étude qu'elle a commandée sur la situation globale des sans-papiers à Lausanne. Il s'agissait aussi de voir si une solution cantonale se profilait, dans le cadre du groupe de travail mandaté par le Conseil d'Etat. Ce groupe de travail a émis un certain nombre de propositions qui, pour l'essentiel, n'ont pas été suivies d'effets. Les travaux se sont bloqués pour les mêmes raisons que partout ailleurs: la loi fédérale sur les étrangers fixe comme condition absolue l'obtention d'un permis de travail. Enfin, nous voulions attendre la réponse du Conseil fédéral aux interventions parlementaires demandant un accès pour les jeunes sans papiers à la formation professionnelle. Mais le Conseil fédéral ne fait que répéter qu'il faut se contenter des solutions au cas par cas, une voie qui est le plus souvent sans issue.
Le 3 mars, les Chambres fédérales traiteront justement ces interventions parlementaires. Vous voulez leur mettre la pression?
Oui, absolument. Il faut maintenant que l'Assemblée fédérale légifère. Un autre élément déclencheur a été le soutien à cette revendication exprimé récemment par le Grand Conseil vaudois. Troisième facteur: la campagne exécrable de l'UDC sur les minarets a montré qu'il n'y a rien à attendre d'une politique de concertation avec ce parti.
Les socialistes se plaignent régulièrement qu'il n'y a pas assez d'inspecteurs pour lutter contre le travail au noir dans le canton de Vaud. N'êtes-vous pas en pleine contradiction?
Les inspecteurs du travail sont absolument essentiels, afin de contrôler des entreprises dont on sait qu'elles font du dumping et qu'elles cassent le marché du travail. Le principe du travail au noir ne consiste pas à donner un emploi à des gens qui n'en ont pas, mais à payer de la main-d'oeuvre à vil prix. Il faut combattre le travail au noir en contrôlant les entreprises et en donnant plus de permis de séjour.

……………………………………………………………………………..

Des ministres courroucés

Le projet de la ville de Lausanne s'attire les foudres de plusieurs ministres cantonaux. Le chef du Département de l'intérieur, Philippe Leuba, vitupère contre cette manière de «violer sciemment la loi». Le conseiller d'Etat libéral a demandé un avis de droit aux juristes du canton. Les premiers éléments qu'il a reçus par oral «ne souffrent aucune discussion: c'est illégal». Pour le ministre de l'Economie, l'UDC Jean-Claude Mermoud, l'engagement d'apprentis sans papiers «relève du travail au noir».
Les deux conseillers d'Etat avertissent donc la ville qu'elle s'exposerait à des sanctions administratives et à une dénonciation pénale. Philippe Leuba souligne en outre que la législation sur les étrangers oblige les syndics à dénoncer les infractions dont ils ont connaissance. «Si M. Brélaz est au courant de l'emploi d'une personne sans statut légal, il a l'obligation légale de dénoncer l'employeur au juge d'instruction», s'exclame le ministre. L'UDC de la ville de Lausanne s'en prend également à la décision municipale. Dans un communiqué diffusé mercredi soir, elle menace de lancer un référendum.
Au Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers, Jean-Michel Dolivo se réjouit à l'inverse de cette démarche. Il ne craint guère que les apprentis sans statut légal deviennent des cibles faciles pour les opérations de renvoi. «La situation de la plupart des sans-papiers qui travaillent actuellement est connue des autorités, parce qu'ils cotisent aux assurances sociales». MR

Ouvrir l’apprentissage aux clandestins ? Les avis divergent

avis des lecteurs Alors que certains déplorent la violation de la loi fédérale et relèvent que les Suisses eux-mêmes peinent à trouver des places d’apprentissage, d’autres voient dans cette décision la fin de l’hypocrisie qui consiste à former ces jeunes dans les écoles, avant de les abandonner à l’oisiveté ou au travail au noir. Sondage de 24 Heures.

Les sans-papiers sont doublement victimes: en premier de leur pays d’origine, incapable de leur offrir un travail pour survivre, en second de l’hypocrisie de l’Etat et de la population suisses, qui leur refusent un travail légal, mais qui profitent largement de leur travail à bas salaire. A défaut de régler le problème des sans-papiers, évitons pour le moins de punir leurs enfants! ANDRÉ ROTH CARROUGE

Ces jeunes, qui sont arrivés en Suisse avec leurs parents, n’y peuvent pas grand-chose. Ils vont à l’école, à l’université, ils se sont intégrés, mais lorsqu’ils veulent entrer en apprentissage, on brandit la législation fédérale, qui ne leur permet pas de travailler ni de rester en Suisse, alors qu’ils y résident depuis des années. JEAN-JACQUES MONOD ÉCUBLENS

L’idée paraît généreuse au premier abord, mais quand on y réfléchit et que l’on sait que de nombreux jeunes Suisses et étrangers avec permis ne trouvent pas de places d’apprentissage, cela semble nettement moins séduisant. Si, comme il y a quelques années, il y avait assez de postes de travail, j’aurais adhéré à cette proposition, mais, à l’heure actuelle, je dis non, cela va créer des problèmes et des déceptions. NIKI BRÜLHART VUISTERNENS-EN-OGOZ (FR)

Il est important que ces jeunes gens soient éduqués et formés pour leur future intégration dans la société. Au cas où ils ne pourraient pas rester en Suisse, ce sont des personnes qui pourraient apporter leur savoir-faire dans leurs pays d’origine. Et des gens qui ont un travail et un but dans la vie ne sont plus des réfugiés en puissance! JEAN-LOUIS ÉCUYER CHERNEX

La Municipalité de Lausanne prépare le terrain de l’extrême droite en prenant le parti de ceux qui ne respectent pas la loi fédérale sur les étrangers. Comment voulez-vous respecter cette autorité politique si elle n’est pas crédible, car elle-même en infraction. Les clandestins doivent, et c’est la loi, être renvoyés dans leur pays d’origine. Si on ne fait plus la différence entre les immigrants légaux et ceux qui trichent et ne respectent pas la loi, quel message veut-on faire passer à la population? ANDRÉ-ÉRIC TENTHOREY PENEY-LE-JORAT

Se positionner hors la loi fédérale donne une mauvaise image de la coordination entre les différents échelons politiques. Cependant, une fois en Suisse nous ne pouvons tolérer le renvoi sans formation de ces jeunes. S’il y a un rôle social que nous pouvons jouer, c’est bien de leur donner une formation pour leur avenir. Mais cela doit être une volonté fédérale et non des actions isolées. PAUL-HENRI MARGUET LA CHAUX

Quand une loi est manifestement injuste, il est de notre devoir d’y résister… avant de tenter d’y apporter des corrections législatives. Ces jeunes ont 15-16 ans, ils ne sont ni autonomes ni responsables de la situation de séjour de leurs parents. S’ils ne peuvent pas faire un apprentissage, ils sont exclus de tout et ce qui leur reste est la rue. DORIS AGAZZI SAINT-CIERGES

C’est un scandale qu’une commune viole sciemment la législation. Il est déjà inadmissible de scolariser les enfants clandestins qui n’ont aucune existence légale en Suisse, alors le faire jusqu’à leur majorité! Que sera le pas d’après: leur offrir un travail au noir jusqu’à la retraite? ÉRIC BRON CUGY

Du point de vue du principe, le canton de Vaud n’a pas à se soumettre systématiquement à la volonté centralisatrice bernoise mais le municipal lausannois a-t-il bien vérifié la légalité de sa décision avant d’en parler et de provoquer des espoirs qui pourraient s’avérer vains ou n’est-ce qu’un «coup» en vue des futures élections, ce qui serait alors bien regrettable. BERTRAND PICARD LAUSANNE

Je félicite la Municipalité pour son courage et j’apprécie le message de soutien qu’elle envoie aux différentes motions parlementaires, ainsi qu’au Conseil d’Etat vaudois, qui a reçu le mandat par le Grand Conseil d’envoyer une initiative à l’Assemblée fédérale pour trouver une solution à ces situations d’inégalité de traitement. MYRIAM SCHWAB LAUSANNE

Il ne faut pas voir ce projet comme un défi, mais comme la reconnaissance d’une situation locale: les sans-papiers travaillent à Lausanne parce que les Lausannois ont besoin d’eux. Ils participent à l’éco-nomie locale, vivent, mangent et dorment avec la population lausannoise. Ils ont parfois des enfants et ces enfants doivent avoir le droit de se former. ALDO BRINA LAUSANNE

Il s’agit d’une excellente initiative, qui donnera des perspectives d’avenir à ces jeunes, alors qu’ils étaient réduits à une oisiveté forcée au sortir de l’école obligatoire. ROBERT JOOSTEN LAUSANNE

Au nom de l’égalité des chances, la Convention internationale sur les droits de l’enfant reconnaît un droit à l’éducation à tous les mineurs. M. Tosato ne fait que redire la réalité d’un texte, auquel la Suisse est partie. Si certains s’y opposent, qu’ils proposent au peuple de dénoncer la Convention sur les droits de l’enfant. JEAN TSCHOPP LAUSANNE

L’amateurisme lausannois indigne des sans-papiers

Suite à l’annonce de Lausanne d’engager des apprentis sans-papiers, un édito de 24 Heures signé Mehdi-Stéphane Prin.

En voulant faire un coup politique avec son annonce d’engager des apprentis sans papiers, la Municipalité de Lausanne vient surtout de céder à une nouvelle bouffée d’arrogance. Cette première suisse n’est que de l’amateurisme. L’amateurisme des autorités de la cinquième ville du pays qui n’ont même pas pris la peine de sonder le canton sur les conséquences de leur projet. L’amateurisme des socialistes lausannois qui ne prennent même plus la peine d’accorder leurs violons avec leur parti cantonal. L’amateurisme, enfin, d’Oscar Tosato qui se rêve syndic, mais qui vient surtout de faire un cadeau inespéré à l’UDC pour les prochaines élections communales.

Les adolescents sans papiers, un véritable drame, méritaient mieux que cette polémique. Dans un canton qui a toujours fait preuve d’humanité envers les clandestins, Lausanne avait toutes les cartes en main pour faire bouger ce dossier. Le Grand Conseil n’a pas adopté par hasard une initiative demandant une modification de la loi fédérale. En négociant des alliances, en discutant avec les partis cantonaux, Oscar Tosato aurait certainement réussi à faire avancer le dossier, tout en se mettant en avant.

Si la proposition lausannoise semble partir d’un bon sentiment, elle a, sans l’ombre d’un doute, pour origine l’envie de faire de la politique politicienne. En espérant piquer l’électorat de l’extrême gauche, et mettre en difficulté le municipal popiste Marc Vuilleumier, les roses viennent de marquer un bel autogoal. L’UDC se frotte les mains, et le reste de la droite va désormais hésiter longuement avant de soutenir des propositions pour améliorer la situation des sans-papiers.

La provoc’ lausannoise sème la zizanie sur la scène cantonale

En voulant engager des apprentis sans papiers, la Municipalité met sens dessus dessous le Conseil d’Etat et les principaux partis politiques. Seule l’UDC se frotte les mains. Un article de Mehdi-Stéphane Prin pour 24 Heures.

La classe politique vaudoise s’est réveillée hier avec la gueule de bois. La décision de la Municipalité de Lausanne de permettre à des clandestins de suivre un apprentissage au sein de son administration (24 heures d’hier) n’a pas fini de provoquer des remous dans les partis. «La surprise est générale au niveau cantonal», lâche la présidente des socialistes vaudois, Cesla Amarelle. Un comble pour cette juriste spécialiste de la question. «Sur le fond, nous défendons la position des autorités lausannoises. Mais il existe des obstacles juridiques pour l’instant insurmontables.» Les relations entre les socialistes vaudois et lausannois, et en particulier le municipal Oscar Tosato, s’annoncent houleuses.

«Infraction pénale»

Le conflit semble tout aussi inévitable entre la capitale vaudoise et le Conseil d’Etat. Chef du Département de l’intérieur, Philippe Leuba a des mots très durs pour commenter l’attitude de l’exécutif lausannois. «Cela me pose un vrai problème éthique. Une collectivité publique peut-elle décider des lois qu’elle peut sciemment enfreindre? Dans une démocratie, les magistrats, qui prêtent serment, doivent s’en tenir au droit et l’appliquer.» Le Conseil d’Etat décidera officiellement mercredi prochain des mesures qu’il prendra contre la Municipalité lausannoise, mais Philippe Leuba dessine déjà une piste: «L’envoi des inspecteurs du travail, que la gauche réclame à juste titre, suffira pour mettre fin à ce travail au noir, une infraction pénale.»

Droit moral contre droit fédéral

La menace va-t-elle faire reculer le syndic de Lausanne? Daniel Brélaz semble être sûr de son bon droit moral: «Notre décision démontre surtout les aberrations du droit fédéral. Aujourd’hui, un enfant sans papiers peut aller au gymnase, mais il n’a pas le droit de suivre un apprentissage.» Est-ce à une ville de se mettre dans l’illégalité pour faire bouger les choses dans ce domaine? Pour Gilles Meystre, secrétaire politique des radicaux vaudois, la réponse est non: «La décision lausannoise est scandaleuse, même si le système actuel est une vaste hypocrisie.»

Rappelant que le Grand Conseil a voté une initiative pour faire changer la législation fédérale, la présidente des libéraux, Catherine Labouchère, dénonce «la fronde lausannoise». La plupart des stratèges politiques vaudois, à l’exception des Verts, ne comprennent pas ce «cadeau» fait à l’UDC, à un an des élections communales.

Secrétaire général de l’UDC vaudoise, Claude-Alain Voiblet n’est toujours pas revenu d’une telle aubaine: «On ne va pas se gêner de rebondir sur la provocation des autorités lausannoises pour faire des questions de migration un enjeu majeur.»

C’est justement ce que voulaient éviter les autres partis. De quoi attiser la colère de Philippe Leuba: «La Municipalité de Lausanne a déclenché une polémique qui va se retourner contre ceux qu’elle voulait aider.»

Le Conseil national se penchera sur l’apprentissage des sans-papiers

Le Conseil national consacrera la journée du 3 mars à la politique migratoire de la Confédération.

Parmi les objets traités, trois motions invitent le Conseil fédéral à rendre possible l’entrée en apprentissage de jeunes sans papiers. Elles émanent de deux Verts: le Vaudois Christian van Singer et le Genevois Antonio Hodgers. Luc Barthassat, conseiller national PDC du bout du lac, propose lui aussi cette ouverture. Si les élus de gauche sont nombreux à soutenir ces motions, il se trouve des voix à droite pour demander cet assouplissement, dont, curieusement, celle de l’UDC Oskar Freysinger. Le Conseil fédéral a répondu à deux d’entre elles, refusant d’entrer en matière. Reste à savoir si le Conseil national suivra cet avis.

