Christine Ollivier, le mardi 1 décembre 2009 à 04:00
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Pourquoi ce vote des Suisses ?
Un vote « inspiré par la peur » : c’est le diagnostic que posait hier le quotidien de Genève Le Temps, alors que la Suisse ne compte que quatre minarets pour quelque 400.000 musulmans sur une population de 7,5 millions d’habitants. L’islam est la deuxième religion du pays.Ce coup de tonnerre éclate alors que la Confédération helvétique traverse une crise : déjà ébranlés par la fin du secret bancaire –Washington a obtenu de la banque UBS les noms de clients américains coupables d’évasion fiscale –, les Suisses ont vécu comme une humiliation le conflit de ces derniers mois avec la Libye. Deux hommes d’affaires suisses sont toujours retenus à Tripoli après l’arrestation d’Hannibal Kadhafi, en juillet 2008. Le fils du leader libyen avait été interpellé à Genève après des plaintes pour mauvais traitement de deux de ses domestiques. Lors d’un voyage à Tripoli, le 20 août dernier, le président de la Confédération, Hans-Rudolf Merz, avait provoqué un tollé en présentant à la Libye les excuses de la Suisse.
Combien y a-t-il de minarets en France ?
En octobre 2008, la France comptait 8 « mosquées cathédrales » dotées de minarets : trois à Paris, une à Créteil, Evry, Mantes-la-Jolie, Lyon et Marseille. Au total, le ministère de l’Intérieur recensait environ 1.800 mosquées et salles de prière. Actuellement, le plus haut minaret de France est celui de la Grande Mosquée de Paris, qui mesure 33 mètres.Quelles sont les règles qui s’appliquent ?
La construction de mosquées relève en France des municipalités. Tout est donc affaire de négociation locale. Ainsi, la future mosquée de Strasbourg, qui accueillera les fidèles à l’automne prochain, n’a a priori pas de minaret, à moins que « la communauté le souhaite », a déclaré vendredi Roland Ries, maire PS de Strasbourg. A Marseille, municipalité de droite, le minaret de la future Grande Mosquée de Marseille fera 25 mètres de haut.
Selon Lhaj Thami Breze, président du conseil régional du culte musulman en Ile-de-France, « à peu près toutes les mosquées construites depuis 2003 ou en construction ont des minarets » mais, « la plupart du temps, il ne dépasse pas 15 mètres ». Encore le minaret n’est-il que symbolique, puisqu’il ne sert pas à lancer l’appel à la prière : on n’entend pas le muezzin.
La France compte environ 6 millions de musulmans. Au nom du principe de laïcité de l’Etat, les pouvoirs publics ne financent la construction d’aucun lieu de culte, mais les municipalités peuvent éventuellement subventionner la partie culturelle de l’établissement (bibliothèque par exemple) ou donner un sérieux coup de pouce en accordant des baux de longue durée pour le terrain.
Pourquoi de si vives réactions en Europe ?
Alors que la Suisse s’inquiétait des réactions des pays musulmans, les protestations les plus vives sont venues hier d’Europe. Les dirigeants européens critiquent une stigmatisation de l’islam et redoutent une remontée des tensions religieuses. En septembre 2005, la publication par un quotidien danois de 12 caricatures mettant en scène le prophète Mahomet avait en effet enflammé le monde musulman, plongeant les pays occidentaux dans l’embarras, écartelés entre liberté d’expression et respect des religions.
Un tel référendum est-il possible en France ?
Depuis la réforme constitutionnelle de juillet 2008, un référendum d’initiative populaire peut être organisé en France à l’initiative d’un dixième des électeurs inscrits. Mais le texte prévoit des garde-fous, puisqu’il faut aussi le soutien d’un cinquième des membres du Parlement. Par ailleurs, une telle procédure, déjà réclamée par les opposants à la « privatisation » de La Poste, est impossible tant qu’elle n’est pas validée par le vote d’un projet de loi organique, qui pourrait être soumis au Parlement avant la fin de l’année
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