Christoph Blocher a débattu hier soir à Genève avec Fulvio Pelli, le président du PLR. Il milite évidemment pour l’initiative UDC.
Les opposants à votre initiative sur les délinquants affirment qu’elle ne respecte pas le droit international. Que leur dites-vous?
C’est faux. Elle est compatible avec le droit international contraignant qui proscrit la torture et le refoulement de réfugiés reconnus. Mais, de toute manière, aujourd’hui, si quelqu’un n’est pas d’accord, il dit toujours que le droit international interdit ceci ou cela, mais c’est faux. On peut être amené à négocier tel ou tel point avec un pays, c’est tout.
S’il est condamné, un criminel étranger paie deux fois: une fois par la prison, une fois par l’expulsion. Un Suisse criminel ne paie qu’une fois. Est-ce normal?
Mais oui! Tous les pays expulsent les criminels étrangers, les Etats-Unis par exemple. C’est la responsabilité d’un pays de reprendre ses citoyens qui se conduisent mal. Et parfois un pays expulse même si un crime n’a pas été commis: on le voit en France avec les Roms.
Un étranger de la 2e ou de la 3e génération né en Suisse subirait le même sort. Est-ce toujours normal?
Oui, mais il peut tout faire pour ne pas être criminel et il peut demander sa naturalisation. Les chiffres sont très clairs: nous avons 22% d’étrangers en Suisse, or ils commettent 59% des crimes graves, 54% des lésions corporelles, 62% des viols. Il faut agir. Mais notre initiative a surtout un effet dissuasif. Parce qu’aujourd’hui, les étrangers criminels n’ont pas peur de faire de la prison ici, avec la télévision en cellule et un bon menu. Mais chez eux, c’est une autre affaire…
Vous liez le crime et la nationalité. Mais les étrangers sont aussi proportionnel-lement plus pauvres, moins formés que les Suisses.
Ces causes existent peut-être, mais il faut surtout diminuer la criminalité étrang ère qui est considérable et n’est pas engendrée par des Allemands, des Autrichiens ou des Français, il faut le dire. Les étrangers et l’ouverture des frontières sont liés à beaucoup de problèmes: ceux de l’assurance-invalidité, du chômage, du trafic routier. Il faut corriger la situation. Cela se fait en Hollande et en Allemagne, où Angela Merkel a dit que la société multiculturelle était finie. Ici, l’UDC est le seul parti à défendre la souveraineté suisse et la non-entrée dans l’UE .
En tant qu’entrepreneur vous savez que la prospérité suisse est aussi liée à la main-d’œuvre étrangère?
Oui et non. On doit chercher d’abord des employés en Suisse. Evidemment, c’est plus pratique pour un entrepreneur d’avoir plus de monde à disposition pour faire ses choix. Mais après c’est le pays qui paie.
Si votre initiative est conforme au droit international, pourquoi les Chambres présentent-elles un contre-projet?
Pour priver l’UDC d’un succès! Ils nous disent toujours: «Nous sommes d’accord avec vous, mais…» Mais quoi? Leur contreprojet ne dit pas combien de temps un étranger expulsé doit rester hors de Suisse. Il peut faire recours. Cela peut durer des années. Le contre-projet cherche en fait à ne renvoyer personne.
De plus en plus, des initiatives fédérales jouent avec les limites du droit international. Selon vous, la souveraineté du peuple l’emporte toujours sur le droit international ou y a-t-il une limite?
Il y a une limite, le droit international contraignant.
La peine de mort n’est pas interdite par ce droit. Vous auriez voté pour un rétablissement si l’initiative en sa faveur était passée devant le peuple?
Non, je suis contre. Il y a trop d’erreurs judiciaires possibles. Mais ce genre de proposition reviendra, c’est un sujet émotionnel et, quand des crimes horribles sont commis, certains y pensent.
Le PSS vient de publier son nouveau programme. Il réclame notamment la fin de l’armée et la rupture avec le capitalisme. Pour vous, ce parti garde-t-il sa place au Conseil fédéral?
Quand le PSS a annoncé qu’il voulait supprimer l’armée, j’ai cru que j’avais mal entendu! C’est absurde. Le PS veut retourner au communisme. Comment peut-on chercher des compromis avec lui? Cela dit, arithmétiquement, le PS a sa place au Conseil fédéral. Mais il faut voter pour nous bien sûr! Après les élections, je pense qu’il faudra discuter d’une réforme de notre système. La concordance a bien sûr des avantages, mais on peut envisager d’aller vers un système bipolaire, avec des majorités et des minorités. On verrait mieux les responsabilités des uns et des autres.
Marc Bretton et Frédéric Julliard pour 24 Heures
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