24 Heures

jeudi 18 février 2010

Lausanne engagera des apprentis sans-papiers

Première suisse: Lausanne a annoncé, hier, que les jeunes clandestins pourraient bientôt suivre un apprentissage au sein de son administration. Un article de Gérald Cordonnier dans 24 Heures.

«Aujourd’hui, un enfant sans-papiers a le droit d’être scolarisé, puis d’aller au gymnase ou à l’université. Mais, sans les compétences nécessaires ni permis de travail, il se retrouve, à 16 ans, sans aucune possibilité de suivre un apprentissage. Cette situation n’est plus acceptable.»

Le municipal socialiste Oscar Tosato a propulsé Lausanne, hier, au cœur du débat national sur l’accès des clandestins à la formation professionnelle. Pour la première fois, l’une des plus grandes villes du pays compte défier les lois fédérales. Et permettre aux sans-papiers de conclure un contrat d’apprentissage avec son administration communale, comme l’a demandé en 2002 déjà le conseiller communal popiste Alain Hubler. Il incombera donc bientôt aux ressources humaines de traiter toutes les candidatures sur un pied d’égalité, sans prendre en considération le statut légal des postulants. Une proposition municipale que le directeur de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Education n’imagine pas être recalée par le Conseil communal, à large majorité de gauche.

La ville compte également lancer un appel au canton pour trouver une solution afin que le certificat de fin de formation de ces futurs apprentis en emploi soit légalement reconnu. Et demander, aussi, d’ouvrir aux sans-papiers les portes de plusieurs écoles professionnelles à plein-temps. A l’instar de Genève, où les jeunes sans statut peuvent déjà suivre les filières à plein-temps. «La formation est un droit fondamental, a clamé Oscar Tosato. La Municipalité prend donc le pari de l’illégalité et du respect de la Convention des droits de l’enfant, sur laquelle la Suisse marche sans aucun remord.»

Actuellement, Lausanne scolarise entre 200 et 300 enfants de sans-papiers. Chaque année, une vingtaine d’entre eux terminent l’école obligatoire.

Accueil diversifié

Hier, le Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers a accueilli la nouvelle avec satisfaction. «Lausanne est la première autorité en contact direct avec la réalité du terrain à mettre une réelle pression sur ce dossier, s’est réjoui son avocat, Christophe Tafelmacher. Puisque le Grand Conseil a tout récemment demandé au Conseil d’Etat de faire usage de son droit d’initiative afin de réclamer une modification de la loi fédérale sur la formation professionnelle, j’estime que la question de l’illégalité de la démarche lausannoise mérite vraiment d’être nuancée.»

Un point de vue que ne partage pas Claude-Alain Voiblet, chef de file de l’UDC lausannoise: «En termes d’exemplarité, cette démarche municipale est un vrai scandale! La ville fait fi de toutes les bases légales. Au besoin, l’UDC pourra recourir au peuple pour mettre un terme à la nouvelle provocation politique gratuite de la gauche.»

De leur côté, les libéraux-radicaux ont réagi à l’antenne de la TSR avec moins de virulence. Pour la présidente, Marlène Bérard, cet accès à la formation est une bonne chose, pour autant qu’il ne devienne pas un refuge permettant de surseoir à une expulsion prononcée par l’Etat.

“Ils ne mangeront le pain de personne”

Au sujet de l’engagement d’apprentis sans-papiers par la ville de Lausanne, interview express par 24 Heures d’Oscar Tosato, municipal de l’enfance.

– A Lausanne, fin janvier, le chômage atteignait 7,8%. Avec votre proposition d’ouvrir les postes d’apprentissage au sein de l’administration communale à des sans-papiers, n’allez-vous pas vous attirer les foudres des partis de droite?

– La ville de Lausanne ne va pas privilégier l’engagement de sans-papiers, mais simplement leur donner le droit de postuler et de se former si leur candidature est bonne. C’est de ma responsabilité politique de protéger les mineurs et d’éviter les discriminations. Aujourd’hui, la volonté de trouver une solution à la formation des jeunes clandestins est d’ailleurs transversale: de gauche à droite, jusque dans les milieux patronaux, le sort de cette population inquiète.

– Mais que répondez-vous aux parents qui s'inquiètent de l’avenir professionnel de leurs enfants?

– Que l’action de la ville ne s’arrête pas à cette nouvelle proposition. Elle est déjà très active pour encourager la formation des jeunes: entre autres nombreuses actions, nous allons créer une cinquantaine de nouvelles places d’apprentissage d’ici à 2015. Les quelques enfants sans-papiers qui pourront profiter d’un apprentissage ne mangeront donc le pain de personne.

