Micromécanicien et pompier, le requérant Ivoirien Kader Dosso sera renvoyé. Le Tribunal administratif fédéral a rendu sa décision.
A Sainte-Croix, même au sein de la section de l’UDC, Kader Zoumana Dosso (33 ans) est perçu comme un modèle d’intégration. Lors des festivités du 1er Août, ce requérant d’asile ivoirien arrivé en Suisse en 2008 a eu l’honneur de prononcer un discours devant les autorités municipales et la population. Actif sur le plan professionnel dans une entreprise de micromécanique, où il est apprécié, pompier volontaire et ancien bénévole de l’Ecole de cirque, il ne ménage pas sa peine pour servir la collectivité.
«Moi, Kader, bosseur et bientôt renvoyé de Suisse»
«Il y a Ivan, le violeur qui sera bientôt Suisse et il y a Kader, le bosseur qui sera bientôt renvoyé de Suisse», parodie-t-il avec un humour qui cache mal son dépit. La semaine passée, ce célibataire a reçu une lettre du Tribunal administratif fédéral qui l’a bouleversé. Statuant sur la décision de renvoi formulée par l’Office fédéral des migrations contre laquelle l’Ivoirien avait fait recours, cette instance a confirmé la mesure d’expulsion. Définitive, cette décision n’offre aucune possibilité de recours. Le tribunal juge que l’intéressé «n’a pas rendu hautement probable qu’un retour dans son pays l’exposerait à des traitements contraires aux engagements internationaux signés par la Suisse».
Kader Dosso n’est pas de cet avis. S’il a fui la Côte d’Ivoire – pays d’Afrique de l’Ouest qui vit une crise politico-militaire depuis 2002 –, c’est parce que sa vie y était en danger à cause de son origine ethnique. «Je militais dans l’opposition. Mon frère a été tué pour des raisons politiques», indique-t-il. A la veille du second tour de l’élection présidentielle, prévue dimanche, les dissensions tribales entre le Nord et le Sud sont toujours vives.
A Sainte-Croix, la décision de renvoi du requérant d’asile suscite un émoi indéniable. «C’est dégueulasse! Il travaille, parle très bien le français, s’engage pour le village et il va se faire renvoyer», s’insurge une jeune maman. Une femme d’une cinquantaine d’années s’emporte: «A cause de cette décision débile, c’est la première fois de ma vie que je suis tentée de me mettre en marge de la loi.»
Dans la cour enneigée du Collège de la gare, des gamins lancent un «Salut Kader», en apercevant le requérant d’asile. Il leur répond avec un sourire qui ne trahit pas la déception et l’incompréhension qui l’habitent. «On me laisse m’attacher à une région et à des gens et après on veut m’expulser.»
Abdoulaye Penda Ndiaye dans 24 Heures
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire