Comment faire comprendre à une ressortissante éthiopienne qui, il y a maintenant dix ans, croyait avoir trouvé refuge dans notre pays que, du jour au lendemain, elle doit abandonner travail, amis, patients, pour retomber à la charge de la collectivité, qu’elle doit renoncer à son indépendance, qu’elle doit s’attendre à être renvoyée dans la Corne de l’Afrique pour y vivre un avenir improbable?
Pour Lidya, la Suisse risque de n’être qu’un miroir aux alouettes, une illusion, un mirage. Par notre politique absurde, nous lui avons fait croire à l’exception vaudoise, et que ce pays avait besoin d’elle. Elle qui s’était intégrée à notre société, tranquillement, patiemment, sans rien demander à personne. Elle avait trouvé un travail dans les milieux sociaux, dans un EMS où les patients appréciaient sa disponibilité, sa patience et son sourire.
Alors que demandons-nous? Rien, si ce n’est un peu d’humanité dans un monde qui en manque de plus en plus. Rien, si ce n’est que Lidya puisse continuer à vivre la vie qu’elle s’est construite dans le pays d’Henri Dunant. Mais ces presque rien nous permettraient de nous regarder chaque matin dans le miroir sans avoir honte de nous.
Françoise Pierre-Louis,
Au nom du personnel du 1er étage du Home Salem,
Saint-Légier
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