– Ce n’est pas l’avis de l’UDC, qui menace déjà de lancer un référendum pour contrer votre proposition…

– Je sais qu’à la veille d’élections, ma proposition sera du pain bénit pour certains partis. Mais ces mêmes partis nous demandent sans cesse de résoudre des questions de sécurité en ville. Il faut arrêter de se voiler la face: ce sont, entre autres, ces jeunes sans formation qui finissent par alimenter les réseaux de la précarité et de la clandestinité.

mercredi 17 février 2010

Accusé de racisme, un chef de «la forteresse» est viré

Le Centre des requérants d’asile est dans la tourmente. A la suite d’une fronde du personnel, qui accuse de mobbing et de propos racistes le chef de l’assistance, ce dernier a été licencié.

La lettre signée par huit collaborateurs du Centre d’enregistrement et de procédure de Vallorbe est dure envers Pierre-Alain Lunardi, qui aurait une attitude méprisante et grossière envers les requérants. ©MICHEL DUPERREX

«Je n’ai pas envie de parler. Je risque de perdre mon boulot.» Chez les employés du Centre d’enregistrement et de procédure (CEP), c’est silence radio! Quand il ne les fait pas fuir, le mot journaliste rend les gens muets. «Nous avons signé une clause de confidentialité. Ce qui se passe ici ne doit pas être connu à l’extérieur», affirme une assistante. C’est donc d’un ton prudent et hésitant, la peur au ventre et sous couvert d’anonymat, que des personnes témoignent.

De l’avis de tous, le climat est tendu. La lettre signée par huit collaborateurs d’ORS Service — entreprise zurichoise à laquelle la Confédération a confié l’hébergement et l’encadrement des demandeurs d’asile — n’a pas arrangé la situation. Et a scellé le sort de Pierre-Alain Lunardi (31 ans), patron de l’assistance, dont la gestion est décriée depuis plusieurs mois. Il a été licencié en janvier. Plusieurs de ses collaborateurs se plaignaient de travailler dans un climat marqué par des promotions et rétrogradations à la tête du client, de mobbing, de remarques xénophobes… Ce qui fait dire à Eric Jaun, le directeur d’ORS, que même si Pierre-Alain Lunardi «a fait des choses bien», il fallait réagir car «un team dépend du coaching».

La lettre des employés prête de graves propos à Pierre-Alain Lunardi: «Si un réfugié menace de se suicider, amenez-le à la gare et montrez-lui les voies.» L’Office fédéral de la migration remarque que «l’ORS a tout de suite pris les mesures nécessaires».

Raciste, l’ancien chef de l’assistance? «Dans une lettre, minimise l’intéressé, on peut écrire tout et n’importe quoi.» Avouant avoir «vécu des moments très durs», ce nouveau papa — depuis une semaine — estime avoir «été lâché» par sa direction. L’homme qui est aussi municipal de la Police à Montagny-près-Yverdon dénonce «une cabale» et relève que «l’atmosphère au CEP était pourrie» bien avant son arrivée. Ses détracteurs peuvent trembler: il annonce la préparation d’un livre sur les trois années qu’il a passées à Vallorbe.

Melgar: «Je n’ai rien vu»
Sur le site internet de La forteresse — documentaire où il tient un rôle très humain en affichant beaucoup d’empathie à l’égard des demandeurs d’asile —, Pierre-Alain Lunardi tient les propos suivants: «Le requérant est un vrai gamin qui s’ennuie et fait des conneries.» Réalisateur de ce documentaire à succès, Fernand Melgar déclare n’avoir «rien constaté d’anormal» concernant Lunardi tout au long du tournage du film, entre décembre 2007 et février 2008. «Si cela avait été le cas, il n’aurait évidemment pas eu le même rôle.»

Sur une dizaine de requérants d’asile contactés, seul un Ivoirien affirme avoir connu l’ancien chef de l’assistance, mais il se refuse à tout commentaire. Toutefois, selon des versions concordantes, il faut mettre à l’actif de Pierre-Alain Lunardi les travaux d’occupation des requérants d’asile, les cours de français, les matches de foot — auxquels il prenait part — et le dialogue engagé avec l’aumônerie. «Ce gars, murmure une personne travaillant au CEP, avait un double visage: gentil de l’extérieur et horrible de l’intérieur.»

Au niveau du personnel, on se plaint aussi du traitement réservé aux demandeurs d’asile. «Pendant le mois du ramadan (mois pendant lequel les musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil), des sandwiches étaient servis au souper. Curieusement, une fois la période de jeûne terminée, il y avait des repas chauds.» Le patron d’ORS dit ne pas être au courant de cette situation. L’ODM évoque un problème complexe avec des plats destinés à des centaines de personnes de confessions différentes.

Lieu de transit où s’entassent, dans un flux continu de départs et d’arrivées, quelque 300 personnes (16 par chambre) ayant fui la guerre ou la misère, le centre est un concentré de frustrations et de différences culturelles. Dans ce volcan en puissance, les règles sont spartiates (téléphones et ordinateurs portables bannis, douche interdite avant 10 h 30 et après 21 h…). Face à cette situation, les requérants se bornent à dire: «C’est dur, mais ça va…»

Une ONG lance le "concours plus beau minaret d'Europe"

Le concours photographique "du plus beau minaret d'Europe" a été lancé à Strasbourg. Le but de l'action est de "témoigner de la présence pacifique et universelle de l'Islam" sur le continent et "lutter contre les peurs et préjugés".

"Nous ne sommes pas dans une démarche de provocation, bien au contraire, mais dans la recherche de cohésion sociale et d'intégration", a indiqué le vice-président du Conseil de la jeunesse pluriculturelle, ONG qui a un statut participatif auprès du Conseil de l'Europe.

Le British Council et l'IMCOSE (Initiative musulmane pour la cohésion sociale européenne) sont avec le COJEP les organisateurs de ce concours, qui va déterminer parmi les minarets contemporains les plus beaux spécimens européens.

Les photos devront être envoyées au plus tard le 15 avril. Les mosquées devront y joindre les spécifications telles que la hauteur, largeur, date de construction de l'édifice ou nom de l'architecte.

Un jury "multiconfessionnel, multiethnique et regroupant des membres de divers horizons" déterminera les lauréats à Strasbourg le 19 avril. Parmi les 22 membres du jury, on trouve un rabbin, une théologienne protestante suisse, un prêtre de l'Eglise anglicane et des représentants du conseil de l'Europe.

Les lauréats seront présentés le 20 avril au Parlement européen. Une exposition des plus belles photos de minarets et de mosquées européennes sera organisée au Conseil de l'Europe.

ATS

Une protection juridique effective doit être garantie dans la loi — SFH / OSAR

L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR salue la proposition d’abolir la procédure de non-entrée en matière. Dans sa prise de position relative à la consultation en cours, elle rejette toutefois le projet de réduire de moitié le délai de recours. Elle appelle également à ancrer dans la loi une protection juridique effective.

Le projet de modification de la loi sur l’asile et de la loi fédérale sur les étrangers prévoit de remplacer les procédures de non-entrée en matière, compliquées et peu contrôlables, par une procédure matérielle. L’OSAR y voit un progrès, en particulier dans la perspective de l’eurocompatibilité de la procédure d'asile suisse.

Lire la suite du communiqué de presse de l'OSAR (format .pdf)

Ces milliers d’Equatoriens qui vivent parmi nous en clandestins

Ils gagnent leur vie dans la restauration, sur des chantiers ou en faisant des ménages. Dans le seul canton de Vaud, 6000 Equatoriens vivent sans statut légal. C’est la communauté de clandestins la plus importante du canton. Entre peur du renvoi et attachement sans borne à cette Suisse dans laquelle ils ont fait leur vie, des familles sortent de l’ombre pour dire leur parcours, leur lutte quotidienne, leurs espoirs.Un article d'Yves Lassueur dans l'Illustré.


Jamais Richard Flores n’oubliera les premiers mois qu’il a passés en Suisse. C’était il y a treize ans et il venait de débarquer d’Equateur, son pays natal. Pas de permis de travail, aucune notion de français. Juste un baccalauréat en poche, un permis de séjour touristique et, à 22 ans, l’espoir de trouver une vie meilleure en tournant le dos au maigre salaire qu’il touchait à Quito comme magasinier.

A Lausanne, il avait un point de chute: son beau-frère, arrivé plus tôt comme requérant d’asile. Il a d’abord logé chez lui puis trouvé un emploi sans tarder. Comme domestique, chez un paysan de la région d’Yverdon. L’emploi est au noir, le tempérament du patron aussi. «C’était un homme méchant, dit Richard. J’ai passé trois mois d’enfer chez lui, mais, tout compte fait, la façon qu’il avait de crier et de se moquer de moi m’a beaucoup aidé à savoir comment m’appliquer et faire au mieux.»

A 1500 francs par mois nourri logé, l’emploi lui permet aussi de réunir les premiers sous grâce auxquels il fera aussi venir auprès de lui Monica et Johanna, l’épouse et la fillette qu’il a laissées au pays.

Treize ans plus tard, les Flores sont toujours en Suisse. Ils habitent un trois-pièces et demie non loin du centre de Lausanne. Richard travaille comme sommelier dans un restaurant de la ville, sa femme Monica comme babysitter et femme de ménage chez des personnes âgées; la famille s’est agrandie – un petit Maël est né il y a six ans – et les deux enfants vont le plus normalement du monde à l’école à Lausanne.

Des gens qui vivent comme vous et moi? A une immense différence près: les Flores sont toujours clandestins. Sans papiers. Sans statut légal.

Une situation dans laquelle ils sont loin d’être seuls. Elle reflète même un phénomène largement méconnu du public: les Equatoriens représentent la plus importante communauté de sans-papiers du canton de Vaud, peut-être même de Suisse romande. Selon une estimation du Service vaudois de la population, sur les 15 000 clandestins que compterait le canton, 6000 sont Equatoriens, soit plus d’un tiers. Le chiffre est même confirmé par le consulat de l’Equateur, qui a spécialement ouvert ses portes en 2003 à Lausanne pour répondre aux besoins, parfois à la détresse, de cette vaste communauté.

