Une pétition vole au secours de l’élu d’origine africaine condamné pour fraude électorale.
Ils sont Noirs. Et élus politiques en Suisse romande. Révoltés, tristes ou critiques, ils ont tous quelque chose à dire sur la descente aux enfers de Ricardo Lumengo, premier élu d’origine africaine sous la Coupole. Et condamné pour fraude électorale. «Ce qui lui arrive est une désolation, commente Raoul Lembwadio, président du Conseil communal (exécutif) de Boudry (NE). L’impact symbolique est fort pour toute la communauté. J’espère que les jeunes Noirs continueront à oser s’engager en politique.» «Les Suisses vont-ils désormais, encore plus, réfléchir à deux fois avant d’élire un Noir?» s’interroge quant à lui Oscar Nkezabera, président du Conseil communal de Moudon.
Principale crainte de ces élus: le risque de stigmatisation de l’entier de la communauté. Avec un élément aggravant, le fait que l’affaire éclate en pleine campagne sur l’initiative des «moutons noirs». La semaine dernière, l’hebdomadaire Die Weltwoche , proche de l’UDC, n’hésitait pas à assimiler Ricardo Lumengo aux délinquants d’origine africaine mal intégrés en Suisse, au même titre que les dealers.
Une association, le Carrefour de réflexion et d’action contre le racisme anti-Noir (CRAN), vient ainsi de lancer une pétition de soutien. Elle déplore «que le premier parlementaire d’origine africaine soit réduit, à son corps défendant, à incarner le symbole du premier parlementaire suisse condamné pour fraude électorale». Elle rappelle que les traditions judiciaires et politiques suisses «se sont souvent révélées plutôt complaisantes» par le passé avec d’autres élus, des Blancs, qui n’ont pas été condamnés pour des fautes du même type. «Qu’on me prouve que cette injustice n’est pas motivée par sa couleur de peau!» tonne Kanyana Mutombo, secrétaire général du CRAN. «Les sanctions politiques n’ont rien à voir avec le fait qu’il est Noir, rétorque Raoul Lembwadio. En politique, personne ne se fait de cadeau.»
Au parlement, le Biennois revendique son rôle de représentant des Noirs. «Une posture maladroite. La plupart des étrangers ont des associations pour les défendre, estime Oscar Nkezabera. A Moudon, je défends les Suisses, les étrangers, les pauvres, le groupe socialiste. Je ne tiens pas à être élu sur ma couleur, mais sur mon travail politique.» Lumengo répond aux critiques: «On ne peut exiger de moi que je sois irréprochable, sous prétexte que je suis le premier Noir élu au parlement et que j’incarne le symbole d’une intégration réussie. Je suis un politicien comme un autre.» Pas sûr que l’avis soit partagé par ses collègues du National, où il siégera seul dès lundi. L’élu a dû démissionner du PS et de son groupe parlementaire. Il attend que la justice se prononce en deuxième instance.
Martine Clerc dans 24 Heures
2 commentaires:
Les sympathisants de cet article sont dans la pure DIFFAMATION. Que viens faire sa couleur de peau la dedans?? Sous prétexte qu'il est noir il devrait avoir le droit à une plus grande tolérance? L'absence de racisme si souvent dénoncée ici, n'est elle pas de considérer tout les êtres humains de la même manière, qu'importe leur sexe, leur religion, leur couleur de peau,... ?
Pardon, je voulais dire discrimination (qu'elle soit positive ou négative).
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