Les minarets n'ont pas fini de faire couler de l'encre
Comprendre et réparer La presse a besoin de comprendre pourquoi "ils ont dit oui". publie une série de réactions, à l'image de ce restaurateur qui a voté oui à l'initiative de l'UDC contre les minarets, parce que dans son quartier de villas tous les toits sont dans le même sens et qu'il ne voit pas pourquoi il y en aurait de travers. Le restaurateur a accepté de témoigner mais dans l'anonymat, car une partie de sa clientèle est musulmane. Autre réaction recueillie, celle d'un homme qui craint que les musulmans veuillent conquérir le monde: «Si on allait faire la même chose chez eux, on en sortirait pas vivants». Ou encore: «Si on permet les minarets, après ce seront les scientologues et les témoins de Jéhovah». D'autres ont voté contre les minarets parce que, disent-ils, la Suisse n'est pas prête et ne connaît pas bien l'Islam. C'est sans doute parce que la Suisse a trop tardé à étudier l'Islam, explique dans le chercheur en droit arabo-musulman Sami Aldeeb, ce qui va rendre plus difficile l'intégration de cette religion et mettre en danger la paix confessionnelle. Ce choc, c'est une classe politique déboussolée qui l'encaisse. Hier, sous la Coupole, c'était le triomphe timide d'Oscar Freysinger, comme le décrit , immortalisé par une poignée de main avec Micheline Calmy-Rey. On attend des parlementaires qu'ils se préoccupent davantage de l'intégrisme et de la cohabitation avec les minorités religieuses. Un travail de réparation a commencé, décrit , alors que la Suisse tente de minimiser les dommages collatéraux.
Les bienfaits de la démocratie? La presse romande s'interroge sur le bien-fondé de certaines initiatives. Dans les systèmes démocratiques, la "hantise" des sages a toujours été le débordement par la démagogie, écrit . Lorsque l'exercice de la démocratie directe aborde sans précautions les questions de société, comme avec l'initiative sur l'emprisonnement à vie, ou d'identité religieuse, comme avec les minarets, il soulève des passions qu'aucune campagne de raison n'est de taille à maîtriser. Ces passions méritent de rester dans la société, éloignées autant que possible du champ politique. Présenté, toujours dans Le Temps, comme un ardent avocat de la démocratie, le député socialiste zurichois Andreas Gross réclame des reformes. Il est totalement faux de penser que la démocratie directe peut fonctionner toute seule. Il lui faut une infrastructure dans laquelle la Suisse doit notamment accepter d'investir des ressources pour que les droits populaires puissent s'exercer correctement. Andreas Gross s'en prend également aux médias qui ne couvrent plus les débats publics mais veulent les faire exister par eux-mêmes. Quel que soit le sentiment d'injustice éprouvé au lendemain du vote, aucune valeur supérieure du "bien" n'autorise quiconque à remettre en question la vox populi. Ainsi s'exprime Nicolas Verdan dans un éditorial à lire dans . En âme et conscience, de nombreux Suisses ont voté. Et personne n'a le droit ici ou ailleurs de prétendre qu'ils se sont trompés. Ce sont les sondages seuls qui se sont trompés.
La maman de l'initiative Le présente ce matin à ses lecteurs la maman de l'initiative anti-minarets: Barbara Steinemann, une juriste de l'UDC zurichoise âgée de 33 ans. A l'origine de son idée, l'attitude agressive de musulmans dans une affaire de cimetière islamique et le combat de son parti contre un projet de minaret soleurois. Etonnant: Barbara Steinemann a commencé par proposer l'interdiction des minarets devant le Grand Conseil zurichois, c'était en 2006. Son initiative avait été rejetée par une très nette majorité de 112 voix contre 50. La revient pour sa part sur un passé plus récent. En visite à Zurich en octobre, l'auteur égyptien à succès Alla al-Aswani ne manque pas une occasion de critiquer l'intolérance et les inégalités de son pays. Et à la fin du mois dernier, l'auteur a publié un témoignage enthousiaste sur la campagne helvétique de votation sur les minarets. Les lecteurs égyptiens d'Alla al-Aswani ont ainsi appris qu'en Suisse, la religion islamique avait reçu non seulement le soutien des politiques et des églises chrétiennes - mais même de la communauté juive.
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