Si l’ampleur des chiffres étonne, c’est d’abord dû à la discrétion des ressortissants de ce pays d’Amérique du Sud. Voyez les faits divers: jamais trace d’un Equatorien dans les histoires de drogue, de trafic ou d’agressions. Fuyant les difficultés économiques de leur pays, la grande masse de ces migrants est arrivée en Suisse il y a plus de dix ans, avant que l’obtention d’un visa devienne obligatoire, en 1999. Elle fait songer à ces milliers de saisonniers italiens, espagnols et portugais venus dans les décennies d’aprèsguerre occuper les petits emplois que les Suisses ne voulaient plus exercer.

Qu’ils travaillent dans des restaurants ou comme femmes de ménage – leurs principaux domaines d’occupation –, l’immense majorité de ces Equatoriens préfèrent rester dans l’ombre. Crainte permanente d’être découverts, interpellés, peut-être même remis dans l’avion pour Quito, même si les expulsions restent rarissimes.

Le renvoi, c’est théoriquement le sort qui guette les Flores. Comme des dizaines d’autres familles, ils sont censés quitter le territoire suisse après des années de procédures avec le Service cantonal de la population et l’Office fédéral des migrations, à Berne.
Départ au poste

Les ennuis ont commencé en 2002, le jour où Monica s’est vu demander ses papiers par la police à un arrêt de bus. Départ au poste, dans la peur, la honte et les pleurs. Découverte de leur situation. Et premières mises en demeure de quitter la Suisse.

«A partir de là, nous sommes sortis de l’ombre, dit le couple Flores. Et avons commencé le long parcours des procédures et des recours avec l’aide du Collectif de soutien aux sans-papiers et le concours d’avocats.» Huit ans plus tard, même si le Service de la population (SPOP) du canton de Vaud a donné un préavis positif à la légalisation de leur situation, Berne a tranché par la négative. Leur dernière convocation à se présenter pour arrêter la date d’un vol de retour remonte au 7 septembre dernier. Pourtant, les Flores sont toujours là, et bien là.

Hypocrisie, voire schizophrénie du système: en théorie, les clandestins comme les Flores ou les autres Equatoriens sans papiers n’ont pas d’existence légale. Mais ils en ont une – bien concrète! – pour le fisc: dans la plupart des cas, ils paient leurs impôts à la source. Ils ont aussi une existence pour l’AVS, pour le deuxième pilier et pour l’assurance chômage: ils s’acquittent de toutes leurs cotisations; ils en ont une pour l’assurance maladie: ils paient leurs primes. Quant à leurs enfants, ils fréquentent l’école vaudoise, où la volonté est clairement affichée d’accueillir tous les gosses sans se préoccuper de l’éventuelle clandestinité des parents.

Comment l’expliquer? «Par le cloisonnement volontaire qui règne entre toutes ces institutions et administrations», explique un fonctionnaire qui préfère garder l’anonymat. Un cloisonnement à double effet. D’une part, il évite aux clandestins d’être démasqués en remontant la piste de leurs paiements et autres cotisations. De l’autre, il pérennise un système dont profite tout un pan de notre économie. «Imaginez, dit Byron Allauca, ex-président de l’Association des Equatoriens de Lausanne, ce qui se passerait si les autorités décidaient un jour d’expulser tous les clandestins! Ce sont des milliers de petits emplois qui disparaîtraient.

Qui donc remplacerait d’un jour à l’autre toute cette main d’œuvre?»
«Leur vie est ici»

Dans leur appartement de Lausanne, Richard et Monica Flores font les comptes. A eux deux, ils gagnent maintenant dans les 5200 francs net par mois, allocations comprises pour les enfants. Après des années de galère, ce salaire correspond à un standard de vie qu’ils sont heureux d’avoir conquis. Mais c’est loin d’être la seule raison pour laquelle l’idée d’un retour forcé en Equateur leur est insupportable.

Après une douzaine d’années, cette famille est mieux intégrée dans le tissu social que bien des Suisses. Leurs employeurs sont non seulement enchantés de leurs services; ce sont devenus de vrais amis. Hors du travail, Richard participe aux actions du Collectif de soutien aux sans-papiers, joue au foot, à Lausanne, avec le FC Tricolor, fréquente comme les autres membres de la famille l’église catholique de Renens. Monica suit des cours d’informatique et de français, même si le niveau linguistique de toute la famille est déjà excellent.

Les deux enfants, eux, se sentent complètement suisses et ne savent rien, ou plus rien, de l’Equateur. «Leur vie est ici, disent les parents. On ne peut pas les arracher de cette terre pour les renvoyer dans un pays où ils ne connaissent rien.»

Or, sans papiers, c’est bien pour les enfants de ces familles de clandestins que l’avenir risque d’être le plus sombre: impossible, en principe, de trouver une place d’apprentissage au terme de leurs études. «On ne demande pas la lune! dit Monica. Juste le réexamen de notre dossier et les papiers qui nous permettront, après tant d’années, de continuer à vivre, travailler et étudier ici.»

