mercredi 15 septembre 2010

Les clandestins pourront être apprentis

Le Conseil des Etats a voté l’accès à la formation professionnelle pour les sans-papiers. Ils seraient entre 200 et 400 ados concernés en Suisse.

Incertain, le vote l’a été jusqu’à la dernière seconde. Mal disposé, le Conseil des Etats a pourtant octroyé aux clandestins le droit à l’apprentissage, selon la motion du conseiller national Luc Barthassat (PDC/GE). Le 14 septembre, l’union sacrée du PDC romand et du PS – mené par le Fribourgeois Alain Berset – a eu raison de justesse (23 voix contre 20) des réticences internes aux démocrates-chrétiens.

Depuis le début de l’année, la pression s’intensifiait sur l’interdiction de se former en entreprise, alors que le gymnase et l’université sont accessibles. La cause a été relayée de toutes parts – incarnée par le municipal lausannois Oscar Tosato, votée par le Conseil national, soutenue par des entrepreneurs et l’Union des villes suisses.

Car, outre le souci de ne pas pénaliser des jeunes pour le statut de leurs parents, le débat s’est alimenté du souci de l’intérêt social. En filigrane du lobbying des villes transparaît la crainte que ces ados, privés d’avenir à 15 ans, ne basculent dans la délinquance.

Pas une lubie de Romands. En outre, le débat a forcé à documenter le phénomène, sur lequel n’existe aucune statistique. L’estimation de l’Union des villes suisses et l’extrapolation à partir des cas recensés à Neuchâtel (entre quatre et huit par an) évoquent entre 200 et 400 clandestins susceptibles de commencer une formation duale chaque année. Cela représente entre 0,25% et 0,5% des 80 000 contrats.

Ces chiffres permettent non seulement de relativiser l’ampleur de la demande future, mais aussi de généraliser le phénomène, présenté par ses opposants comme une lubie de Romands. «Les Alémaniques estimaient que ce problème n’existait pas chez eux, alors qu’il est tout aussi aigu à Zurich, Saint-Gall ou Berne», confie Luc Barthassat.

Aux anges, le conseiller national attend qu’Eveline Widmer-Schlumpf propose une solution d’ici à trois ou quatre ans. Via la loi sur les étrangers ou l’ordonnance sur les apprentis. D’ici là, il espère que les cantons demanderont des dérogations, pour que les ados puissent dès aujourd’hui prendre le train de la formation.

Tasha Rumley dans l’Hebdo

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