Un oui confortable, un triomphe ou carrément un raz-de-marée? A quatre semaines des votations fédérales, c’est désormais la seule question qui se pose: quel score obtiendra l’initiative UDC qui réclame le renvoi des criminels dangereux? Que ce soit dans les sondages, les dîners de famille ou dans les discussions de bistrot, la victoire de l’UDC ne fait plus aucun doute.
La force des statistiques de la criminalité en Suisse, l’angoisse générée par la montée d’une nouvelle violence, et la multiplication de faits divers choquants, tout cela aura fait vaciller, puis tomber les dernières réticences à soutenir un texte porté par un parti que beaucoup jugeaient jusqu’ici infréquentable.
Voilà pour le contexte. Mais il n’explique pas tout. Rarement les adversaires de l’UDC auront fait preuve d’un pareil amateurisme. Pas de message clair, pas de chiffres précis, un contre-projet qui fleure bon la combinazione politicienne: bref, le contre-projet concocté à grand-peine par des stratèges en panne de stratégie ne fait pas illusion deux secondes. L’initiative serait inapplicable? Et contraire au droit international? Voilà bien l’argument tarte à la crème que l’on sort lorsqu’on n’a rien à dire sur le fond.
Car la question posée par l’UDC est assez simple: a-t-on ou non besoin d’un texte pour durcir, préciser et unifier la pratique des renvois? Si c’est oui, l’initiative de l’UDC ouvrira la porte à une loi d’application. Et si c’est non, alors il n’y a pas besoin d’un contre-projet.
En refusant de mettre un centime dans une bataille perdue d’avance, les milieux économiques rappellent, avec un cynisme parfaitement assumé, une règle pourtant connue: face au général Blocher et ses troupes en ordre de marche, on n’improvise pas une bataille en dernière minute.
Désormais, seul l’engagement de grandes personnalités ou d’une autorité morale pourrait infléchir le débat et, qui sait, réduire la portée du triomphe UDC.
Editorial de Judith Mayencourt dans 24 Heures
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