VALLORBE, UNE COMMUNE AUX PORTES DE L'ASILE
Lire l'article d'Ibrahima Cissé dans le Courrier
Ils viennent chercher refuge en Suisse. Une journée nationale leur est dédiée aujourd'hui. Les demandeurs d'asile seront soutenus par une manifestation à Berne. La journée du réfugié vise à faire rencontrer résidents suisses et requérants. A Vallorbe, l'un des quatre centres du pays, l'attente se solde souvent par un refus. Reportage.
Le Centre d'enregistrement et de procédure (CEP) se situe en dehors de la ville, non loin de la frontière franco-suisse. Depuis son ouverture début 2002, cette ancienne caserne accueille entre 150 et 270 étrangers. «Pour un bon fonctionnement, 220 personnes suffisent», précise le directeur suppléant Maurizio Miceli.
De loin, le CEP ressemble à un camp fermé. Ce n'est «ni un hôtel cinq étoiles, ni une prison», indique le responsable devant l'édifice entouré de barbelés. La journée, à moins de devoir rester au centre pour des démarches liées à la procédure d'asile, ses occupants sont libres de leurs mouvements. Tout le monde doit être rentré pour 17h45. Portes fermées de l'intérieur et barbelés sont destinés «à la sécurité des requérants», précise le porte-parole de l'Office fédéral des migrations (ODM) Dominique Boillat. Par exemple pour «éviter que des clandestins n'y entrent, qu'il y ait du trafic de drogue, ou pire, des agressions».
A l'entrée, une grande affiche rappelle en dix langues quelques consignes: exigence de se soumettre aux fouilles, interdiction de faire entrer des aliments ramenés de la ville. Les candidats à l'asile sont logés dans des chambres de 4 à 16, sur des lits superposés. «Hommes et femmes sont séparés», précise M.Miceli.
Depuis le 1er mai 2006, un séjour peut durer jusqu'à deux mois, contre un mois auparavant. Tous participent «activement» aux activités de nettoyage. Les enfants ont droit à un petit plus: deux fois par jour, une collation leur est servie.
Venus d'Afrique, du Moyen-Orient ou des Balkans, les requérants d'asile ont été orientés par des inconnus ou par la police. A mots hachés, ils décrivent les conditions de leur fuite. Certains sont arrivés avec femme et enfants. D'autres sans bagage.
Entre les communautés, la cohabitation est pacifique, selon M.Miceli. «Il n'y a pas de problème de communautarisme. Les incidents sont limités, tout comme l'agressivité.» Les vols sont aussi rares.
«Faire avec et vivre avec»
Des tensions émaillent en revanche les relations entre Vallorbe et le CEP. «Ce n'est pas parce que les Vallorbiers sont xénophobes» se défend le syndic libéral Laurent Francfort, «mais parce qu'ils ne sont pas habitués aux «vagues massives d'arrivées dans la ville».
«Le centre nous est imposé par la Confédération, nous ne pouvons rien contre, si ce n'est faire avec et vivre avec», constate le syndic. Celui-ci avait pourtant demandé la fermeture du CEP. S'il se plaint des «nuisances» dans les rues et des patrouilles des forces de sécurité, il affirme désormais qu'il est «utopique de penser qu'il sera ou doit être fermé».
Un café et une écoute
Dans l'attente d'une décision de l'administration fédérale, les activités des requérants, qui n'ont pas le droit de travailler, se limitent à des va-et-vient entre le centre et la gare. A flanc de montagne, au-dessus de Vallorbe, celle-ci abrite un local de l'Association auprès des requérants d'asile de Vallorbe oecuménique et humanitaire (ARAVOH).
Une quarantaine de bénévoles, âgés entre 35 et 81 ans, s'activent au sein de l'association. Ils veulent offrir un «visage humain» aux demandeurs d'asile. Ces derniers «se sentent seuls ici, il faut leur donner un endroit où s'asseoir, pleurer, rire», explique Yvette Bourgeois, active retraitée responsable des bénévoles de l'ARAVOH.
L'association abrite aussi un service d'assistance juridique. Les matinées sont animées lorsque les requérants se retrouvent par petits groupes autour de la grande table, avec un café et quelques jeux.
Laurent Francfort ne «partage pas la vision» de l'ARAVOH. Car, dit-il, elle «pousse les requérants (déboutés) à faire recours». Quelque 110 communes romandes soutiennent les activités de l'association, selon une liste qu'a pu consulter l'ATS. I
Note : *Correspondant sénégalais de l'Agence télégraphique suisse (ATS), Ibrahima Cissé s'est rendu à Vallorbe, la commune vaudoise qui abrite l'un des quatre centres d'enregistrement du pays. Il livre sa vision.
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