lundi 30 novembre 2009

Minarets: l'ONU se penche sur l'interdiction

Minarets: l'ONU se penche sur l'interdiction

30.11.2009 10:24
Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme étudie la conformité de l'interdiction. [Keystone]
Alors que l'ONU étudie la conformité de l'interdiction des minarets décidée par le peuple suisse avec le droit international, la votation soulève un tollé international. Les voisins européens se disent «scandalisés», tandis que les pays musulmans accueillent le scrutin comme une «insulte».

Un porte-parole du Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a précisé que l'ONU prendra position sur le résultat du scrutin. «Des experts sont en train d'examiner la question sur le plan légal», a-t-il affirmé. Il n'a pas indiqué quand la prise de position de l'ONU sera rendue publique.

Lors de la campagne, des experts de l'ONU avaient mis en garde les autorités fédérales à plusieurs reprises en raison du caractère discriminatoire de l'initiative.

Dans ses recommandations finales, publiées le 30 octobre, le comité des droits de l'homme de l'ONU s'était déclaré préoccupé par l'initiative anti-minarets et «la campagne d'affiches discriminatoire» qui l'accompagnait.

Malaise européen

Les pays de l'Union européenne ont également déploré lundi le vote suisse et exprimé leur préoccupation face aux conséquences d'une décision pouvant être perçue dans le monde musulman comme une stigmatisation de l'islam. Présente à Bruxelles lundi, la ministre suisse de la Justice Eveline Widmer-Schlumpf, n'a pas caché son embarras.

«C'est l'expression d'un préjugé et peut-être même d'une peur mais il est clair qu'il s'agit à tous égards d'un signe négatif», a déclaré le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, dont le pays assure la présidence de l'UE.

A Bruxelles, son collègue ministre de l'Intérieur, Tobias Billström, a jugé «surprenant» de soumettre un tel sujet à référendum, tandis que la ministre suédoise chargée de l'Intégration Nyamko Sabumi a estimé que si «les Suisses ont un excellent système de consultation populaire», parfois «il peut être utilisé d'une mauvaise manière, comme dans ce cas précis».

Kouchner «scandalisé»

Le vote des Suisses choque Bernard Kouchner.Le vote des Suisses choque Bernard Kouchner. [Reuters]La victoire des anti-minarets dans un référendum en Suisse dimanche relève d'une peur de l'islamisation du pays qui existe aussi en Allemagne et qui doit être «prise au sérieux», estime lundi un responsable du parti de la chancelière Angela Merkel, la CDU.

Critiquer la décision suisse serait contre-productif, avertit Wolfgang Bosbach, responsable de la commission des affaires intérieures du Parlement, dans le quotidien Berliner Zeitung. Ce résultat traduit la peur d'une islamisation de la société, et «cette crainte doit être prise au sérieux», a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, s'est lui déclaré «un peu scandalisé» par une vote qui est selon lui «une expression d'intolérance». «Il ne faudrait pas donner le sentiment de stigmatiser une religion, en l'occurrence l'islam», lui a fait écho à Bruxelles le ministre français de l'Immigration Eric Besson.

Le Vatican a évoqué une «entrave (à) la liberté de religion», tout en reconnaissant l'existence d'un «sentiment d'aversion et de peur». Amnesty International a dénoncé «une violation de la liberté religieuse, incompatible avec les conventions signées par la Suisse».


Un vote récupéré par les partis d'extrême droite

Le député néerlandais d'extrême droite Geert Wilders a appelé les Pays-Bas à organiser une consultation populaire similaire au référendum sur l'interdiction de minarets tenu dimanche en Suisse, selon le site internet de son parti lundi.

«Ce qui est possible en Suisse doit également pouvoir se faire ici», a déclaré le député dans un texte publié par le site du Parti pour la liberté (PVV), qui occupe neuf sièges sur 150 à la chambre basse du parlement.

«Nous allons appeler le gouvernement à faire en sorte qu'un tel référendum soit possible aux Pays-Bas», a-t-il précisé à l'agence de presse néerlandaise ANP, saluant «un résultat fabuleux» après l'adoption de l'interdiction des minarets par 57,5% des votants suisses lors du référendum de dimanche.

Il a affirmé que son parti, qui dénonce une «islamisation» de l'Europe et qualifie le Coran de «fasciste », pouvait aussi en prendre l'initiative par le biais d'une proposition de loi.

En France, la vice-présidente du Front National, Marine Le Pen, a appelé les «élites» françaises, comme suisses, à «cesser de nier les aspirations et les craintes des peuples européens qui, sans s'opposer à la liberté religieuse, rejettent les signes ostentatoires que veulent imposer des groupes politico-religieux musulmans».

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