samedi 9 juillet 2005

Près de 8'000 hommes sont massacrés en moins d'une semaine

L'article de Véronique Pasquier dans 24heures.

La fin tragique d’une enclave encombrante
Il fait chaud, en ce début de juillet 1995, dans la Bosnie que la guerre déchire depuis trois ans. Les forces serbes, en perte de vitesse, ont hâte de conquérir les derniers territoires qui résistent. A commencer par Srebrenica, enclave musulmane aux portes de la Serbie. Le général Mladic veut éliminer ce refuge affamé qui lui a échappé en 1993 et dont les défenseurs pillent le voisinage serbe lors de raids meurtriers. Les circonstances sont favorables à l’assaut. Srebrenica abrite 40 000 personnes dans un état désespéré. Le blocus des Bosno-Serbes frappe jusqu’aux 400 casques bleus hollandais, fragile présence de l’ONU qui a déclaré «zone de sécurité» la ville prête à tomber deux ans auparavant. Ratko Mladic vient aussi de décourager les velléités de bombardement de la communauté internationale en capturant 300 de ses soldats, libérés à la condition qu’elle s’abstienne. Tout se passe comme si le sort de l’enclave, jugée indéfendable et faisant tache sur les cartes des plans de paix, était déjà joué. Les demandes d’intervention aérienne des Hollandais, qui sous-estiment d’abord la gravité de l’attaque du 6 juillet, puis se heurtent à la défense locale dans leur repli, sont éconduites. Lorsque deux avions frappent enfin, le 11, les forces serbes pénètrent déjà dans la ville et Mladic menacent d’exécuter des casques bleus s’ils persistent. «Le moment est venu de prendre notre revanche contre les Turcs de cette région», dit-il à ses troupes.

Destinés à l’exécution
La terreur règne à la base onusienne de Potocari, où quelque 25 000 personnes ont cherché refuge. Alors qu’une colonne de 12 000 hommes fuit par les bois, les autres sont séparés de leur famille et destinés à l’exécution. Dans les jours qui suivent, des bus déportent femmes et enfants jusqu’aux lignes bosniaques. L’aéroport de Tuzla, qui les accueille sous un soleil tapant, n’est que pleurs et cris d’angoisse. Hagards et les pieds en sang, des hommes finissent par arriver de la forêt. Ils décrivent l’enfer des embuscades et des obus, les champs de cadavres en demandant: «Quelle civilisation est l’Europe pour permettre autant de barbarie?» Ceux qui se sont rendus en chemin ont été systématiquement exécutés. Au total, le génocide parfaitement orchestré aura fait près de 8000 victimes en moins d’une semaine.

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