Ils sont des centaines, comme ça, à ne pas demander la lune. Les autres demandent encore moins. Ils se terrent juste dans le silence et la peur du lendemain.

Retrouvez l'intégralité du sujet, en ligne dès le mercredi 24 février 2010.

lundi 15 février 2010

L'encadrement des requérants d'asile à Vallorbe est une affaire privée

Au centre d'enregistrement de Vallorbe, il n'y a ni personnel médical ni assistants sociaux. Des agents privés y font tout, des nettoyages aux cours de langue. Un article signé Laurence Bron dans le Courrier.

Au centre d'enregistrement et de procédure de Vallorbe, l'encadrement des requérants d'asile est entièrement aux mains de sociétés privées. Pour s'occuper des 100 à 300 personnes qui y sont hébergées dans l'attente de leur attribution à un canton, il n'y a ni personnel médical ni assistants sociaux. Tous les jours de 6h30 à 22h, sept employés de l'entreprise ORS effectuent les tâches les plus diverses: conduire les requérants à leur audition, faire les nettoyages et la vaisselle, distribuer les repas, ou encore donner des leçons de français. Enquête.

Pas le temps d'écouter

«Nous n'avons pas le temps de jouer le rôle d'assistants sociaux, à savoir écouter les problèmes des requérants et répondre à leurs questions», témoigne Illan Acher, qui a été stagiaire bénévole au centre en 2009. «C'est dur psychologiquement pour eux car ils ne savent pas à qui s'adresser.» La firme ORS Services, établie à Zurich, gère les cinq centres d'enregistrement du pays.
Le maintien de l'ordre dans le centre est assuré par des agents de Securitas, qui reçoivent une formation spécifique avant d'arriver à Vallorbe. «Malgré les différences ethniques, il y a peu de problèmes entre les requérants d'asile, estime Illan Acher. C'est surtout la présence des Securitas qui est pénible. La communication est rendue difficile par le fait que beaucoup d'entre eux, comme certains assistants d'ORS, connaissent mal l'anglais. Et souvent, les agents de sécurité profitent de leur pouvoir par des provocations verbales, surtout au moment des repas où ils humilient les requérants en leur disant de manger plus vite ou par des réflexions désagréables, du racisme sous-jacent».
D'octobre à décembre 2009, plus de 300 requérants d'asile étaient entassés dans un centre qui compte 276 lits. «Aucune mesure supplémentaire n'a été prise pour accueillir ces personnes, relate un intervenant sous couvert de l'anonymat. La philosophie d'ORS vise le rendement, en employant du personnel peu qualifié et en lui offrant de bas salaires».


Infirmières superflues?

Auparavant, le centre était doté d'une «responsable médicale» qui avait une formation de factrice. Mais depuis décembre 2006, l'Office fédéral des migrations (ODM) a décrété pouvoir se passer de personnel médical. Les infirmières sont appelées seulement pour les contrôles sanitaires. La visite médicale est obligatoire dans les cinq jours après l'arrivée des requérants. Ces derniers doivent remplir un questionnaire pour dépister les cas de tuberculose. Aucune prise de sang n'est faite. En guise de prévention du sida, une vidéo est montrée aux requérants.
En cas d'urgence, les employés d'ORS appellent le médecin de garde de Vallorbe. Mais la notion d'urgence est sujette à interprétations. Kebele* était arrivé au centre avec sa femme enceinte de quatre mois. On lui a dit d'attendre le septième mois avant de consulter un médecin. Vu la situation, le couple aurait dû pouvoir quitter le centre rapidement. Or, il y est resté au-delà de la durée légale de soixante jours.


«J'aimais y travailler!»

Cécile Danthe, ancienne infirmière du centre, regrette la décision de l'ODM. «J'aimais énormément travailler là-bas même si c'était très éprouvant émotionnellement de découvrir les traces de balles dans le corps, des viols subis par les femmes et les enfants. C'est plus de 3500 consultations que nous effectuions chaque année au CEP de Vallorbe mais pour Berne, n'importe qui peut remplacer une infirmière! A l'époque, on radiographiait chaque requérant pour détecter les cas de tuberculose mais aujourd'hui on leur donne un questionnaire à remplir, dont les questions sont incompréhensibles même pour un Suisse.»
En dehors des agents privés, les seuls interlocuteurs des requérants d'asile sont les quatre aumôniers du centre, deux protestants et deux catholiques, qui se partagent les visites quatre jours par semaine. «Il y a souvent des rencontres avec tous les aumôniers des CEP de Suisse mais également entre les équipes d'ORS, de Securitas et de l'ODM à Vallorbe, relate l'abbé Richard Arnold. Si les conditions de travail sont difficiles, ce n'est pas à cause d'ORS mais à cause de la politique d'asile et de ses incidences administratives. Nous sommes tous conditionnés par les règles politiques. En revanche, il n'y a pas de problèmes entre les intervenants du centre.» I
Note : *Prénom d'emprunt.