A quatre jours des votations, 220 personnes ont été naturalisées lors d’une cérémonie pleine d’émotion, hier à Moudon.
Du bout des lèvres, presque timidement, elle a prêté serment. «Je le promets.» Trois mots, et la voilà Suissesse, et Vaudoise. Puis elle s’est effondrée en larmes dans les bras d’une amie. «Désormais, nous sommes compatriotes.»
Comme cette jeune Somalienne, ils étaient 220 étrangers à accomplir, hier à Moudon, le dernier geste pour l’obtention de leur naturalisation suisse. Ils l’ont fait lors d’une cérémonie organisée pour la première fois hors de Lausanne, où dix à quinze rendez-vous par an sont fixés, pour naturaliser 4000 étrangers dans le canton. Et un joli clin d’œil pour Moudon, ancienne capitale du Pays de Vaud, «cité du bon accueil» qui compte 40% d’étrangers.
Mais les héros de la journée, ce n’était pas le Conseil d’Etat, présent pour la première fois au complet pour assister à cette prestation de serment. C’étaient les hommes et les femmes qui se pressaient, anxieux, pour recevoir le précieux sésame donnant droit au passeport à croix blanche. Dans la salle, leurs familles. Sur les visages, beaucoup d’émotion. Les félicitations se mêlent aux sanglots. On téléphone aux proches qui n’ont pas pu venir. «Ça y est, je suis Suisse!»
A la sortie, ils sont désormais 220 nouveaux Vaudois à se faire photographier devant l’immense drapeau suisse, accroché sur le temple Saint-Etienne de Moudon. Avec, dans leurs mains, leur certificat d’état civil. Hier matin, ils étaient encore Albanais, Portugais, ou Français. Ils sont désormais citoyens helvétiques.
Ils voteront dimanche
Dimanche, ils pourront glisser leur bulletin de vote dans l’urne, s’ils s’inscrivent au registre des électeurs de leur commune avant vendredi. Mais pour ces nouveaux citoyens suisses, l’heure n’est pas aux discours politiques. «Pour certains, la procédure de naturalisation a débuté il y a deux ans. Aujourd’hui, c’est surtout un jour de joie et de fête, et pour nous aussi, qui les avons suivis», sourit Delphine Magnenat, responsable du secteur des naturalisations à l’Etat de Vaud.
Entre le fromage et le vin blanc, les nouveaux Suisses se pressent pour serrer les mains des conseillers d’Etat, ou se faire photographier avec Pascal Broulis. «Depuis votre arrivée dans notre pays, vous avez dû vous efforcer de comprendre la mentalité des Suisses. C’est le même effort d’ouverture qui fait que la Suisse existe, depuis ses débuts, en mêlant des religions et des langues différentes», leur a lancé le président du Conseil d’Etat, en leur souhaitant «bonheur et prospérité».
Mais, à l’heure de prendre les couleurs suisses, certains avaient peut-être le cœur serré. Un sentiment qu’a bien compris la conseillère d’Etat Anne-Catherine Lyon. «Ne ressentez pas de déloyauté par rapport à votre pays d’origine, les a-t-elle encouragés. On peut être heureux de vivre en Suisse, tout en ayant la double nationalité, et en aimant deux pays dans son cœur.»
Sarah Bourquenoud, Alain Walther (textes), Jean-Bernard Sieber (photos)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire