vendredi 19 mars 2010

Un requérant débouté meurt durant son expulsion: que s’est-il réellement passé à l’aéroport de Zürich ?

Un Nigérian de 29 ans est décédé mercredi, peu avant son refoulement. Il avait entamé une grève de la faim et a été ligoté de force. D’autres requérants déboutés mettent en cause les méthodes policières.

«Cet homme a été brutalisé. Nous avons tous été brutalisés. Il a été menacé jusqu’à en perdre la vie. Il n’a pas supporté. Je ne peux pas dire ce qui l’a concrètement tué, mais c’est choquant.» Ces propos sont ceux de Julius, un requérant d’asile frappé d’expulsion. Avec quatorze autres détenus, il devait être renvoyé de force mercredi soir vers Lagos. Mais, à l’aéroport de Zurich, les choses ont mal tourné: un Nigérian de 29 ans, qui avait entamé une grève de la faim pour protester contre son refoulement, a succombé à un malaise, peu après avoir été ligoté de force.

Suite à cet événement, qu’il qualifie de «tragique», l’Office fédéral des migrations (ODM) a supprimé tous les vols spéciaux d’expulsion jusqu’à nouvel avis. Hier soir, Julius était donc de retour à Vernier (GE), à l’établissement de Frambois. Il nous a livré son témoignage par téléphone.

Liens trop serrés?

Comme c’est le cas lors d’expulsions, les requérants déboutés étaient pieds et mains liés. «On nous a traités comme des animaux. Les liens étaient très serrés. On nous a mis des casques», raconte Emmanuel, qui était lui aussi sur place. Quelqu’un en est mort: les deux hommes ne sont pas surpris. La victime était en bonne santé, précise Julius: «Certains criaient ou pleuraient. Lui, il était calme, comme en état de choc.»

Selon la police zurichoise, le Nigérian, qui avait arrêté de s’alimenter depuis plusieurs jours, a soudain perdu connaissance. Son état de santé s’est rapidement aggravé. Ses liens lui ont été ôtés; les policiers et des sauveteurs ont tenté de le réanimer. En vain. L’homme est décédé dans l’enceinte de l’aéroport. Le Ministère public zurichois a ouvert une enquête et l’institut médico-légal du canton est chargé d’autopsier le corps.

Y a-t-il eu des fautes? Interrogé sur ce point par la RSR, le directeur de l’ODM, Alard du Bois-Reymond, a précisé que, si tel était le cas, «les responsables devront en répondre» et que les mesures d’expulsion seraient adaptées en conséquence. Le directeur, qui était sur place, a ajouté ne pas avoir d’indications sur un recours excessif à la force.

Amnesty International (AI) s’est pour sa part dit «consternée» par ce décès. L’organisation de défense des droits de l’homme exige du gouvernement zurichois qu’il «mette immédiatement sur pied une instance d’enquête indépendante et impartiale» pour «établir si la mort du requérant est due à un usage excessif de la force».

Selon elle, plus aucun renvoi forcé ne doit désormais avoir lieu sans surveillance d’observateurs indépendants. Et de rappeler que ce drame porte à trois le nombre de personnes mortes en Suisse lors d’un renvoi forcé depuis 1999. «La combinaison de certaines mesures de contrainte avec d’autres facteurs, comme des problèmes de santé, peut conduire à la mort», souligne AI.

C. Z. avec les agences dans 24 Heures

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Certe, le requérant mort a subi des brutalités policières, comme d'habitude la police nie toujours les faits, Pour la police c'est les victimes qui ont toujours tort.
En 2007 la police bernoise a violenté une femme malade enceinte de 34 semaine qui saignait a perdu connaissance.
Mais la justice et l'État Suisse couvrent toujours la police et le mal qu'ils fond subir les déboutés, sa m'étonne que de tels actes se produisent toujours dans les Cantons alémanique. Je remarque que en Suisse les défenseurs de l'asile ne vont pas jusqu'au bout.
En Suisse on verra jamais un policier être punit même s'il commet un meurtre sur un requérant d'asile.

Existe t'il une justice pour les requérants d'asile en Suisse?