Après la prise en flagrant délit d’un père qui contraignait sa fille de 9 ans à faire la manche à Lausanne, la police a fait comprendre aux mères accompagnées d’enfants en bas âge qu’elles n’avaient plus leur place dans la capitale vaudoise. Un article signé Laurent Antonoff dans 24 Heures.
LE PASSE Les policiers sont intervenus directement auprès des femmes qui mendiaient en compagnie de jeunes enfants. Leur message: cette pratique n’est plus souhaitable dans la capitale vaudoise. Force est de constater qu'il est passé. Cette forme de mendicité a disparu du bitume lausannois. Lausanne, le 28 octobre 2009, Patrick Martin.
Il y a peu encore, on les croisait à chaque coin de rue stratégique au centre-ville, dans les passages souterrains ou au pied des bancomats à Saint-François. Et puis plus rien. Les femmes qui avaient pris l’habitude de mendier à demeure en compagnie d’enfants en bas âge ont disparu du bitume lausannois. Pratiquement du jour au lendemain. Et la météo moins clémente n’y est pour rien: c’est la police qui a décidé de leur faire comprendre qu’elles n’avaient plus leur place dans la capitale vaudoise. «Apparemment, le message est passé», constate Marc Vuilleumier, municipal de la Sécurité publique.
Le discours a radicalement changé
Le discours a donc changé radicalement en l’espace de quelques mois. «La mendicité est autorisée dans la capitale vaudoise. Nous pouvons sensibiliser ces mères sur les conditions météorologiques, mais rien de plus», expliquait dans nos colonnes le porte-parole de la police lausannoise, Jean-Philippe Pittet (24 heures du 9 septembre). Le même sentiment d’impuissance se ressentait du côté du Service de la protection de la jeunesse (SPJ), dans la bouche de son chef, Philippe Lavanchy: «Si l’enfant ne mendie pas directement, rien ne s’oppose à ce que sa mère le fasse en sa compagnie.» Avant d’ajouter qu’il comprenait que cela puisse choquer les passants, mais qu’il fallait penser au bien de l’enfant. «Ne vaut-il pas mieux qu’il soit dans les bras de sa mère, plutôt que d’attendre seul son retour je ne sais où, dans une cabane, par exemple?»
La donne n’est toutefois plus la même depuis la prise en flagrant délit d’un père d’origine roumaine qui contraignait sa fille de 9 ans à faire la manche (24 heures du 30 octobre). Pris sur le fait par deux policiers puis dénoncé, il risque une peine de 90 jours-amendes au maximum. Un cas d’exploitation avérée qui allait jeter le trouble sur la condition de tous les mineurs accompagnants les mendiants à Lausanne. «Cela soulève deux problèmes: celui des parents qui font la manche avec des enfants, et celui de la protection de la jeunesse», explique aujourd’hui Marc Vuilleumier.
La police est donc allée à la rencontre de ces mères, pour leur expliquer qu’une telle pratique n’était plus souhaitée dans les rues lausannoises. Et cela a porté ses fruits. «Quand les agents s’adressent directement à ces gens, c’est visiblement très efficace. Et ces personnes se parlent entre elles également. Je constate que l’information est passée», remarque le municipal de Police.
Le rapport sur la mendicité est imminent
Où ces femmes se sont-elles rendues? On le saura peut-être tout prochainement. Marc Vuilleumier a en effet demandé à ses troupes un rapport sur la mendicité. Le municipal veut notamment savoir où ces gens dorment, s’ils sont poussés à mendier à cause de leur situation précaire ou s’ils sont posés aux coins des rues par un réseau qui les exploite. «J’attends ce rapport de façon imminente.»
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